En immersion avec les Trophées du sport


Simoné Forges Davanzati, organisateur des trophées du sport, assure que le concours est " effectivement difficile puisqu'il faut, au final, comparer l'incomparable."
Tahiti, le 23 janvier 2024 – Événement incontournable du calendrier sportif local, les trophées du sport décorent chaque année les athlètes, hommes et femmes, qui ont marqué de leur empreinte leur discipline lors de la saison passée. Et à l'approche de la grande soirée de gala, qui se déroulera le 20 février prochain, Tahiti Infos s'est entretenu avec son organisateur, Simoné Forges Danvanzati, afin d'en apprendre un peu plus sur le concours et son organisation.
 
10 ans maintenant que les trophées du sport existent, comment est-ce que ce projet est il né ?
 
“Les Trophées du sport sont nés à l'époque où j'étais journaliste. En ce temps, je cherchais à combler les mois creux de décembre et janvier dans l'actualité sportive, en faisant du coup des portraits des athlètes, qui aboutissaient finalement à une remise des prix. Un événement relativement simple au départ mais qui, au fil des années, c'est développé assez prodigieusement. Au point où aujourd'hui, il s'agit d'un véritable réseau entre les athlètes, les partenaires, etc. Et beaucoup d'entre eux nous suivent depuis le début de l'aventure. Nous les remercions.”
 
L'ADN des Trophées du sport, ça serait quoi ?
 
“Dès le début de l'aventure, il a tout de suite été question de mettre en avant les sportifs qui osaient s'exporter à l'international dans le but d'atteindre la professionnalisation. Grâce notamment au programme 'ambassadeurs' de la compagnie Air Tahiti Nui, nous avons pu constater une hausse évidente du nombre d'athlètes locaux désireux de se confronter au niveau international. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard que ATN soit proche des Trophées du sport depuis sa création. C'est une vision que nous soutenons et partageons fièrement. Toutefois, nous ne nous arrêtons pas là puisque l'ensemble des sportifs locaux sont éligibles aux Trophées du sport. Pour nous, les champions locaux sont des influenceurs positifs de notre société et ils méritent d'être mis à l'honneur. Les Trophées du sport sont là pour ça. D'ailleurs, le concours espère aussi avoir une utilité sociétale en influençant tout un chacun à pratiquer un sport, afin de se protéger des vices de notre société d'une part, mais aussi des maladies chroniques graves qui touchent les Polynésiens de plein fouet, tel que le diabète, l'hypertensions etc. C'est la raison pour laquelle notre slogan c'est ‘Le sport, ma seule addiction’ !”
 
Comment est-ce que l'on fait pour sélectionner et départager ces athlètes issus de disciplines complètement différentes ?
 
“C'est effectivement un exercice difficile puisqu'il faut, au final, comparer l'incomparable. Comment juger un surfeur par rapport à un joueur de rugby ? Ou encore, comment départager une boxeuse d'une joueuse de badminton ? Pour y répondre, nous avons mis en place des critères bien précis. Dans un premier lieu, les athlètes sont sélectionnés selon le niveau et la qualité de leurs performances durant l'année précédente et par ordre de priorité : international, régional (Océanie, Outre-mer…) puis local. Ensuite, on évalue le degré de concurrence au sein de la discipline et la catégorie (professionnel ou amateur, sénior ou vétéran, etc.). En deuxième lieu, nous insistons sur l'attitude du sportif, sa tendance à la professionnalisation, son mode de vie, sa propension à être un ambassadeur des valeurs positives du sport et de la Polynésie française. Et enfin, en dernier lieu, si possible, le jury doit faire une place pour les sports spécialement pratiqués en Polynésie en tenant compte d'un certain équilibre dans la sélection lorsqu'il y a des ballotages.”
 
L'événement a souvent fait l'objet de critiques quant aux sélections répétées de certains athlètes, comment est-ce que l'organisation gère ce problème – disons-le franchement – avéré ?
 
“C'est effectivement une réalité auquel l'organisation doit faire face. Le paysage sportif local étant ce qu'il est, il semble difficile de gérer la chose autrement : Les Polynésiens se faisant remarquer à l'international dans certains sports plutôt que d'autres, la différence du nombre de licenciés entre les fédérations, la domination de certains athlètes dans certaines disciplines… il y a beaucoup de facteurs qui expliquent cela. En revanche, l'organisation s'évertue chaque année à proposer une sélection d'athlètes représentative de l'année en question. Et afin d'éviter les sélections répétées, le jury est tenu d'éviter la nomination d'un athlète deux années de suite. De plus, pour qu'un athlète soit éligible de nouveau à l'avenir, il devra avoir réalisé une meilleure saison que lors de sa précédente sélection. Au fil des années, nous avons d'ailleurs créé des catégories 'surfeur de l'année' et 'rameur de l'année' afin de libérer un peu de place dans l'élection de l'athlète de l'année, homme ou femme.”
 
En parlant du jury, qui juge ce concours ?
 
“C'est une des particularités du concours, le jury est composé uniquement de journalistes sportifs. Il faut savoir qu'au début des Trophées du sport, de la première à la sixième édition, le jury était composé de journalistes mais également de sponsors qui, hélas, n'avaient pas forcément suivi l'actualité sport. Donc depuis la 7e édition, nous avons mis en place un jury essentiellement composé de journalistes sportifs. Un choix qui a très vite fait ses preuves puisque nous avons très vite eu une montée qualitative au niveau du choix des candidats ainsi que dans l'attribution des prix. La neutralité faisant partie de la déontologie du journaliste, les discussions sont plus constructives et légitimes à bien des égards. D'autant que ces personnes savent de quoi elles parlent, pour avoir suivi attentivement les athlètes et leur évolution.”
 
 
L'événement célèbre sa 10e édition. Y a-t-il des nouveautés attendues pour cette année ?
 
“Cette année, nous sommes fiers d'avoir réussi à maintenir le prix de la DPDJ malgré le changement du gouvernement, et d'avoir pu également créer deux autres prix suggérés par la ministre des Sports, Nahema Temarii, elle-même. Donc cette année, en plus des prix habituels, nous aurons les prix 'Jeunesse' et 'Bénévole'. Ce qui est absolument génial puisque cela ancre un peu plus l'événement dans la réalité polynésienne. Cela a toujours été notre but, puisque dans cette même optique nous avons créé les années précédentes les prix 'Arbitre de l'année' et 'Événement de l'année'. Notre objectif est que l'ensemble du paysage sportif soit représenté.”

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 23 Janvier 2024 à 16:52 | Lu 1395 fois