En immersion à l’Ifremer de Vairao


Un rori géniteur présenté par Perehaina Itaia, plongeur chez Tahiti Marine Products (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 7 juin 2024 – Pour fêter les 40 ans de l’Ifremer et la Journée mondiale de l’océan, le centre du Pacifique ouvre ses portes au public, ce week-end. L’occasion pour les scientifiques et les techniciens de présenter leurs objets d’études au grand public, qui est au rendez-vous.
 
L’Ifremer de Vairao était en fête, vendredi matin, à l’occasion du coup d’envoi de deux journées portes-ouvertes, jusqu’à samedi. La barrière de sécurité était levée, et c’est au rythme d’un orchestre local que les familles et les scolaires ont profité des stands installés dans la cour de l’institut.
 
“La visite se fait en extérieur, mais nous ouvrons aussi un laboratoire, la plate-forme technologique de biologie moléculaire. Au fil du parcours, les gens découvrent les espèces qu’on étudie, les anciennes, comme le paraha peue et l’huître perlière, mais aussi les nouvelles, comme l’huître de roche ou les oursins en aquaculture de restauration. Le but de cette visite, c’est aussi de prendre conscience de l’importance de préserver l’environnement, donc on finit par un atelier participatif avec des vœux pour l’océan de demain”, indique Manuia Bernadino, en charge de la communication. Le parcours est volontairement ludique, avec des jeux et des lots à gagner, ainsi qu’un espace photo sous-marin conçu par l’équipe.
 

Sur le stand de Matangi Moeroa, zootechnicien à la DRM.

Des ateliers ludiques et concrets


Une soixantaine d’agents du site étaient mobilisés, épaulés par les éco-délégués du collège de Taravao, représentants de l’association Tama no te tairoto, connue pour ses observations des pontes de coraux. La Direction des Ressources marines (DRM) était représentée par plusieurs techniciens, dont Matangi Moeroa. “On a des posters qui rappellent les différents programmes développés, avec des résultats et des avancées, et on présente aussi en aquarium et au microscope les animaux et les végétaux sur lesquels on travaille, pour que ce soit le plus concret possible”, explique-t-il, en prenant soin d’adapter son discours aux enfants.
 
Les partenaires privés étaient aussi conviés à présenter leurs projets, comme Tahiti Marine Products. “On montre nos avancées autour de l’holothurie, qui n’est pas très connue dans le monde, sans techniques d’élevage précises. Tout son cycle de vie est présenté avec des spécimens en bassin, des juvéniles de quelques mois jusqu’aux géniteurs de plusieurs dizaines d’années”, confie Hitiarii Holozet, technicien spécialisé en écloserie.
 
L’océan est aussi source de créativité. Les élèves de l’atelier Nanihi du collège de Taravao étaient à l’œuvre sur le mur d’un bâtiment avec leur professeure d’arts plastiques, Hina Mermet, également artiste-peintre. “On nous a proposé un thème de récif corallien. Un élève talentueux, Tuteani Avaeoru, a fait le dessin qui nous sert de base. Nous y travaillons depuis plusieurs semaines. C’est un grand honneur et une fierté pour les élèves de laisser leur empreinte !”
 

Le récif corallien vu par les élèves de l’atelier Nanihi du collège de Taravao.

Une exposition permanente


Pour imprimer durablement cet élan de partage, une exposition permanente, sous forme de triptyques et de panneaux, a été inaugurée par le secrétaire général du haut-commissaire, Xavier Marotel, et le ministre des Ressources marines, en charge de la recherche, Taivini Teai. “On reçoit beaucoup de visiteurs : des scolaires, des professionnels, des groupes institutionnels, etc. On a décidé de dédier un espace dans nos jardins pour présenter l’ensemble des activités de l’Ifremer, dont la flotte océanographique française et les grands fonds marins, avec un focus sur la Polynésie”, conclut le directeur du centre du Pacifique, Philippe Moal. 
 

Reiana et Tetauhere, visiteurs : “C’est très intéressant”

“On est venues pour faire profiter la petite de 8 ans, qui a adoré les rori ! C’est la première fois qu’on a l’occasion de visiter l’Ifremer et de découvrir tout ce qu’il s’y fait. C’est très agréable et intéressant : on apprend plein de choses.”

Kehaulani Feral, stagiaire : “Je travaille autour de l’ADN”

“Je suis étudiante en Master 2 Biotechnologie-biochimie à La Rochelle et j’effectue mon stage de fin d’année de six mois au centre du Pacifique de l’Ifremer. Je travaille principalement sur les concombres de mer pour accompagner un élevage en vue d’une commercialisation. Mon but, c’est de pouvoir identifier leurs ressources alimentaires, car on dispose de peu de recherches sur le sujet. Je travaille autour de l’ADN prélevé dans l’eau et les sédiments des cages des rori. On fonctionne beaucoup sous forme d’hypothèses avec des tests et plusieurs approches.”

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Vendredi 7 Juin 2024 à 17:19 | Lu 1753 fois