En colère, les policiers sortent dans la rue


Les policiers ont exprimé leur ras-le-bol devant le siège de la DSP.
Papeete, le 2 octobre 2019 - A l'instar de leurs collègues métropolitains, les policiers polynésiens ont répondu présent à l'appel de l'Intersyndicale nationale pour une "Marche de la colère" hier midi avenue Pouvanaa a Oopa. Ils sont descendus dans la rue pour défendre leur régime spécial de retraite et dénoncer leurs conditions de travail.

Faute de droit de grève, les policiers se sont réunis hier pendant leur pause-déjeuner devant le siège de la Direction de la sécurité publique (DSP). Gardiens de la paix, secrétaires, personnel administratif, officiers… ils étaient une bonne quarantaine dès midi, avenue Pouvanaa a Oopa. Tous avaient répondu présent à la demande de l'Intersyndicale qui appelait au grand rassemblement national de la profession. A Paris, 27 000 policiers ont défilé. A l'instar de leurs collègues métropolitains, les policiers polynésiens se sont mobilisés pour défendre leur régime spécial de retraite et leurs conditions de travail, qui se détériorent selon eux.

"C'est vraiment un grand ras-le-bol que l'on souhaite exprimer, on n'en peut plus et maintenant, le gouvernement veut s'en prendre à notre système spécial de retraite", s'indigne un officier de police.

Fonctionnaires d'Etat, les policiers exerçant sur le sol polynésien dépendent du système métropolitain du régime spécial des retraites. Système actuellement en cours de modification dans le cadre de la grande réforme des retraites qui a lieu au niveau national.

"VOIR DES POLICIERS DE 65 ANS ESSAYER DE COURIR DERRIERE LES VOLEURS"

"On risque de perdre notre régime spécial des retraites et d'être aligné sur le régime général. Alors vous risquez de voir des policiers de 65 ans essayer de courir après les voleurs dans la rue, après avoir travaillé en cycle de nuit…. On trouve que c'est inadmissible (…). Le régime spécifique, en tant que fonctionnaire actif de la Police nationale prévoit une bonification de quatre ans de cotisation pour la retraite. De plus, le fait d'exercer outre-mer, hors Europe, donne droit à une bonification tous les trois ans, d'une année cotisée. Tous ces avantages seraient perdus si le système par points des retraites était mis en place", déplore le secrétaire territorial du syndical policier Alliance, le brigadier-chef Michaël Bottreau.
Autre point de mécontentement qui réunissait les policiers devant la DSP ce mercredi midi, les conditions de travail qui se détériorent. Si la situation n'est pas tout à fait comparable à celle de la métropole où 52 suicides ont eu lieu depuis le mois de janvier dans les rangs de la Police nationale, les policiers locaux voient néanmoins leurs conditions de travail au quotidien se dégrader. "On est clairement solidaires de nos collègues métropolitains. C'est clair qu'ici, la population respecte davantage les forces de l'ordre, et qu'il n'y a pas la tension des attentats et la crise des gilets jaunes, mais cela se dégrade tout de même", regrette l'officier de police.
Face à l'explosion des trafics d'ice ou des infractions financières, les policiers demandent à ce que les moyens humains augmentent au même rythme.

En parallèle, les policiers souhaitent que les peines prévues pour les délits soient enfin exécutées. "On se rend compte que la réponse pénale n'est pas du tout proportionnelle à la gravité des faits qui sont commis. Il faut être multi, multi, multi récidiviste pour risquer une peine de prison", regrette Michaël Bottreau.

Rédigé par Pauline Stasi le Mercredi 2 Octobre 2019 à 16:52 | Lu 3906 fois