En Polynésie, le FRPH rattrape le fonds Macron


Tahiti, le 21 avril 2022 – Le gouvernement estime à "7 milliards de Fcfp" la dépense générée au niveau du Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (FRPH) pour maintenir le prix de l'essence à son très bas niveau actuel, soit autant que le fonds Macron pour la transition énergétique de la Polynésie française… Le gouvernement assume et dit vouloir "accompagner le pouvoir d'achat des Polynésiens" au moins jusqu'en juin prochain.
 
C'est une des mesures du plan de sauvegarde du pouvoir d'achat, le gouvernement a annoncé depuis le mois de février dernier qu'il entendait maintenir les prix à la pompe à leur niveau actuel et au moins jusqu'en juin 2022. Soit 146 Fcfp/l pour le sans plomb et 148 Fcfp/l pour le gazole. Pour se donner une idée de l'effort consenti, le prix de l'essence en métropole était cette semaine de 221 Fcfp/l pour le sans plomb et 226 Fcfp/l pour le gazole, soit une essence plus de 50% plus chère qu'au fenua.
 
Cet effort a un coût, matérialisé cette semaine par un collectif budgétaire destiné à augmenter de 3 milliards de Fcfp le budget 2022 du Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (FRPH) pourtant voté seulement en décembre dernier. Soit un total de 5 milliards de Fcfp pour le budget du FRPH, même si le ministre de l'Économie et des Finances annonce déjà depuis plusieurs jours que le total des dépenses générées par le Pays sur le FRPH fin 2022 atteindra 7 milliards de Fcfp. Or, c'est un paradoxe repris par plusieurs acteurs du tissu économique local ces derniers temps, le niveau de la prise en charge du FRPH par le Pays pour maintenir les prix des hydrocarbures au plus bas avoisine aujourd'hui exactement celui du fonds Macron pour la transition énergétique de la Polynésie française : 7 milliards de Fcfp.
 
"Pouvoir d'achat"
 
"Oui, mais nous nous sommes donné quand même une échéance. On s'est donné jusqu'au mois de juin pour voir l'évolution de la situation", tempérait mercredi le vice-président, Jean-Christophe Bouissou, interrogé sur ce rapport paradoxal entre une dépense en faveur d'une énergie non renouvelable et une recette destinée justement à la transition énergétique. "Ce n'est pas le choix entre l'un ou l'autre, entre des énergies renouvelables contre des énergies fossiles. Pour l'instant, il y a une 'transition', puisque c'est le terme : 'transition énergétique', avec l'accompagnement pour nous du pouvoir d'achat des Polynésiens et des entreprises qui ont besoin d'avoir un contrôle sur le dérapage éventuel de leurs charges d'exploitation", assume le vice-président du Pays, qui concédait tout de même que la situation était assez étouffante pour les finances publiques : "On ne va pas se le cacher, on fait un peu d'apnée pour voir ensuite quelle sera la situation au mois de juin."
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 21 Avril 2022 à 18:56 | Lu 2083 fois