CORALIE COCHIN / AFP
Nouméa, France | AFP | lundi 06/02/2023 - Avec ses cellules insalubres et surpeuplées, dans une chaleur étouffante, le centre pénitentiaire de Nouméa accueille des prisonniers dans des conditions jugées indignes par le contrôleur des lieux de privation de liberté, sans qu'aucune solution ne se dessine à court terme.
Avec ses toits de tuiles orangées et ses murs en pierre épaisse, le centre pénitentiaire de Nouméa, ressemble aux autres bâtiments de la presqu'île de Nouville, qui accueillent aujourd'hui un théâtre, un musée ou l'hôpital psychiatrique tout proche.
Mais la comparaison entre ces édifices construits à l'époque du bagne de Nouvelle-Calédonie, à la fin du XIXe siècle, s'arrête là. Derrière ses hauts murs d'enceinte, le Camp-Est, comme l'appellent les habitants de l'archipel, abrite des cellules insalubres et surpeuplées, pointées du doigt par deux fois par le contrôleur général des lieux de privation de liberté.
Deux tiers des cellules sont des conteneurs maritimes aménagés, installés en 2013 pour faire face à la surpopulation et qui devaient être provisoires. Dix ans plus tard, le provisoire est toujours là et le centre pénitentiaire est toujours surpeuplé. Les détenus s'entassent à trois ou quatre dans des cellules dont la superficie est comprise entre 9 et 12,6 mètres carrés et qui sont conçues pour héberger deux personnes.
Doté de 410 places, le Camp-Est hébergeait au 1er février 610 détenus, soit un taux d'occupation de 150%.
La chaleur y est étouffante et la promiscuité permanente: la grande majorité des détenus y vit en régime de "porte fermée", et passe donc 22 heures sur 24 cloîtrée à plusieurs dans ces minuscules pièces où les matelas de ceux qui dorment à même le sol empêchent toute circulation de l'air.
Un centre pénitentiaire que le député Renaissance Nicolas Metzdorf, qui a pu visiter l'établissement accompagné de la presse début février, aimerait voir fermer. "Cette prison est trop petite et les conditions de détention ne permettent pas une réinsertion des détenus", estime-t-il. "Une fois que vous passez en cellule au Camp-Est, vous ressortez et vous êtes encore plus perdus qu'auparavant".
"Monde de misère"
Les conditions de vie y sont "indignes, inhumaines", lance un détenu à travers l'œilleton, qui lui offre pour seule perspective un couloir cimenté. "On ne peut pas dormir, à cause de la chaleur, des cafards, des rats et des moustiques", ajoute-t-il.
"Le site ne correspond pas à une gestion moderne de la population pénale", relève le directeur de l'établissement, Philippe Peyron, qui aimerait voir la société calédonienne s'intéresser un peu plus à ce "monde de misère, de souffrance et d'exclusion".
Inspecté en 2011 et 2019 par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), le Camp-Est a, à chaque fois, fait l'objet d'une procédure de recommandations en urgence censée mettre un terme à des conditions de détention jugées inacceptables. En 2020, c'est le Conseil d'État, saisi par l'Observatoire international des prisons (OIP), qui sommait l'État de réaliser des travaux.
Depuis, le quartier des mineurs a été refait, des douches ont été ajoutées, mais les problèmes d'évacuation des eaux usées perdurent tandis que la réfection des cellules reste un vœu pieu faute de place où mettre les détenus pendant les travaux.
Si le nombre de suicides est stable (un en 2022 comme en 2021), la part des détenus présentant des troubles psychiatriques serait de plus en plus importante, selon la direction. A l'infirmerie, où chaque jour sont préparées des centaines de prescriptions, les infirmières le confirment, les neuroleptiques sont consommés en masse.
"Ils sont nourris aux barbituriques", lance le bâtonnier de l'ordre des avocats de Nouméa, Frédéric de Greslan, ajoutant "5 mètres carrés, c'est la surface minimum obligatoire pour un chien dans un chenil, on en est loin. C'est effrayant". Avec ses confrères, il doit déposer un référé-liberté au nom du conseil de l'ordre.
Comme le député Nicolas Metzdorf, l'avocat estime que seule la construction d'un nouveau centre pénitentiaire permettra d'offrir des conditions correctes de détention. Car si un deuxième établissement doit ouvrir ses portes dans le nord du territoire, ce centre de détention n'accueillera qu'une centaine de détenus, tous condamnés. Insuffisant pour mettre fin à la surpopulation carcérale.
Avec ses toits de tuiles orangées et ses murs en pierre épaisse, le centre pénitentiaire de Nouméa, ressemble aux autres bâtiments de la presqu'île de Nouville, qui accueillent aujourd'hui un théâtre, un musée ou l'hôpital psychiatrique tout proche.
Mais la comparaison entre ces édifices construits à l'époque du bagne de Nouvelle-Calédonie, à la fin du XIXe siècle, s'arrête là. Derrière ses hauts murs d'enceinte, le Camp-Est, comme l'appellent les habitants de l'archipel, abrite des cellules insalubres et surpeuplées, pointées du doigt par deux fois par le contrôleur général des lieux de privation de liberté.
Deux tiers des cellules sont des conteneurs maritimes aménagés, installés en 2013 pour faire face à la surpopulation et qui devaient être provisoires. Dix ans plus tard, le provisoire est toujours là et le centre pénitentiaire est toujours surpeuplé. Les détenus s'entassent à trois ou quatre dans des cellules dont la superficie est comprise entre 9 et 12,6 mètres carrés et qui sont conçues pour héberger deux personnes.
Doté de 410 places, le Camp-Est hébergeait au 1er février 610 détenus, soit un taux d'occupation de 150%.
La chaleur y est étouffante et la promiscuité permanente: la grande majorité des détenus y vit en régime de "porte fermée", et passe donc 22 heures sur 24 cloîtrée à plusieurs dans ces minuscules pièces où les matelas de ceux qui dorment à même le sol empêchent toute circulation de l'air.
Un centre pénitentiaire que le député Renaissance Nicolas Metzdorf, qui a pu visiter l'établissement accompagné de la presse début février, aimerait voir fermer. "Cette prison est trop petite et les conditions de détention ne permettent pas une réinsertion des détenus", estime-t-il. "Une fois que vous passez en cellule au Camp-Est, vous ressortez et vous êtes encore plus perdus qu'auparavant".
"Monde de misère"
Les conditions de vie y sont "indignes, inhumaines", lance un détenu à travers l'œilleton, qui lui offre pour seule perspective un couloir cimenté. "On ne peut pas dormir, à cause de la chaleur, des cafards, des rats et des moustiques", ajoute-t-il.
"Le site ne correspond pas à une gestion moderne de la population pénale", relève le directeur de l'établissement, Philippe Peyron, qui aimerait voir la société calédonienne s'intéresser un peu plus à ce "monde de misère, de souffrance et d'exclusion".
Inspecté en 2011 et 2019 par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), le Camp-Est a, à chaque fois, fait l'objet d'une procédure de recommandations en urgence censée mettre un terme à des conditions de détention jugées inacceptables. En 2020, c'est le Conseil d'État, saisi par l'Observatoire international des prisons (OIP), qui sommait l'État de réaliser des travaux.
Depuis, le quartier des mineurs a été refait, des douches ont été ajoutées, mais les problèmes d'évacuation des eaux usées perdurent tandis que la réfection des cellules reste un vœu pieu faute de place où mettre les détenus pendant les travaux.
Si le nombre de suicides est stable (un en 2022 comme en 2021), la part des détenus présentant des troubles psychiatriques serait de plus en plus importante, selon la direction. A l'infirmerie, où chaque jour sont préparées des centaines de prescriptions, les infirmières le confirment, les neuroleptiques sont consommés en masse.
"Ils sont nourris aux barbituriques", lance le bâtonnier de l'ordre des avocats de Nouméa, Frédéric de Greslan, ajoutant "5 mètres carrés, c'est la surface minimum obligatoire pour un chien dans un chenil, on en est loin. C'est effrayant". Avec ses confrères, il doit déposer un référé-liberté au nom du conseil de l'ordre.
Comme le député Nicolas Metzdorf, l'avocat estime que seule la construction d'un nouveau centre pénitentiaire permettra d'offrir des conditions correctes de détention. Car si un deuxième établissement doit ouvrir ses portes dans le nord du territoire, ce centre de détention n'accueillera qu'une centaine de détenus, tous condamnés. Insuffisant pour mettre fin à la surpopulation carcérale.