Nouméa, France | AFP | mercredi 14/08/2024 - Les violences qui touchent la Nouvelle-Calédonie depuis le 13 mai ont provoqué une importante vague de départs. Encore difficile à quantifier, le phénomène inquiète en raison de ses lourdes conséquences potentielles, notamment sur le système de santé.
"Aujourd’hui, ça fait rêver qui de vivre en Calédonie?", s'interroge Annaëlle. Cette Bretonne de 36 ans, installée dans l'archipel du Pacifique sud depuis plus de sept ans, a vu son cabinet d'orthophonie brûler aux premiers jours des émeutes.
Avec son conjoint, elle a pris la décision de quitter le Caillou à la fin septembre pour retourner dans l'Hexagone.
"Soit nous faisions le choix de la confiance en restant, soit nous prenions un virage", explique-t-elle à l'AFP, parlant d'"une décision extrêmement difficile". "Nous avons de la famille ici, des amis... C'est un vrai déchirement, comme un deuil", confie-t-elle.
C'est finalement le discours de la présidente loyaliste de la province Sud Sonia Backès appelant à une partition de la Nouvelle-Calédonie, le 14 juillet, qui aura fini de les convaincre. "J'ai fait un +burn-out de la Calédonie+ en l'écoutant. C'est encore plus difficile pour nous de trouver notre place quand on voit la radicalisation des positions."
Mariée à un Calédonien et mère de deux enfants, Sarah, cadre dans une société, envisage elle aussi le départ. "Ici, nous n'avons pas d'avenir", lâche cette quadragénaire qui a passé toute sa vie sur le Caillou et n'avait jamais envisagé de le quitter.
La maison d'un membre de sa famille partie en fumée et les perspectives plutôt sombres pour son mari travaillant dans le nickel, aujourd'hui au chômage partiel, lui donnent peu d'espoir.
"Je ne suis pas née ici, mais je me sens chez moi. C'est très dur de se faire à l'idée. Après, nous sommes rattrapés par la réalité financière. Notre maison est située dans un quartier qui a beaucoup souffert et elle ne vaut aujourd'hui plus grand chose", témoigne-t-elle.
- Effondrement de l'économie -
"Il y a eu une première vague de départs motivés par la peur, mais on en anticipe une deuxième, davantage liée à l'effondrement de l'économie et aux incertitudes politiques et économiques", analyse Jean-Damien Ponroy, représentant de la Fédération des agences immobilières du territoire de Nouvelle-Calédonie.
Selon les chiffres du secteur, 25 à 30 compromis de vente par mois sont signés pour une moyenne habituelle de 250 à 280 et près de 70% des compromis déjà passés sont annulés. Idem pour le marché locatif, ce qui met en péril la profession qui compte 500 emplois.
David Guyenne, le président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) locale, s'inquiète pour l'image et l'attractivité futures du territoire.
Le risque, selon lui, est de voir partir de nombreuses compétences qui avaient permis une certaine diversification du tissu économique. A cela, il faut ajouter la perte de contributions au système de protection sociale ou aux recettes fiscales alors que la Calédonie était déjà exsangue financièrement.
La CCI a avancé une première estimation de 6.000 départs (pour 271.000 habitants) depuis le début de l'année, avec une explosion depuis le 13 mai. Elle anticipe surtout une hausse de 300% par rapport aux années précédentes.
Des chiffres sur lesquels elle reste encore prudente, mais qui dessinent une tendance lourde et se matérialisent par le surcroît d'activité des sociétés de déménagement.
- Secteur médical à la peine -
Autre exemple dans le recrutement médical, qui tourne presque exclusivement avec des soignants venus de métropole. De nombreux dispensaires ont dû réduire leur offre de services, voire tout simplement fermer.
Le principal hôpital du territoire, à Nouméa, connaît également d'importantes difficultés. A la fin de l'année, selon les chiffres donnés par le président de sa Commission médicale à la presse locale, il devrait manquer près de 35 médecins sur les 250 que compte normalement l'établissement.
Le prochain recensement, initialement prévu en 2024 et décalé à 2025, donnera des chiffres précis sur l'ampleur de ces départs.
Mais le phénomène n'est pas nouveau: il avait commencé dès 2014. Une analyse de l'Institut de la statistique et des études économiques (Isee) montrait déjà un solde migratoire déficitaire de 10.300 personnes entre 2014 et 2019, une première depuis 40 ans.
"La situation est très préoccupante", juge le président de la CCI, appelant à mettre "tout le monde autour de la table, y compris la société civile et la jeunesse, pour arriver à un accord (politique) et donner de la visibilité sur le long terme" à la Nouvelle-Calédonie.
"Aujourd’hui, ça fait rêver qui de vivre en Calédonie?", s'interroge Annaëlle. Cette Bretonne de 36 ans, installée dans l'archipel du Pacifique sud depuis plus de sept ans, a vu son cabinet d'orthophonie brûler aux premiers jours des émeutes.
Avec son conjoint, elle a pris la décision de quitter le Caillou à la fin septembre pour retourner dans l'Hexagone.
"Soit nous faisions le choix de la confiance en restant, soit nous prenions un virage", explique-t-elle à l'AFP, parlant d'"une décision extrêmement difficile". "Nous avons de la famille ici, des amis... C'est un vrai déchirement, comme un deuil", confie-t-elle.
C'est finalement le discours de la présidente loyaliste de la province Sud Sonia Backès appelant à une partition de la Nouvelle-Calédonie, le 14 juillet, qui aura fini de les convaincre. "J'ai fait un +burn-out de la Calédonie+ en l'écoutant. C'est encore plus difficile pour nous de trouver notre place quand on voit la radicalisation des positions."
Mariée à un Calédonien et mère de deux enfants, Sarah, cadre dans une société, envisage elle aussi le départ. "Ici, nous n'avons pas d'avenir", lâche cette quadragénaire qui a passé toute sa vie sur le Caillou et n'avait jamais envisagé de le quitter.
La maison d'un membre de sa famille partie en fumée et les perspectives plutôt sombres pour son mari travaillant dans le nickel, aujourd'hui au chômage partiel, lui donnent peu d'espoir.
"Je ne suis pas née ici, mais je me sens chez moi. C'est très dur de se faire à l'idée. Après, nous sommes rattrapés par la réalité financière. Notre maison est située dans un quartier qui a beaucoup souffert et elle ne vaut aujourd'hui plus grand chose", témoigne-t-elle.
- Effondrement de l'économie -
"Il y a eu une première vague de départs motivés par la peur, mais on en anticipe une deuxième, davantage liée à l'effondrement de l'économie et aux incertitudes politiques et économiques", analyse Jean-Damien Ponroy, représentant de la Fédération des agences immobilières du territoire de Nouvelle-Calédonie.
Selon les chiffres du secteur, 25 à 30 compromis de vente par mois sont signés pour une moyenne habituelle de 250 à 280 et près de 70% des compromis déjà passés sont annulés. Idem pour le marché locatif, ce qui met en péril la profession qui compte 500 emplois.
David Guyenne, le président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) locale, s'inquiète pour l'image et l'attractivité futures du territoire.
Le risque, selon lui, est de voir partir de nombreuses compétences qui avaient permis une certaine diversification du tissu économique. A cela, il faut ajouter la perte de contributions au système de protection sociale ou aux recettes fiscales alors que la Calédonie était déjà exsangue financièrement.
La CCI a avancé une première estimation de 6.000 départs (pour 271.000 habitants) depuis le début de l'année, avec une explosion depuis le 13 mai. Elle anticipe surtout une hausse de 300% par rapport aux années précédentes.
Des chiffres sur lesquels elle reste encore prudente, mais qui dessinent une tendance lourde et se matérialisent par le surcroît d'activité des sociétés de déménagement.
- Secteur médical à la peine -
Autre exemple dans le recrutement médical, qui tourne presque exclusivement avec des soignants venus de métropole. De nombreux dispensaires ont dû réduire leur offre de services, voire tout simplement fermer.
Le principal hôpital du territoire, à Nouméa, connaît également d'importantes difficultés. A la fin de l'année, selon les chiffres donnés par le président de sa Commission médicale à la presse locale, il devrait manquer près de 35 médecins sur les 250 que compte normalement l'établissement.
Le prochain recensement, initialement prévu en 2024 et décalé à 2025, donnera des chiffres précis sur l'ampleur de ces départs.
Mais le phénomène n'est pas nouveau: il avait commencé dès 2014. Une analyse de l'Institut de la statistique et des études économiques (Isee) montrait déjà un solde migratoire déficitaire de 10.300 personnes entre 2014 et 2019, une première depuis 40 ans.
"La situation est très préoccupante", juge le président de la CCI, appelant à mettre "tout le monde autour de la table, y compris la société civile et la jeunesse, pour arriver à un accord (politique) et donner de la visibilité sur le long terme" à la Nouvelle-Calédonie.