Crédit Delphine Mayeur / AFP
Nouméa, France | AFP | mercredi 09/04/2024 - Après des semaines de discussions, les élus du Congrès calédonien sont toujours divisés sur le "pacte Nickel" censé sauver ce secteur en crise. Malgré l'urgence de la situation, ses opposants dénoncent des exigences financières trop importantes pour la Nouvelle-Calédonie, et la signature du texte s'éloigne.
Ce devait être une formalité, ou presque. Le président du gouvernement, l'indépendantiste Louis Mapou, souhaitait être habilité par les élus du Congrès - l'assemblée délibérante - à signer le "pacte nickel" que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire voulait voir conclu avant fin mars.
A la clé: des subventions de l'Etat au prix de l'énergie à hauteur de 200 millions d'euros par an et d'autres aides pour moderniser et décarboner la production électrique calédonienne.
Mais à deux reprises, les élus du Congrès ont refusé d'habiliter Louis Mapou à signer le texte et une troisième réunion de la commission plénière de l'assemblée, mardi, n'a pas permis de faire bouger les lignes.
Pour trouver un consensus, les élus indépendantistes ont demandé la création d'une "commission spéciale chargée d'identifier et de proposer des solutions pour surmonter les défis actuels de la filière nickel".
Lors d'un point presse en mars, Bruno Le Maire avait exhorté les élus calédoniens à "signer le texte tel qu'il est" avant la fin du mois, estimant que ce plan permettrait de "réinventer la filière du nickel en Nouvelle-Calédonie".
Mardi, les élus des deux seuls groupes favorables au texte, les Loyalistes et le Rassemblement (non-indépendantistes), ont dénoncé le retard pris par la signature du pacte, estimant que ces atermoiements conduisaient le territoire "au bord du gouffre".
Le texte divise également le camp indépendantiste. Des manifestations contre la signature du pacte ont été organisées mardi à La Foa (centre), dans le fief indépendantiste de Saint-Louis en banlieue de Nouméa, et sur l'île des Pins.
Des banderoles appelaient à la démission du président Louis Mapou, qui s'est prononcé à plusieurs reprises pour la signature du pacte.
"Alourdir la facture"
Il y a urgence: impactées par la crise mondiale du nickel et plombées par un prix de l'énergie élevé, les trois usines métallurgiques du territoire enregistrent des pertes record.
Mais à l'exception des Loyalistes et du Rassemblement-LR, aucun des groupes politiques du congrès ne veut de ce pacte jugé "largement perfectible" jusque par le président Louis Mapou.
Le point d'achoppement principal est la contribution attendue de la Nouvelle-Calédonie, à hauteur de 66,7 millions d'euros. Or, le territoire est déjà dans une situation financière extrêmement précaire, avec un taux d'endettement de 170% et un déficit des comptes sociaux qui se creuse de 83 millions d'euros par an.
La Nouvelle-Calédonie s'est en outre engagée à créer 250 millions d'euros d'impôts nouveaux en échange des prêts d'urgence contractés pendant la crise liée au Covid-19.
"Les 66,7 millions d'euros du pacte nickel seraient financés par la taxe générale à la consommation, ce qui va encore alourdir la facture", dénonce Philippe Michel, président de Calédonie ensemble (non-indépendantiste).
Selon les calculs de ce groupe politique, 166,8 millions d'euros de recettes fiscales sont déjà abandonnés chaque année au profit des usines métallurgiques via des exonérations d'impôts ou des tarifs douaniers préférentiels.
Autre reproche: le pacte "ne contient aucun engagement fort des industriels", estime Philippe Michel, et rien ne garantit la pérennité des usines malgré sa signature.
Dans le nord de l'archipel, KNS a été mise temporairement en sommeil, à la suite de l'annonce du départ de Glencore, actionnaire à 49% de l'entreprise, mais qui en assumait seul les pertes. L'entreprise espère trouver un repreneur d'ici au mois d'aôut, faute de quoi les quelque 1.750 salariés seront licenciés.
Prony Resources, dans le sud, cherche aussi un nouveau partenaire, le négociant suisse Trafigura souhaitant se retirer: un prêt de l'État de 140 millions d'euros doit toutefois lui permettre de maintenir son activité jusqu'à mi-2025.
Enfin Eramet, la maison mère de l'opérateur historique, la Société Le Nickel (SLN), a indiqué à plusieurs reprises qu'elle ne financerait plus sa filiale.
Ce devait être une formalité, ou presque. Le président du gouvernement, l'indépendantiste Louis Mapou, souhaitait être habilité par les élus du Congrès - l'assemblée délibérante - à signer le "pacte nickel" que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire voulait voir conclu avant fin mars.
A la clé: des subventions de l'Etat au prix de l'énergie à hauteur de 200 millions d'euros par an et d'autres aides pour moderniser et décarboner la production électrique calédonienne.
Mais à deux reprises, les élus du Congrès ont refusé d'habiliter Louis Mapou à signer le texte et une troisième réunion de la commission plénière de l'assemblée, mardi, n'a pas permis de faire bouger les lignes.
Pour trouver un consensus, les élus indépendantistes ont demandé la création d'une "commission spéciale chargée d'identifier et de proposer des solutions pour surmonter les défis actuels de la filière nickel".
Lors d'un point presse en mars, Bruno Le Maire avait exhorté les élus calédoniens à "signer le texte tel qu'il est" avant la fin du mois, estimant que ce plan permettrait de "réinventer la filière du nickel en Nouvelle-Calédonie".
Mardi, les élus des deux seuls groupes favorables au texte, les Loyalistes et le Rassemblement (non-indépendantistes), ont dénoncé le retard pris par la signature du pacte, estimant que ces atermoiements conduisaient le territoire "au bord du gouffre".
Le texte divise également le camp indépendantiste. Des manifestations contre la signature du pacte ont été organisées mardi à La Foa (centre), dans le fief indépendantiste de Saint-Louis en banlieue de Nouméa, et sur l'île des Pins.
Des banderoles appelaient à la démission du président Louis Mapou, qui s'est prononcé à plusieurs reprises pour la signature du pacte.
"Alourdir la facture"
Il y a urgence: impactées par la crise mondiale du nickel et plombées par un prix de l'énergie élevé, les trois usines métallurgiques du territoire enregistrent des pertes record.
Mais à l'exception des Loyalistes et du Rassemblement-LR, aucun des groupes politiques du congrès ne veut de ce pacte jugé "largement perfectible" jusque par le président Louis Mapou.
Le point d'achoppement principal est la contribution attendue de la Nouvelle-Calédonie, à hauteur de 66,7 millions d'euros. Or, le territoire est déjà dans une situation financière extrêmement précaire, avec un taux d'endettement de 170% et un déficit des comptes sociaux qui se creuse de 83 millions d'euros par an.
La Nouvelle-Calédonie s'est en outre engagée à créer 250 millions d'euros d'impôts nouveaux en échange des prêts d'urgence contractés pendant la crise liée au Covid-19.
"Les 66,7 millions d'euros du pacte nickel seraient financés par la taxe générale à la consommation, ce qui va encore alourdir la facture", dénonce Philippe Michel, président de Calédonie ensemble (non-indépendantiste).
Selon les calculs de ce groupe politique, 166,8 millions d'euros de recettes fiscales sont déjà abandonnés chaque année au profit des usines métallurgiques via des exonérations d'impôts ou des tarifs douaniers préférentiels.
Autre reproche: le pacte "ne contient aucun engagement fort des industriels", estime Philippe Michel, et rien ne garantit la pérennité des usines malgré sa signature.
Dans le nord de l'archipel, KNS a été mise temporairement en sommeil, à la suite de l'annonce du départ de Glencore, actionnaire à 49% de l'entreprise, mais qui en assumait seul les pertes. L'entreprise espère trouver un repreneur d'ici au mois d'aôut, faute de quoi les quelque 1.750 salariés seront licenciés.
Prony Resources, dans le sud, cherche aussi un nouveau partenaire, le négociant suisse Trafigura souhaitant se retirer: un prêt de l'État de 140 millions d'euros doit toutefois lui permettre de maintenir son activité jusqu'à mi-2025.
Enfin Eramet, la maison mère de l'opérateur historique, la Société Le Nickel (SLN), a indiqué à plusieurs reprises qu'elle ne financerait plus sa filiale.