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Saint-Pierre-du-Mont, France | AFP | samedi 03/02/2023 - Consommé en huile, en graines entières, toastées ou décortiquées, le chanvre fait son entrée au menu de la restauration collective en Nouvelle-Aquitaine, où les collectivités poussent à la création d'une filière qui profiterait aux agriculteurs.
Dans la cuisine du collège Lubet-Barbon à Saint-Pierre-du-Mont (Landes), le chanvre s'accommode à toutes les sauces: en vinaigrette, en pesto, dans une poêlée de légumes ou sur des carottes râpées.
"C'est un assaisonnement comme un autre, qui permet de varier les plaisirs", assure Yannick Bordes, chef de ce restaurant scolaire près de Mont-de-Marsan, qui veut "changer la vision de la cantine" en montrant qu'on peut y "manger bon, bio et local".
Cultivée localement sans intrants, la plante répond pleinement au cahier des charges de la loi Egalim, qui fixe aux cantines publiques l'objectif de servir au moins 50% de produits dits durables ou de qualité, dont 20% issus de l'agriculture biologique.
L'apport nutritif de cette "reine des super aliments" est aussi inégalable, de l'avis des diététiciens: riche en acides gras polyinsaturés (oméga 3 et 6), elle apporte autant d'acides aminés que l'œuf, ainsi que des fibres et vitamines.
Cerise sur le gâteau, les collégiens apprécient son goût.
En introduisant sur les tables le "Cannabis sativa", nom latin de la plante, le chef a toutefois dû faire un peu de pédagogie. "Une élève pleurait car elle avait peur de se faire gronder pour avoir avalé de la drogue. On l'a rassurée en expliquant la différence entre le cannabis et le chanvre".
Pour être utilisé dans l'industrie, ce dernier doit avoir une teneur en THC maximale de 0,3% en France, selon un arrêté du 24 janvier : il n'a de ce fait aucun effet psychotrope.
Engouement
La cantine s'approvisionne auprès des Chanvres de l'Atlantique, PME de Saint-Geours-de-Maremme (Landes), bastion du foie gras, qui est un des rares acteurs du chanvre alimentaire en France.
"Il y a un engouement pour sortir de la dépendance à la protéine animale", affirme son fondateur, Vincent Lartizien, ancien surfeur professionnel.
Avec un chiffre d'affaires qui a rapidement progressé à 1,8 million d'euros en trois ans, l'entreprise fournit des magasins bio et, depuis peu, la grande distribution. Elle double chaque année ses capacités de production, avec 500 tonnes de chanvre sur 500 hectares de culture l'an passé.
La région Nouvelle-Aquitaine veut également développer une filière dans un territoire où la petite graine couleur noisette était historiquement cultivée, notamment pour la corderie.
Le chanvre "entre parfaitement dans notre feuille de route dédiée aux transitions énergétiques, écologique et agricole à l'horizon 2030", estime Virginie Thomas, chargée de mission Filière Construction Durable à la Région.
Le bâtiment, qui utilise le chanvre dans la construction d'habitats résilients, sert de "locomotive". "Mais pour que l'agriculteur puisse bénéficier d'une valeur ajoutée, il faut tout transformer, la paille comme la graine, pour cumuler les revenus", explique-t-elle.
"Gagnant-gagnant"
La Région participe au financement d'une association qui forme les agriculteurs, organise des ateliers pédagogiques et promeut la plante auprès des élus.
Environ 700 hectares sont cultivés à l'échelle régionale. "Les agriculteurs sont partants et pourraient faire un millier d'hectares mais il faut leur assurer derrière des débouchés", souligne Stéphanie Sauvée, qui accompagne les porteurs de projets. "La matière brute ne se vend pas bien. On travaille à un maillage d'unités de transformation."
Outre les Landes, d'autres départements (Deux-Sèvres, Charente, Vienne et Gironde) ont lancé des expérimentations.
La communauté urbaine du Grand Poitiers, qui veut améliorer la qualité de son eau potable, ambitionne de cultiver 200 hectares de chanvre d'ici cinq ans, en rotation avec d'autres cultures, pour limiter la présence de pesticides.
"C'est gagnant-gagnant pour les agriculteurs et la collectivité", considère Frédy Poirier, vice-président chargé du dossier. "Soit on construit des nouvelles usines de traitement de l'eau, soit on trouve d'autres axes de travail".
Le Grand Poitiers a déjà mobilisé ses fournisseurs pour mettre du chanvre au menu des écoles et maisons de retraite.
Dans la cuisine du collège Lubet-Barbon à Saint-Pierre-du-Mont (Landes), le chanvre s'accommode à toutes les sauces: en vinaigrette, en pesto, dans une poêlée de légumes ou sur des carottes râpées.
"C'est un assaisonnement comme un autre, qui permet de varier les plaisirs", assure Yannick Bordes, chef de ce restaurant scolaire près de Mont-de-Marsan, qui veut "changer la vision de la cantine" en montrant qu'on peut y "manger bon, bio et local".
Cultivée localement sans intrants, la plante répond pleinement au cahier des charges de la loi Egalim, qui fixe aux cantines publiques l'objectif de servir au moins 50% de produits dits durables ou de qualité, dont 20% issus de l'agriculture biologique.
L'apport nutritif de cette "reine des super aliments" est aussi inégalable, de l'avis des diététiciens: riche en acides gras polyinsaturés (oméga 3 et 6), elle apporte autant d'acides aminés que l'œuf, ainsi que des fibres et vitamines.
Cerise sur le gâteau, les collégiens apprécient son goût.
En introduisant sur les tables le "Cannabis sativa", nom latin de la plante, le chef a toutefois dû faire un peu de pédagogie. "Une élève pleurait car elle avait peur de se faire gronder pour avoir avalé de la drogue. On l'a rassurée en expliquant la différence entre le cannabis et le chanvre".
Pour être utilisé dans l'industrie, ce dernier doit avoir une teneur en THC maximale de 0,3% en France, selon un arrêté du 24 janvier : il n'a de ce fait aucun effet psychotrope.
Engouement
La cantine s'approvisionne auprès des Chanvres de l'Atlantique, PME de Saint-Geours-de-Maremme (Landes), bastion du foie gras, qui est un des rares acteurs du chanvre alimentaire en France.
"Il y a un engouement pour sortir de la dépendance à la protéine animale", affirme son fondateur, Vincent Lartizien, ancien surfeur professionnel.
Avec un chiffre d'affaires qui a rapidement progressé à 1,8 million d'euros en trois ans, l'entreprise fournit des magasins bio et, depuis peu, la grande distribution. Elle double chaque année ses capacités de production, avec 500 tonnes de chanvre sur 500 hectares de culture l'an passé.
La région Nouvelle-Aquitaine veut également développer une filière dans un territoire où la petite graine couleur noisette était historiquement cultivée, notamment pour la corderie.
Le chanvre "entre parfaitement dans notre feuille de route dédiée aux transitions énergétiques, écologique et agricole à l'horizon 2030", estime Virginie Thomas, chargée de mission Filière Construction Durable à la Région.
Le bâtiment, qui utilise le chanvre dans la construction d'habitats résilients, sert de "locomotive". "Mais pour que l'agriculteur puisse bénéficier d'une valeur ajoutée, il faut tout transformer, la paille comme la graine, pour cumuler les revenus", explique-t-elle.
"Gagnant-gagnant"
La Région participe au financement d'une association qui forme les agriculteurs, organise des ateliers pédagogiques et promeut la plante auprès des élus.
Environ 700 hectares sont cultivés à l'échelle régionale. "Les agriculteurs sont partants et pourraient faire un millier d'hectares mais il faut leur assurer derrière des débouchés", souligne Stéphanie Sauvée, qui accompagne les porteurs de projets. "La matière brute ne se vend pas bien. On travaille à un maillage d'unités de transformation."
Outre les Landes, d'autres départements (Deux-Sèvres, Charente, Vienne et Gironde) ont lancé des expérimentations.
La communauté urbaine du Grand Poitiers, qui veut améliorer la qualité de son eau potable, ambitionne de cultiver 200 hectares de chanvre d'ici cinq ans, en rotation avec d'autres cultures, pour limiter la présence de pesticides.
"C'est gagnant-gagnant pour les agriculteurs et la collectivité", considère Frédy Poirier, vice-président chargé du dossier. "Soit on construit des nouvelles usines de traitement de l'eau, soit on trouve d'autres axes de travail".
Le Grand Poitiers a déjà mobilisé ses fournisseurs pour mettre du chanvre au menu des écoles et maisons de retraite.