Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Saint-François, France | AFP | samedi 25/11/2022 - Etablie sur une langue de terre, la commune de Saint-François, en Guadeloupe, bataille pour résister à la montée du niveau de la mer, inéluctable selon les services de l'Etat, obligeant de nombreux maires de l'île à trouver des solutions pour faire face au grignotage du littoral.
"Les lieux touchés par l'eau d'ici 30 ans seront interdits à la construction", et "les espaces menacés d'ici une centaine d'années pourront accueillir des activités assorties de possibilité de démolition, en fonction du rythme de la montée des eaux", souligne Elodie Hector, en charge de l'urbanisme dans cette commune très touristique du sud-est de la Guadeloupe.
"On pourra faire valoir des droits de préemption, interdire ou adapter nos permis de construire pour ne pas empirer la situation selon les zones", détaille-t-elle.
Comme Saint-François, 125 autres communes françaises figurent dans un décret d'application de la loi Climat et Résilience, publié en avril 2022, dont huit en Guadeloupe: Baillif, Bouillante, Deshaies, Le Moule, Pointe-Noire, Port-Louis, Sainte-Anne et Terre-de-Haut, aux Saintes. Ces communes menacées par l'érosion du littoral en raison du dérèglement climatique et de la pression humaine devront s'adapter en priorité.
"La démarche de figurer dans ce décret -et donc d'être accompagnées sur les solutions à déployer- est volontaire de la part de ces communes", explique Yasimin Vautor, cheffe du service prospective, aménagement et connaissance du territoire, de la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement en Guadeloupe.
L'Etat financera "les études liées à la connaissance des différents scenarii" d'adaptation, car si des "modèles fiables" des zones touchées par la montée des eaux sont déjà établis par la recherche scientifique, "les communes sont toutes dans une situation très différente, en fonction de leur relief, de leurs activités économiques ou de leurs zones de repli potentiel", explique Mme Vautor.
Tenir le trait de côte
Saint-François a ainsi déjà fait appel à un écologue pour déployer des solutions fondées sur la nature, notamment sur le site naturel de la Pointe des Châteaux, un des plus visités de Guadeloupe: "On y replante des plantes endémiques dans des enclos protégés, on y crée des aires éducatives que des enfants de la commune prennent en charge", explique Jérémy Delolme, "pilote" du plan de conservation de la zone pour la commune, qui a bien constaté le rétrécissement de ses plages et donc d'une partie de son potentiel touristique.
"La plage des Raisins clairs est emblématique", affirme-t-il. Très prisée des touristes pour son lagon, elle se réduit chaque année. Un ancien cimetière d'esclaves a même été mis au jour par le phénomène. "De plus, la perte de près de 95% du récif corallien accélère l'érosion de la plage" et donc la perte de biodiversité.
Au passage, on étudie la biodiversité locale et les plantes les plus à même de tenir le trait de côte. "Les cocotiers sont beaux pour la carte postale", sourit Jérémie Delolme, "mais leur service rendu est nul, comparé à d'autres végétaux".
Toutefois, selon Thierry Abelli, le maire de Bouillante, en s'ajoutant "au Plan de prévention des risques naturels, avec lesquels on est habitué à fonctionner", on risque un empilement des normes, qui questionne leur application simultanée, parfois contradictoire, selon lui.
Et puis, pour les communes dont les finances sont exsangues en Guadeloupe, ces programmes d'adaptation pourraient coûter cher. "C'est pourquoi l'Etat accompagnera financièrement le processus d'aide à la décision", rappelle Yasimin Vautor.
Localement, on sait pourtant que le choix n'existe plus. Car même si leurs causes sont différentes de celles de l'augmentation du niveau de la mer, les acteurs de l'île ont tous en tête les submersions régulières de Pointe-à-Pitre, ou encore les effondrements de falaises habitées à Capesterre-Belle-Eau et Petit-Bourg, commune où plusieurs dizaines de familles ont déjà dues être déplacées.
"Les lieux touchés par l'eau d'ici 30 ans seront interdits à la construction", et "les espaces menacés d'ici une centaine d'années pourront accueillir des activités assorties de possibilité de démolition, en fonction du rythme de la montée des eaux", souligne Elodie Hector, en charge de l'urbanisme dans cette commune très touristique du sud-est de la Guadeloupe.
"On pourra faire valoir des droits de préemption, interdire ou adapter nos permis de construire pour ne pas empirer la situation selon les zones", détaille-t-elle.
Comme Saint-François, 125 autres communes françaises figurent dans un décret d'application de la loi Climat et Résilience, publié en avril 2022, dont huit en Guadeloupe: Baillif, Bouillante, Deshaies, Le Moule, Pointe-Noire, Port-Louis, Sainte-Anne et Terre-de-Haut, aux Saintes. Ces communes menacées par l'érosion du littoral en raison du dérèglement climatique et de la pression humaine devront s'adapter en priorité.
"La démarche de figurer dans ce décret -et donc d'être accompagnées sur les solutions à déployer- est volontaire de la part de ces communes", explique Yasimin Vautor, cheffe du service prospective, aménagement et connaissance du territoire, de la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement en Guadeloupe.
L'Etat financera "les études liées à la connaissance des différents scenarii" d'adaptation, car si des "modèles fiables" des zones touchées par la montée des eaux sont déjà établis par la recherche scientifique, "les communes sont toutes dans une situation très différente, en fonction de leur relief, de leurs activités économiques ou de leurs zones de repli potentiel", explique Mme Vautor.
Tenir le trait de côte
Saint-François a ainsi déjà fait appel à un écologue pour déployer des solutions fondées sur la nature, notamment sur le site naturel de la Pointe des Châteaux, un des plus visités de Guadeloupe: "On y replante des plantes endémiques dans des enclos protégés, on y crée des aires éducatives que des enfants de la commune prennent en charge", explique Jérémy Delolme, "pilote" du plan de conservation de la zone pour la commune, qui a bien constaté le rétrécissement de ses plages et donc d'une partie de son potentiel touristique.
"La plage des Raisins clairs est emblématique", affirme-t-il. Très prisée des touristes pour son lagon, elle se réduit chaque année. Un ancien cimetière d'esclaves a même été mis au jour par le phénomène. "De plus, la perte de près de 95% du récif corallien accélère l'érosion de la plage" et donc la perte de biodiversité.
Au passage, on étudie la biodiversité locale et les plantes les plus à même de tenir le trait de côte. "Les cocotiers sont beaux pour la carte postale", sourit Jérémie Delolme, "mais leur service rendu est nul, comparé à d'autres végétaux".
Toutefois, selon Thierry Abelli, le maire de Bouillante, en s'ajoutant "au Plan de prévention des risques naturels, avec lesquels on est habitué à fonctionner", on risque un empilement des normes, qui questionne leur application simultanée, parfois contradictoire, selon lui.
Et puis, pour les communes dont les finances sont exsangues en Guadeloupe, ces programmes d'adaptation pourraient coûter cher. "C'est pourquoi l'Etat accompagnera financièrement le processus d'aide à la décision", rappelle Yasimin Vautor.
Localement, on sait pourtant que le choix n'existe plus. Car même si leurs causes sont différentes de celles de l'augmentation du niveau de la mer, les acteurs de l'île ont tous en tête les submersions régulières de Pointe-à-Pitre, ou encore les effondrements de falaises habitées à Capesterre-Belle-Eau et Petit-Bourg, commune où plusieurs dizaines de familles ont déjà dues être déplacées.