CONGHUA, 8 juillet 2014 - Porcs-épics en cage ou tortues en voie de disparition, les espèces animales rares sont en vente libre dans ce marché du sud de la Chine, même si les autorités assurent lutter contre les trafics et les spécialités culinaires illégales.
Les restaurants méridionaux sont réputés pour leurs saveurs exotiques, leurs clients aimant se dire capables de "manger tout ce qui a quatre pattes, à part une table".
Au mois d'avril, la Chine a corsé la peine encourue par les consommateurs ou vendeurs d'espèces menacées, la faisant passer à 10 ans de prison. Mais l'application de la loi est manifestement laxiste dans la province du Guangdong.
"Je peux vendre cette viande pour 500 yuans (60 euros) les 500 grammes", affirme à l'AFP un vendeur de pangolin au marché de vente en gros Xingfu - "heureux et riche"-, à Conghua. "Pour un animal vivant, il faut compter plus de 1.000 yuans".
Ce marché avait fait la une des médias chinois il y a deux ans, quand un fonctionnaire local avait affirmé au journal d'État Beijing Technology Times que son rôle de plateforme de trafic animal était un "secret de polichinelle".
Selon le vendeur, qui préfère conserver l'anonymat, vivre du commerce de ces animaux est de plus en plus difficile. "Les règles sont très strictes, maintenant", dit-il.
Pourtant les commerçants sont bien présents, accompagnés de centaines de serpents se tordant dans des sacs de tissu blanc et de sangliers sauvages, au regard perdu entre les barreaux de leur cage métallique.
Tous les produits ne sont pas illégaux, mais un énorme panneau propose des salamandres géantes, classées "en danger critique d'extinction" sur la liste rouge des espèces menacées, inventaire établi par l'ONG Union internationale pour la conservation de la nature.
Le sort des espèces menacées, du requin au pangolin, est en discussion à Genève jusqu'au 11 juillet dans le cadre de la 65e session du comité permanent de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), qui regroupe 180 Etats membres.
- Sauce soja
Au sud de la Chine, une tradition culinaire appelée "saveur sauvage" veut que la consommation d'animaux rares comme le tigre, la tortue ou le serpent ait des effets bénéfiques pour la santé.
Le pangolin, un "fourmilier écailleux", doté d'une langue plus longue que son corps, est protégé par le traité international sur le commerce des espèces sauvages CITES, dont Pékin est l'un des signataires.
Mais dans certaines régions de la Chine, il est prisé des jeunes mères pour ses effets bénéfiques sur la production de lait, et un vaste réseau dans toute l'Asie du sud-est en fait le commerce de contrebande, à raison de milliers chaque année.
Pékin a adopté en 1989 ses premières lois interdisant le trafic de dizaines d'espèces, dont le pangolin, mais leur application s'est toujours heurtée à la demande, en hausse permanente.
En avril, le parlement national a approuvé une nouvelle interprétation de ces lois, qui permettrait de condamner les consommateurs et vendeurs d'espèces menacées à des peines allant jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.
A la même époque, les médias d'État ont révélé l'existence de réseaux trafiquant d'énormes quantités d'animaux rares, notamment la saisie de 956 pangolins congelés par la police aux frontières de Canton.
Jill Robertson, directrice générale de l'association Animals Asia, basée à Hong Kong, décrit l'alourdissement des sanctions comme une "étape positive" mais estime que "l'application de la loi doit être améliorée, et l'information du public considérablement renforcée".
"Le commerce illégal d'animaux est devenu une activité qui rapporte des milliards en Chine", déclare-t-elle.
Certains signes montrent toutefois que le durcissement de la répression porte ses fruits.
L'année dernière, un chef de cuisine expliquait à l'AFP que son restaurant vendait du pangolin 2.000 yuans les 500 grammes, ajoutant: "Habituellement, nous les cuisinons fricassés, en soupe ou en ragoût, mais c'est braisés dans la sauce soja qu'ils ont le meilleur goût".
Mais quand l'AFP a récemment contacté une douzaine de restaurants spécialisés dans la "saveur sauvage", aucun n'a admis vendre de cette viande.
- Cobra royal -
Les restaurants de Canton ne font généralement pas de publicité pour les espèces menacées qu'ils vendent, mais les proposent aux clients de confiance sur des menus tenus secrets, note Tian Yangyang, chercheur au sein du groupe de défense de l'environnement Nature University.
L'année dernière, il s'est infiltré dans des restaurants de Canton, où il a découvert que de l'aigle et du cygne étaient largement distribués.
"Je ne suis pas très optimiste quant à un éventuel renforcement des règles, parce que le système juridique en Chine n'est pas encore très solide", indique-t-il, ajoutant que le trafic d'espèces protégées "s'aggrave, parce qu'il est piloté de manière souterraine".
Pour d'autres espèces, le trafic ne faiblit pas, comme dans un restaurant de Canton spécialisé dans le ragoût de serpent, où le cobra royal vivant fait partie des mets les plus demandés.
Cet animal est classé comme "vulnérable" sur la liste rouge, du fait de la disparition de son habitat et de sa "surexploitation à des fins médicales".
"Manger ce genre de serpent est bon pour la gorge et la tête", affirme une cliente âgée de 17 ans, alors que des chefs coiffés de toques blanches décapitent et découpent les animaux en tranches derrière une vitre de plastique transparent.
"Je ne savais pas qu'ils étaient menacés", ajoute-t-elle avant d'engloutir sa première bouchée.
Les restaurants méridionaux sont réputés pour leurs saveurs exotiques, leurs clients aimant se dire capables de "manger tout ce qui a quatre pattes, à part une table".
Au mois d'avril, la Chine a corsé la peine encourue par les consommateurs ou vendeurs d'espèces menacées, la faisant passer à 10 ans de prison. Mais l'application de la loi est manifestement laxiste dans la province du Guangdong.
"Je peux vendre cette viande pour 500 yuans (60 euros) les 500 grammes", affirme à l'AFP un vendeur de pangolin au marché de vente en gros Xingfu - "heureux et riche"-, à Conghua. "Pour un animal vivant, il faut compter plus de 1.000 yuans".
Ce marché avait fait la une des médias chinois il y a deux ans, quand un fonctionnaire local avait affirmé au journal d'État Beijing Technology Times que son rôle de plateforme de trafic animal était un "secret de polichinelle".
Selon le vendeur, qui préfère conserver l'anonymat, vivre du commerce de ces animaux est de plus en plus difficile. "Les règles sont très strictes, maintenant", dit-il.
Pourtant les commerçants sont bien présents, accompagnés de centaines de serpents se tordant dans des sacs de tissu blanc et de sangliers sauvages, au regard perdu entre les barreaux de leur cage métallique.
Tous les produits ne sont pas illégaux, mais un énorme panneau propose des salamandres géantes, classées "en danger critique d'extinction" sur la liste rouge des espèces menacées, inventaire établi par l'ONG Union internationale pour la conservation de la nature.
Le sort des espèces menacées, du requin au pangolin, est en discussion à Genève jusqu'au 11 juillet dans le cadre de la 65e session du comité permanent de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), qui regroupe 180 Etats membres.
- Sauce soja
Au sud de la Chine, une tradition culinaire appelée "saveur sauvage" veut que la consommation d'animaux rares comme le tigre, la tortue ou le serpent ait des effets bénéfiques pour la santé.
Le pangolin, un "fourmilier écailleux", doté d'une langue plus longue que son corps, est protégé par le traité international sur le commerce des espèces sauvages CITES, dont Pékin est l'un des signataires.
Mais dans certaines régions de la Chine, il est prisé des jeunes mères pour ses effets bénéfiques sur la production de lait, et un vaste réseau dans toute l'Asie du sud-est en fait le commerce de contrebande, à raison de milliers chaque année.
Pékin a adopté en 1989 ses premières lois interdisant le trafic de dizaines d'espèces, dont le pangolin, mais leur application s'est toujours heurtée à la demande, en hausse permanente.
En avril, le parlement national a approuvé une nouvelle interprétation de ces lois, qui permettrait de condamner les consommateurs et vendeurs d'espèces menacées à des peines allant jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.
A la même époque, les médias d'État ont révélé l'existence de réseaux trafiquant d'énormes quantités d'animaux rares, notamment la saisie de 956 pangolins congelés par la police aux frontières de Canton.
Jill Robertson, directrice générale de l'association Animals Asia, basée à Hong Kong, décrit l'alourdissement des sanctions comme une "étape positive" mais estime que "l'application de la loi doit être améliorée, et l'information du public considérablement renforcée".
"Le commerce illégal d'animaux est devenu une activité qui rapporte des milliards en Chine", déclare-t-elle.
Certains signes montrent toutefois que le durcissement de la répression porte ses fruits.
L'année dernière, un chef de cuisine expliquait à l'AFP que son restaurant vendait du pangolin 2.000 yuans les 500 grammes, ajoutant: "Habituellement, nous les cuisinons fricassés, en soupe ou en ragoût, mais c'est braisés dans la sauce soja qu'ils ont le meilleur goût".
Mais quand l'AFP a récemment contacté une douzaine de restaurants spécialisés dans la "saveur sauvage", aucun n'a admis vendre de cette viande.
- Cobra royal -
Les restaurants de Canton ne font généralement pas de publicité pour les espèces menacées qu'ils vendent, mais les proposent aux clients de confiance sur des menus tenus secrets, note Tian Yangyang, chercheur au sein du groupe de défense de l'environnement Nature University.
L'année dernière, il s'est infiltré dans des restaurants de Canton, où il a découvert que de l'aigle et du cygne étaient largement distribués.
"Je ne suis pas très optimiste quant à un éventuel renforcement des règles, parce que le système juridique en Chine n'est pas encore très solide", indique-t-il, ajoutant que le trafic d'espèces protégées "s'aggrave, parce qu'il est piloté de manière souterraine".
Pour d'autres espèces, le trafic ne faiblit pas, comme dans un restaurant de Canton spécialisé dans le ragoût de serpent, où le cobra royal vivant fait partie des mets les plus demandés.
Cet animal est classé comme "vulnérable" sur la liste rouge, du fait de la disparition de son habitat et de sa "surexploitation à des fins médicales".
"Manger ce genre de serpent est bon pour la gorge et la tête", affirme une cliente âgée de 17 ans, alors que des chefs coiffés de toques blanches décapitent et découpent les animaux en tranches derrière une vitre de plastique transparent.
"Je ne savais pas qu'ils étaient menacés", ajoute-t-elle avant d'engloutir sa première bouchée.