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En Australie, la stricte quarantaine des voyageurs n'empêche pas des contaminations


Sydney, Australie | AFP | mercredi 10/02/2021 - Face aux nouveaux variants du coronavirus, l'Australie et la Nouvelle-Zélande envisagent de renforcer leur politique de quarantaine de quatorze jours des voyageurs arrivant de l'étranger, qui n'empêche pas des contaminations.

Les autorités de l'Etat de Victoria ont appelé mercredi à des mesures plus strictes en raison des variants britannique, brésilien et sud-africain.

"Ces souches très infectieuses s'avèrent très difficiles à contenir", a affirmé le Premier ministre de l'État de Victoria, Dan Andrews, en annonçant la fermeture d'un hôtel de Melbourne, accueillant des personnes en quarantaine, après l'apparition de cas de Covid-19.

"La quarantaine et les mesures sanitaires doivent aujourd'hui être différentes de ce qu'elles étaient il y a un mois, il y a six mois", a-t-il estimé.

En Australie comme en Nouvelle-Zélande, les autorités ont commencé cette semaine à évaluer les procédures et les structures de quarantaine.

Les propositions vont de l'ouverture d'établissements dans l'arrière-pays (Outback) australien à un dépistage plus fréquent et sur une période plus longue des voyageurs en provenance de l'étranger.

Depuis le début de la pandémie, environ 320.000 voyageurs sont arrivés via les ports ou les aéroports d'Australie ou de Nouvelle-Zélande, d'où ils ont été transférés dans des hôtels dédiés afin d'être confinés 14 jours dans une chambre.

Un peu partout à travers la planète, des pays, au premier rang desquels la Grande-Bretagne, le Canada et la Thaïlande, essaient de répliquer ce dispositif, relativement efficace jusqu'à présent. 

Le ministre australien de la Santé a d'ailleurs qualifié ce système de quarantaine de "référence" sur le plan international. 

Mais en Australie comme en Nouvelle-Zélande, deux pays qui ont largement réussi à contenir l'épidémie, de plus en plus de voix s'élèvent pour s'interroger sur ce protocole.

Au moment où le nombre de personnes contaminées dans le monde a franchi la barre des 100 millions, le nombre de voyageurs porteurs du virus à leur arrivée a augmenté.

Lieux de quarantaine éloignés

Sur la seule journée de mercredi, en Nouvelle-Zélande, des voyageurs en provenance d'Allemagne, de Tanzanie et des Emirats arabes unis ont été testés positifs au coronavirus.

Ce qui inquiète le plus les autorités est la hausse du nombre de visiteurs porteurs des variants, soit 105 en Australie. Certains ont contaminé des employés travaillant dans des hôtels ou des personnes chargées de leur transport, ainsi que des voyageurs également en quarantaine.

A plusieurs reprises ces derniers mois, le virus s'est propagé via des hôtels à la population, obligeant des millions d'habitants d'Auckland, de Brisbane, de Melbourne et de Perth à se confiner. 

Dans l'Etat de Victoria, près d'un millier d'employés travaillant pour trois hôtels touchés par une épidémie de Covid-19 ont été placés en quarantaine.

Peu de personnes sont favorables à une fermeture totale des frontières. A l'heure actuelle, environ 40.000 Australiens ne peuvent toujours pas rentrer chez eux en raison du nombre limité de personnes autorisées à rentrer dans leur pays.

De nouvelles dispositions ont été mises en place: les employés des hôtels de quarantaine ne peuvent pas avoir de deuxième emploi, la moquette au sol a été remplacée par du vinyle, les heures de repas ont été échelonnées et un espace laissé entre chaque chambre. 

"Il est temps d'éloigner (les lieux de) quarantaine pour réduire le risque de transmission dans les zones urbaines densément peuplées", a déclaré Adrian Esterman, expert en épidémiologie de l'Université d'Australie-Méridionale.

L'immense île-continent a déjà identifié des endroits qui seraient adaptés, notamment une base de l'armée de l'air et un centre de rétention pour immigrés situé en mer.

Jusqu'à présent, la plupart des mesures prises en Australie pour lutter contre le virus, des confinements aux opérations de dépistage en passant par les restrictions, ont été décidées et gérées au niveau des États. 

Le directeur de la Santé Paul Kelly, qui défend le système actuellement en vigueur, a notamment expliqué qu'ouvrir des centres dans des régions reculées n'est pas sans risque, notamment en cas de problème médical, car l'offre de soins sera moins bonne.

Par ailleurs, "l'un des moments où le risque de contamination est le plus élevé est lors du transport de l'aéroport vers l'établissement. Donc, plus c'est long, plus il y a de risques".

le Mercredi 10 Février 2021 à 04:54 | Lu 1239 fois