Le barrage hydroélectrique de la Vaiihia reste un outil incontournable pour désengager Tahiti des sources fossiles pour la production d'électricité. Et ce même si des riverains s'y opposent. En mai dernier l'association Taatiraa o te mau fatu fenua no te faa o papeiha Vai'iha Faaone Hitia'a (qui regroupe des propriétaires terriens de la vallée) organisait une randonnée découverte de cette vallée pour mettre en valeur la biodiversité de cette rivière.
PAPEETE, le 19 octobre 2015. Dans le pavé de 188 pages remis en fin de semaine dernière aux élus territoriaux pour le futur débat d'orientations budgétaires, nous avons relevé ce qui concerne la transition énergétique. En 2016 les grands chantiers de ce secteur concernent le barrage de Vaiihia, la construction du Swac du CHPF et une révolution des mentalités avec l'entreprise délégataire du service public, EDT.
Le constat initial est toujours le même. "La Polynésie française connaît des problématiques énergétiques complexes de part son insularité et l’étendue de son territoire. Sa très grande dépendance aux énergies fossiles (dont 94% sont toujours importées en 2014) l’oblige inéluctablement à s’orienter vers une politique de transition énergétique". Depuis près de deux ans désormais, la Polynésie s'est fixée des objectifs ambitieux : atteindre 50% d’énergie renouvelable dans la production électrique en 2020 et jusqu'à 75% en 2030. Pour passer des vœux pieux à l'action, il va falloir activer un peu.
Mais le développement des énergies renouvelables ne pourra pas s'opérer du jour au lendemain, car ces énergies non fossiles présentent "trois écueils majeurs qu’il convient de ne pas ignorer : le coût de ces systèmes, l’intermittence de production et les difficultés de réalisation", notamment en ce qui concerne les aménagements hydroélectriques "pour des raisons de maîtrise foncière et d’impacts environnementaux". On le voit déjà, les riverains de la Vaiihia sont, pour certains, très fermement opposés à la construction d'un barrage dans leur vallée qui risque d'endommager la biodiversité de cette rivière et détruire des sites archéologiques.
CHANGER LE MODELE ENERGETIQUE
"Le premier objectif poursuivi vise à changer le modèle énergétique en substituant progressivement l’utilisation d’énergies fossiles par des énergies renouvelables dans toutes nos activités : production électrique, transport, urbanisme" détaille le programme énergie du gouvernement.
L'effort demandé reste raisonnable pour l'instant : la part d'énergie renouvelable dans la production d'électricité était de 33% en 2014 et devrait atteindre 37% en 2016. Pour atteindre 50% en 2020 il faudra attendre la construction de nouveaux gros équipements. A savoir l’aménagement hydroélectrique de la Vaiiha pour 6 milliards de Fcfp entre 2016 et 2020 et le programme de climatisation par eau froide des profondeurs du CHPF pour 3 milliards de Fcfp entre 2016 et 2018.
Le second objectif est de "tendre à une réduction de notre consommation énergétique par des
comportements plus vertueux et par une utilisation généralisée des nouveaux équipements à moindre
consommation énergétique".
Ce qui peut se traduire par un développement du parc automobile électrique ou hydride en Polynésie française. Ainsi, le gouvernement constate que seuls six véhicules électriques roulaient en 2014 sur le territoire mais il vise déjà sur une augmentation exponentielle jusqu'à 50 véhicules électriques en 2015, puis 150 en 2016 et jusqu'à un millier en 2020 !
Il en va aussi d'une consommation plus contrôlée afin "d’ajuster la demande en énergie". C'est là que de nouveaux équipements comme les compteurs intelligents, capables de moduler les sources d'approvisionnement, feront leur entrée : s'ils seront encore très peu répandus en 2016 avec une centaine seulement de compteurs intelligents, le gouvernement prévoit une montée en charge rapide pour atteindre de 35 000 foyers "connectés" à ces compteurs intelligents en 2020. Un équipement "high tech" qui a un coût : la modernisation du réseau public et l'installation de compteurs intelligents est un effort estimé à 2,5 milliards de Fcfp entre 2016 et 2020.
ELECTRICITE : SEPARER PRODUCTION ET DISTRIBUTION
Cette politique de transition énergétique ne se fera pas sans révolution du côté des gros producteurs et distributeurs. Ainsi, il sera demandé à EDT (distribution d’électricité) et Marama Nui (production d’hydroélectricité) "d’améliorer la transparence des concessions du service public de l’électricité par un recensement exhaustif des actifs du concessionnaire en distinguant ceux participant à la mission de service public de l’électricité de ceux contribuant aux autres activités concurrentielles".
Dans le même registre, il faudra arriver à une "séparation économique et juridique des métiers pour une plus grande transparence des comptes du concessionnaire" et donc parvenir clairement à faire la distinction entre les activités de production et celles de distribution.
Enfin, ce qui se pressentait depuis des mois est confirmé : à savoir un rôle central qui sera confié à la TEP. La société Transport d'électricité de Polynésie -qui est une société d'économie mixte locale- devra organiser "une véritable concurrence dans le secteur de l’électricité en tant qu’acteur à dominance publique capable de garantir en toute indépendance l’équité et la transparence dans les relations entre producteurs et distributeurs".
Le constat initial est toujours le même. "La Polynésie française connaît des problématiques énergétiques complexes de part son insularité et l’étendue de son territoire. Sa très grande dépendance aux énergies fossiles (dont 94% sont toujours importées en 2014) l’oblige inéluctablement à s’orienter vers une politique de transition énergétique". Depuis près de deux ans désormais, la Polynésie s'est fixée des objectifs ambitieux : atteindre 50% d’énergie renouvelable dans la production électrique en 2020 et jusqu'à 75% en 2030. Pour passer des vœux pieux à l'action, il va falloir activer un peu.
Mais le développement des énergies renouvelables ne pourra pas s'opérer du jour au lendemain, car ces énergies non fossiles présentent "trois écueils majeurs qu’il convient de ne pas ignorer : le coût de ces systèmes, l’intermittence de production et les difficultés de réalisation", notamment en ce qui concerne les aménagements hydroélectriques "pour des raisons de maîtrise foncière et d’impacts environnementaux". On le voit déjà, les riverains de la Vaiihia sont, pour certains, très fermement opposés à la construction d'un barrage dans leur vallée qui risque d'endommager la biodiversité de cette rivière et détruire des sites archéologiques.
CHANGER LE MODELE ENERGETIQUE
"Le premier objectif poursuivi vise à changer le modèle énergétique en substituant progressivement l’utilisation d’énergies fossiles par des énergies renouvelables dans toutes nos activités : production électrique, transport, urbanisme" détaille le programme énergie du gouvernement.
L'effort demandé reste raisonnable pour l'instant : la part d'énergie renouvelable dans la production d'électricité était de 33% en 2014 et devrait atteindre 37% en 2016. Pour atteindre 50% en 2020 il faudra attendre la construction de nouveaux gros équipements. A savoir l’aménagement hydroélectrique de la Vaiiha pour 6 milliards de Fcfp entre 2016 et 2020 et le programme de climatisation par eau froide des profondeurs du CHPF pour 3 milliards de Fcfp entre 2016 et 2018.
Le second objectif est de "tendre à une réduction de notre consommation énergétique par des
comportements plus vertueux et par une utilisation généralisée des nouveaux équipements à moindre
consommation énergétique".
Ce qui peut se traduire par un développement du parc automobile électrique ou hydride en Polynésie française. Ainsi, le gouvernement constate que seuls six véhicules électriques roulaient en 2014 sur le territoire mais il vise déjà sur une augmentation exponentielle jusqu'à 50 véhicules électriques en 2015, puis 150 en 2016 et jusqu'à un millier en 2020 !
Il en va aussi d'une consommation plus contrôlée afin "d’ajuster la demande en énergie". C'est là que de nouveaux équipements comme les compteurs intelligents, capables de moduler les sources d'approvisionnement, feront leur entrée : s'ils seront encore très peu répandus en 2016 avec une centaine seulement de compteurs intelligents, le gouvernement prévoit une montée en charge rapide pour atteindre de 35 000 foyers "connectés" à ces compteurs intelligents en 2020. Un équipement "high tech" qui a un coût : la modernisation du réseau public et l'installation de compteurs intelligents est un effort estimé à 2,5 milliards de Fcfp entre 2016 et 2020.
ELECTRICITE : SEPARER PRODUCTION ET DISTRIBUTION
Cette politique de transition énergétique ne se fera pas sans révolution du côté des gros producteurs et distributeurs. Ainsi, il sera demandé à EDT (distribution d’électricité) et Marama Nui (production d’hydroélectricité) "d’améliorer la transparence des concessions du service public de l’électricité par un recensement exhaustif des actifs du concessionnaire en distinguant ceux participant à la mission de service public de l’électricité de ceux contribuant aux autres activités concurrentielles".
Dans le même registre, il faudra arriver à une "séparation économique et juridique des métiers pour une plus grande transparence des comptes du concessionnaire" et donc parvenir clairement à faire la distinction entre les activités de production et celles de distribution.
Enfin, ce qui se pressentait depuis des mois est confirmé : à savoir un rôle central qui sera confié à la TEP. La société Transport d'électricité de Polynésie -qui est une société d'économie mixte locale- devra organiser "une véritable concurrence dans le secteur de l’électricité en tant qu’acteur à dominance publique capable de garantir en toute indépendance l’équité et la transparence dans les relations entre producteurs et distributeurs".
Plus de transparence
En matière d'énergie le gouvernement veut favoriser "une plus grande transparence dans les coûts et les prix, une plus grande pluralité d’acteurs et un plus grand choix pour les consommateurs". Les coûts de chaque filière énergétique (approvisionnement et distribution d’hydrocarbures, production, transport, distribution et commercialisation de l’électricité) devront être déterminés afin de définir les mécanismes publics les plus favorables à la transition énergétique. Aussi le gouvernement prévoit :
- création d’un code de l’énergie regroupant l’ensemble des dispositions juridiques et réglementaires relatives à l’organisation de l’énergie et fixant tous les principes juridiques de l’organisation du système énergétique polynésien (17 millions pour 2015-2016) ;
- élaboration avec la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) d’une nouvelle formule de détermination des coûts de production, de transport et de distribution de l’électricité fondée sur des critères transparents et objectifs en remplacement de la formule actuelle (10 millions en 2015) ;
- création d’un observatoire de l’énergie pour mesurer la politique sectorielle de l’énergie (coût : 12 millions sur 2016).
En matière d'énergie le gouvernement veut favoriser "une plus grande transparence dans les coûts et les prix, une plus grande pluralité d’acteurs et un plus grand choix pour les consommateurs". Les coûts de chaque filière énergétique (approvisionnement et distribution d’hydrocarbures, production, transport, distribution et commercialisation de l’électricité) devront être déterminés afin de définir les mécanismes publics les plus favorables à la transition énergétique. Aussi le gouvernement prévoit :
- création d’un code de l’énergie regroupant l’ensemble des dispositions juridiques et réglementaires relatives à l’organisation de l’énergie et fixant tous les principes juridiques de l’organisation du système énergétique polynésien (17 millions pour 2015-2016) ;
- élaboration avec la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) d’une nouvelle formule de détermination des coûts de production, de transport et de distribution de l’électricité fondée sur des critères transparents et objectifs en remplacement de la formule actuelle (10 millions en 2015) ;
- création d’un observatoire de l’énergie pour mesurer la politique sectorielle de l’énergie (coût : 12 millions sur 2016).