Emeutes en Nouvelle-Calédonie. ​Brotherson se propose médiateur entre l’Etat et le Caillou


Tahiti le 13 mai 2024. C’est l’air grave que Moetai Brotherson a pris la parole ce lundi sur les réseaux sociaux. Seul, face caméra, il a donné son sentiment sur les émeutes qui frappent la Nouvelle-Calédonie depuis 48 heures alors qu’à Paris débutait l’étude de la réforme constitutionnelle visant à élargir le corps électoral aux élections provinciales.

 
« Nous avons tous vu les terribles images qui circulent sur les télévisions, sur les réseaux sociaux, depuis hier », a partagé le président de la Polynésie française ce lundi sur les réseaux sociaux. « Que vous dire, sinon que nous sommes avec vous en soutien moral par rapport à tout ce qui se passe en ce moment. »

Ancien député, Moetai Brotherson avait déjà travaillé sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie à Paris. « Je l’avais dit dans un post précédent, les décisions qui sont en train d’être prises, les projets de textes qui sont soumis sont délicats. Ils étaient malheureusement prévisibles dans leurs effets. Ce qui se produit depuis hier aurait pu être évité. J’espère de tout cœur que l’Assemblée nationale prendra la mesure des enjeux, la mesure de ce qui se passe actuellement. Il est encore temps pour que la sagesse l’emporte », a-t-il poursuivi, sans s'étendre sur la trentaine de gendarmes blessés hier par les émeutiers, dont certains grièvement, et sur le climat de peur qui règne à Nouméa. « Il est encore temps pour que le destin commun que les Calédoniens se sont fixés il y a fort longtemps, à l’époque de Jean-Marie (Tjibaou), l’époque de Yeiwéné (Yeiwéné), que les voix de la sagesse puissent l’emporter. Je voudrais adresser mon soutien à tous les Calédoniens, les Kanaks, les non Kanaks, la communauté polynésienne qui habite cette grande terre qui les a accueillis à différentes époques. A nos compatriotes polynésiens qui aujourd’hui, au fond de leur cœur, se sentent calédoniens également. »

Moetai Brotherson a conclu son allocution en proposant de servir d’intermédiaire, ou de médiateur dans le dialogue rompu entre l’Etat et les factions indépendantistes kanaks. « S’il y a besoin que depuis la Polynésie française, nous fassions un travail de médiation, nous sommes à la disposition des uns et des autres ».

Quelques heures plus tôt, à Paris, alors qu’une motion de rejet du texte, défendue par les différents partis de gauche, était rejetée par la majorité à l’Assemblée nationale, le député Tematai Le Gayic avait lui aussi pris la parole. « La moitié de la population de la Nouvelle-Calédonie est née pour être libre et indépendante, qu’est-ce qu’on en fait ? Et l’autre moitié souhaite rester française, et il faut les encourager à le rester. Mais qu’est-ce qu’on va faire de l’autre moitié ? Ils sont nés, et naîtront demain, et ne voudront pas de la République parce qu’ils sont fiers d’être Kanaks. Nous sommes donc contre ce projet de résolution. »

Les vols vers et depuis la Nouvelle-Calédonie sont suspendus, et sur place, un couvre-feu a été décrété.
 

Rédigé par Bertrand PREVOST le Lundi 13 Mai 2024 à 16:07 | Lu 5040 fois