Crédit Gregoire MEROT / AFP
Tsoundzou 1, France | AFP | dimanche 23/04/2023 - Loin de leur terrain d'intervention urbain de l'Hexagone, les policiers de la CRS8, sous une pluie tropicale qui cogne sur le casque embué par 38°C, scrutent inquiets la jungle mahoraise, leur bouclier brandi vers le "grand vert".
Face à eux, de la colline aux bananiers monte un concert de cris de guerre. Simultanément, entre les trombes de pluie de ce dimanche, des pierres ocres et boueuses s'écrasent sur leur colonne.
Au sol, les cailloux font la taille d'une main. Dans la forêt, les caillasseurs sont tapis, invisibles.
Lance-grenades Cougar calé sur l'épaule ruisselante, le policier tire en cloche une grenade de gaz lacrymogène vers le sommet de la colline.
"Est-ce qu'il y a des blessés chez vous les gars"?, s'inquiète l'un des CRS (de la compagnie républicaine de sécurité 8), en repli derrière la fourgonnette blanche. "T'as vu ce qu'on a en face?", répond son camarade policier. "Là, il faut rentrer dans les bosquets. Si on reste fixes, c'est sûr qu'on va +manger+".
Depuis le début de la matinée, les esprits s'échauffent dans le village voisin de Tsoundzou, l'un des plus "chauds" de Mayotte.
Située à moins de 6 km au sud de Mamoudzou, cette commune est devenue un point de convergence pour les habitants comoriens "décasés" ces dernières années des bidonvilles voisins.
Des voisins se plaignent de vols, de rackets et de caillassages. Et les forces de l'ordre y sont régulièrement prises à partie.
"Reconquête"
Samedi, un convoi de la gendarmerie qui empruntait la route principale de l'île a essuyé des cailloux sur son passage au niveau de Tsoundzou, a constaté l'AFP.
Le dimanche matin, les forces de l'ordre ont décidé d'aller faire une descente.
"Une opération de contrôle d'identité dans ce quartier qui nous a posé des problèmes ces dernières semaines", résume le chef de la police à Mayotte, le commissaire Laurent Simonin.
Pour empêcher les interpellations, des jeunes du quartier ont dressé dans la matinée des barricades, mis le feu et attiré les forces de l'ordre vers leur terrain de jeu stratégique : la cambrousse.
"On est sur une opération de reconquête du terrain", dit à l'AFP leur chef, le commandant divisionnaire Jean-Louis Sanchet. "Un terrain qu'ils connaissent et pas nous", souligne cette figure policière, qui vit néanmoins son baptême du feu outremer pour une première opération de rétablissement de l'ordre à Mayotte.
La huitième Compagnie Républicaine de Sécurité, créée en 2021 et présentée comme une unité d'élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines capable d'être envoyée rapidement en tout point de l'hexagone, est en effet arrivée mercredi de Paris pour renforcer les effectifs de l'opération de sécurisation de Mayotte, baptisée "Wuambushu" ("reprise" en mahorais).
Cette opération - qui mobilise 1.800 policiers et gendarmes, dont des centaines de renforts de métropole - vise à vider les quartiers d'immigrations clandestines et à multiplier les arrestations de jeunes responsables de caillassage, de vols ou d'agressions dans l'archipel gangréné par la violence selon ses habitants.
"On décroche"
Cet après-midi, pour aller les chercher jusque dans les sentiers des abords de Tsoundzou, dix hommes du RAID (l'unité d'intervention d'élite de la police)- dont une antenne a été déployée en permanence à Mayotte depuis le 24 novembre - sont aussi envoyés en appui discret pour interpeller les jeunes des collines.
Encagoulées, l'arme automatique en travers du torse, leurs silhouettes camouflage s'enfoncent sur le sentier de la colline, pour aller contre-embusquer les caillasseurs.
En vain. Les dix hommes du RAID reviennent vingt minutes plus tard, d'un pas tranquille, sans avoir interpellé personne, mais entourés d'enfants comoriens curieux de la présence de ces policiers commando.
"On ne va pas faire la guerre pour faire la guerre, maintenant on a dégagé (la route), on décroche et on va se rapprocher des habitations pour sécuriser", commente, le jean maculé de boue et le polo détrempé de sueur et de pluie, le commissaire Simonin.
Douze policiers, selon la porte-parole du ministère de l'Intérieur sur place, ont été blessés légèrement lors de cette opération.
Face à eux, de la colline aux bananiers monte un concert de cris de guerre. Simultanément, entre les trombes de pluie de ce dimanche, des pierres ocres et boueuses s'écrasent sur leur colonne.
Au sol, les cailloux font la taille d'une main. Dans la forêt, les caillasseurs sont tapis, invisibles.
Lance-grenades Cougar calé sur l'épaule ruisselante, le policier tire en cloche une grenade de gaz lacrymogène vers le sommet de la colline.
"Est-ce qu'il y a des blessés chez vous les gars"?, s'inquiète l'un des CRS (de la compagnie républicaine de sécurité 8), en repli derrière la fourgonnette blanche. "T'as vu ce qu'on a en face?", répond son camarade policier. "Là, il faut rentrer dans les bosquets. Si on reste fixes, c'est sûr qu'on va +manger+".
Depuis le début de la matinée, les esprits s'échauffent dans le village voisin de Tsoundzou, l'un des plus "chauds" de Mayotte.
Située à moins de 6 km au sud de Mamoudzou, cette commune est devenue un point de convergence pour les habitants comoriens "décasés" ces dernières années des bidonvilles voisins.
Des voisins se plaignent de vols, de rackets et de caillassages. Et les forces de l'ordre y sont régulièrement prises à partie.
"Reconquête"
Samedi, un convoi de la gendarmerie qui empruntait la route principale de l'île a essuyé des cailloux sur son passage au niveau de Tsoundzou, a constaté l'AFP.
Le dimanche matin, les forces de l'ordre ont décidé d'aller faire une descente.
"Une opération de contrôle d'identité dans ce quartier qui nous a posé des problèmes ces dernières semaines", résume le chef de la police à Mayotte, le commissaire Laurent Simonin.
Pour empêcher les interpellations, des jeunes du quartier ont dressé dans la matinée des barricades, mis le feu et attiré les forces de l'ordre vers leur terrain de jeu stratégique : la cambrousse.
"On est sur une opération de reconquête du terrain", dit à l'AFP leur chef, le commandant divisionnaire Jean-Louis Sanchet. "Un terrain qu'ils connaissent et pas nous", souligne cette figure policière, qui vit néanmoins son baptême du feu outremer pour une première opération de rétablissement de l'ordre à Mayotte.
La huitième Compagnie Républicaine de Sécurité, créée en 2021 et présentée comme une unité d'élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines capable d'être envoyée rapidement en tout point de l'hexagone, est en effet arrivée mercredi de Paris pour renforcer les effectifs de l'opération de sécurisation de Mayotte, baptisée "Wuambushu" ("reprise" en mahorais).
Cette opération - qui mobilise 1.800 policiers et gendarmes, dont des centaines de renforts de métropole - vise à vider les quartiers d'immigrations clandestines et à multiplier les arrestations de jeunes responsables de caillassage, de vols ou d'agressions dans l'archipel gangréné par la violence selon ses habitants.
"On décroche"
Cet après-midi, pour aller les chercher jusque dans les sentiers des abords de Tsoundzou, dix hommes du RAID (l'unité d'intervention d'élite de la police)- dont une antenne a été déployée en permanence à Mayotte depuis le 24 novembre - sont aussi envoyés en appui discret pour interpeller les jeunes des collines.
Encagoulées, l'arme automatique en travers du torse, leurs silhouettes camouflage s'enfoncent sur le sentier de la colline, pour aller contre-embusquer les caillasseurs.
En vain. Les dix hommes du RAID reviennent vingt minutes plus tard, d'un pas tranquille, sans avoir interpellé personne, mais entourés d'enfants comoriens curieux de la présence de ces policiers commando.
"On ne va pas faire la guerre pour faire la guerre, maintenant on a dégagé (la route), on décroche et on va se rapprocher des habitations pour sécuriser", commente, le jean maculé de boue et le polo détrempé de sueur et de pluie, le commissaire Simonin.
Douze policiers, selon la porte-parole du ministère de l'Intérieur sur place, ont été blessés légèrement lors de cette opération.