Embarquez dans l’univers de Michaël Gregorio


Dans ce spectacle très personnel, l’artiste explore ses inspirations musicales et cinématographiques, à commencer par "2001 : L’Odyssée de l’espace", de Stanley Kubrick (Crédit : DR).
Tahiti, le 13 juin 2024 – Ses capacités vocales hors normes et son goût pour la mise en scène font de cet artiste un extraterrestre. À l'invitation de SA Productions, le chanteur-imitateur Michaël Gregorio sera de retour à Tahiti pour présenter son nouveau spectacle, L’Odyssée de la voix, vendredi 13 et samedi 14 septembre, au Grand théâtre de la Maison de la culture, à Papeete. Pendant deux heures, le showman explore ses inspirations musicales et cinématographiques, traversant les époques et les styles avec émotions, dont l’humour. Ce voyage personnel remonte jusqu’au cinéma muet. Un hommage pas si surprenant quand on sait que l’artiste “aux mille voix” a perdu “sa voix”, il y a quelques années. Rencontre avec un artiste inimitable.
 

Votre Odyssée de la voix a commencé en 2022. Comment avez-vous conçu ce dernier spectacle ?
“La première a eu lieu en février 2020. Il y a eu le Covid et j’ai aussi perdu ma voix. Donc effectivement, la tournée a vraiment pu commencer en 2022. Ça faisait très longtemps que j’avais envie de faire un spectacle autour de la voix. Au début, je le rêvais comme une ode à la voix. Quand j’ai commencé l’écriture avec Arnaud Lemort, je me suis vite rendu compte que ce spectacle s’écrivait comme un voyage, ou une odyssée. On s’est dit que ce choix de titre était très représentatif, avec un clin d’œil à un film qu’on adore tous les deux : L’Odyssée de l’espace. À partir de ce moment-là, on a poussé la porte du cinéma, ce qui nous a permis de nous amuser avec plein de références. Ce qui n’était pas sa vocation au départ.”
 
Avec quelles stars et à travers quelles époques allons-nous voyager ?
“C’est très large. Ça va de Singin’ in the Rain aux chansons de Michel Legrand, la pop culture avec Dirty Dancing, Rocky, Ghostbusters, etc. Je démarre le spectacle avec un numéro sur les voix qui font ma voix, et c’est l’occasion de parler de tout ce que j’ai pu entendre, ce qui a construit ma voix depuis l’enfance avec les chansons qu’écoutaient mes parents et mes grands-parents, et aussi mes copains dans la cour de récré, de Matthieu Chedid aux Cranberries, à Luis Mariano et Indochine, du jazz à la variété française, en passant par le rap, et le rock, évidemment !” 
 

“Chaque chanson et chaque artiste racontent quelque chose par rapport à mon histoire”


Cette diversité reflète-t-elle vos goûts personnels ou est-ce une façon de toucher un plus large public ?
“Je ne pense pas le spectacle comme une cible. Ce spectacle-là est vraiment personnel. Chaque chanson et chaque artiste racontent quelque chose par rapport à mon histoire ou à ce que j’avais envie de dire. C’était très important : je voulais que ce soit l’écriture qui détermine le choix des chansons, pas l’inverse. Quand j’ai eu envie de raconter comment ma voix change à travers les différents styles musicaux, je suis parti de la chanson Djadja d’Aya Nakamura, et on s’est amusé à la réarranger du reggae à la musette, en passant par la salsa.”
 
Du cinéma muet au death metal, ce nouveau spectacle est aussi l’occasion de revenir sur la perte de votre voix…
“J’avais envie de parler de la fragilité de la voix, de dire que je n’ai qu’une seule voix, et pas 999 pour continuer à chanter. Le soir de la première, j’ai eu un gros problème. Ça a été très compliqué. Cette perte de la voix a nécessité opération, rééducation et beaucoup de travail. Ça a créé une réécriture du spectacle assez naturelle. J’en parlais déjà, mais j’avais envie d’évoquer la perte de voix à travers le cinéma muet et l’univers de Charlie Chaplin, qui est l’artiste des artistes et qui me bouleverse. J’étais très heureux de pouvoir tourner un court métrage à sa manière. Et de tourner plein de choses, car on utilise beaucoup le cinéma, avec des scènes-culte des Parapluies de Cherbourg, évidemment le film de Kubrick, en détournant plein de références autour de cette Odyssée.”
 


“J’avais aussi envie de parler de la fragilité de la voix”


Sur scène, le chanteur-musicien semble indissociable de l’acteur : vos spectacles ont-ils toujours été hybrides ?
“Ça a toujours été un peu comme ça. Disons que la balance s’équilibre plus. Mon premier spectacle était vraiment un spectacle d’imitation. Même si j’ai commencé en tant qu’acteur, j’avais mis ça un peu de côté. Les deuxième et troisième spectacles, ça a commencé à prendre un peu plus de place. Et sur J’ai 10 ans !, c’était encore plus important avec Retour vers le futur. Là, c’est évident que c’est indissociable du spectacle. Pour la première fois, j’ai travaillé avec une équipe de cinéma : un chef opérateur, un script, un plateau de tournage, des effets spéciaux aussi. Il y a vingt minutes de courts-métrages : c’est une véritable production.”
 
Vous êtes connu pour pousser la performance vocale jusqu’au solo de guitare électrique. Quelle surprise nous réservez-vous cette fois-ci ?
“La guitare, évidemment, je l’ai gardée, mais ce n’est pas la même chanson. C’est un autre univers : on n’est plus chez Gary Moore, on est plutôt chez les Pink Floyd. En tant que musicien, sur ce spectacle, je joue du piano et de la guitare uniquement. Sur le précédent, j’étais aussi à la batterie, mais ça n’avait pas sa place sur celui-là.”
 
Il y a une part innée, mais ça demande aussi beaucoup d’entraînement. Comment vous préparez-vous ?
“Des vocalises, du repos, une hygiène de vie assez saine. Et depuis mon accident vocal, je suis un peu plus prudent sur les périodes de tournée. Quand je vais venir à Tahiti, il va y avoir un long trajet en avion, donc je ne peux pas jouer tout de suite. Il va me falloir plusieurs jours pour récupérer, car dans l’avion, l’air est extrêmement sec et c’est très dangereux vocalement. Ça abîme énormément la voix. N’ayant pas vraiment d’autres options pour venir en Polynésie, je vais arriver un peu plus tôt avant de pouvoir jouer.”
 
Vous n’êtes pas seul sur scène. Quel rôle jouent les musiciens qui vous accompagnent ?
“Ils sont hyper importants. Ils prennent aussi part à la création. On s’enferme dans une maison ou un studio, et on essaie des choses. Pour certains, ça fait plus de vingt ans qu’on se connaît et qu’on travaille ensemble. C’est devenu une seconde famille. C’est la famille choisie ! Les techniciens sont tout aussi importants pour la diffusion des films, tant au niveau de la vidéo que du son et des lumières. Je suis heureux de les emmener avec moi à Tahiti.”
 

“Jamais deux sans trois.” Michaël Gregorio a “hâte de revenir et de retrouver” le public polynésien.

“Tahiti, c’est tellement de bons souvenirs”


Vous avez déjà enchanté Tahiti par deux fois, en 2014 et 2018. Avez-vous hâte de retrouver le public polynésien ?
“C’est la troisième fois qu’on va venir. C’est tellement de bons souvenirs ! On est tous très heureux de revenir. On en parle souvent avec l’équipe, d’ailleurs. Ça fait partie des dates, des endroits et des rencontres qui nous ont marqués. On serait tous très tristes si ça n’avait pas été possible de revenir présenter ce spectacle là-bas. Ça fait partie des rendez-vous de nos tournées. Le public est assez extraordinaire et très généreux. La première fois, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, et j’ai été surpris et ému par la chaleur de l’accueil. Quand je suis revenu, ça a été aussi fort. Jamais deux sans trois, alors on a hâte de revenir et de vous retrouver !”
 
Prévoyez-vous d’ajouter une touche locale à votre prestation ?
“Je l’avais fait pour les deux précédents spectacles. Je ne sais pas dans quelle mesure je vais pouvoir adapter cette fois-ci pour des raisons logistiques, et parce qu’on ne va pas se voir avec l’équipe avant Tahiti, mais clairement, j’en ai envie ! Je demande toujours des nouvelles aux gens qui nous accueillent pour savoir sur quoi je peux jouer et ce que je peux ajouter.”
 
Sur un plan un peu plus personnel, qu’avez-vous prévu de faire ou refaire au Fenua à l’occasion de votre venue ?
“Il y a tellement de choses... En 2014, on est allé à Tetiaroa et c’était incroyable ! On était seuls au milieu de l’océan et on avait croisé la route de baleines. C’était magique. J’aimerais beaucoup refaire ça avec l’équipe, si nous avons suffisamment de temps, et explorer un peu plus les îles aux alentours. J’aimerais aussi peut-être aller surfer ou faire de la randonnée, et retrouver des gens qu’on avait vus il y a quelques années. Je pense par exemple à Édouard Malakai, comédien polynésien et ami d’enfance que j’avais retrouvé en interview en 2018, de façon complètement improbable à 20 000 km d’Étain, petite commune de la Meuse où nous avons grandi.”
 

Infos pratiques

Michaël Gregorio, L’Odyssée de la voix, vendredi 13 et samedi 14 septembre 2024, au Grand théâtre de la Maison de la culture. Tarifs : de 5 500 à 7 500 francs. Billets en vente sur www.ticketpacific.pf, dans les magasins Carrefour Faa’a, Punaauia, Arue et Taravao, et à Radio 1/Tiare FM, à Fare Ute.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Jeudi 13 Juin 2024 à 15:49 | Lu 1607 fois