Elle coupe son bracelet électronique pour passer une dernière journée avec ses enfants


Aller simple pour Nuutania
PAPEETE, le 9 janvier 2015 - Quand on fait de la prison à domicile, sous surveillance d'un bracelet électronique, la moindre incartade se transforme en évasion. C'est ce qui est arrivé à Maruata, qui a coupé son bracelet pour aller au cinéma avec son enfant. Elle dort désormais à Nuutania et purgera deux mois de prison en plus.

Alors qu'elle bénéficie d'une mesure d'aménagement de peine, donc la prison à domicile avec un bracelet électronique à la cheville, Maruata (30 ans) a paniqué et s'est évadée. Une erreur bête.

Condamnée à de la prison ferme pour plusieurs affaires de conduite en état d'ivresse, conduite sans permis et recel d'objets volés, cette maman d'un petit garçon de 8 ans, qu'elle qualifie elle-même de "spécial", décide de purger sa peine au domicile du père de son fils, avec qui elle est encore occasionnellement en couple. Mais leur cohabitation se passe mal dès le début, alors qu'elle ne peut plus quitter le domicile.

Mercredi dernier, une dispute éclate. Vers deux heures du matin, alors que Maruata dort et que son fils regarde des dessins animés, le mari rentre. Il est parfois violent, même s'il ne donne pas de coups assurera-t-elle à la juge. Il réprimande l'enfant, qui se met à crier et se cache. Maruata, très protectrice, intervient et frappe le père de son fils. Elle finit par partir du domicile alors qu'il lui jette ses affaires par la fenêtre.

Mauvaises décisions

Elle se réfugie dans sa famille, mais ne va pas voir les gendarmes pour expliquer sa situation. Son agent au Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) n'est pas joignable. Quand elle finira par le voir, trois jours plus tard, il lui explique qu'elle est en état d'évasion et est presque certaine de retourner en prison.

Confrontée à l'inéluctable, elle coupe son bracelet électronique pour pouvoir mettre une robe et aller au restaurant et au cinéma avec son fils. Le procureur qualifiera ces actes "d'inexplicables et particulièrement suicidaires". Maruata elle-même n'arrivera pas à expliquer son geste, à part qu'elle voulait un dernier jour de liberté. La juge, analysant sa nature féminine, assurera comprendre pourquoi une femme qui aime les jolies robes ne voulait pas se promener en ville avec ce bracelet infamant à la cheville.

Malgré tout, en s'évadant elle a perdu le droit de le porter. La juge l'a donc renvoyée dormir à Nuutania, condamnation assortie de quatre mois de prison supplémentaire dont deux ferme pour l'évasion et d'une peine de 60 000 Fcfp d'amende pour rembourser le bracelet.

Le bracelet, facile à cacher sous un pantalon, peu seyant avec une petite robe.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 9 Janvier 2015 à 17:08 | Lu 9540 fois