Photo d'illustration
PAPEETE, le 1er décembre 2015. Une jeune mère de famille comparaissait ce mardi devant le tribunal correctionnel de Papeete pour avoir provoqué le décès de son bébé de 7 mois, abandonné durant plusieurs heures dans une voiture fermée, garée en plein soleil, en septembre 2012 à Paea. Elle encourt trois ans de prison, le délibéré sera rendu le 26 janvier prochain.
"Ce n'est pas un infanticide, mais ce dossier aurait pu avoir sa place devant une cour d'Assises. L'interrogation sur vos intentions ne sont pas déplacées, car, vous auriez voulu vous débarrasser de cet enfant vous ne vous y seriez pas prises autrement". Cette phrase prononcée par le président du tribunal, ce mardi après-midi au cours de l'audience correctionnelle a fait frissonner la salle, glacée à la fois par la climatisation poussée à l'extrême, et par l'horreur des faits décrits dans cette affaire. Mais elle n'a pas arraché ni larmes ni remords visibles à cette jeune mère de famille poursuivie pour homicide involontaire et non assistance à personne en danger sur la personne de son propre fils, un nourrisson de 7 mois à peine abandonné durant près de trois heures dans la voiture de sa mère, garée en plein soleil.
D'autant que, ce que les deux parents présents à l'audience continuent de présenter comme un "accident" est un bien sordide fait divers. Premier acte : à 12h50, la mère se rend chez une amie pour y acheter des gâteaux, elle prend avec elle le nourrisson de 7 mois –alors que son mari est à la maison avec leur fille- se gare chez son amie en laissant le bébé dans la voiture qu'elle prend soin de fermer. Elle ne devait rester qu'un instant mais discute finalement longuement avec son amie et d'autres personnes qui sont présentes et ne repart que vers 14h15. Elle ne se souvient de la présence de son fils qu'au moment de faire sa marche arrière pour sortir. Elle s'aperçoit qu'il va mal : il a la tête penchée en avant mais ne s'en préoccupe pas plus que ça, ne fait rien pour aller voir dans quel état il est exactement, n'ameute pas les secours.
ALTÉRATION DU DISCERNEMENT
Mieux, elle rentre chez elle, elle prend soin de mettre le gâteau au frais et part dans une longue discussion avec son mari au sujet de sa grande fille de 10 ans née d'un autre lit, restée en métropole avec son père et pour laquelle elle se bat depuis des mois pour en obtenir la garde. 1h30 de plus au soleil pour le nourrisson, toujours enfermé dans la voiture. "Il y a un contraste détonant entre votre surinvestissement de mère quant à votre fille et votre totale absence d'investissement en ce qui concerne votre fils" fait remarquer le président du tribunal qui a longuement exposé la situation personnelle de cette jeune femme entièrement focalisée sur le devenir de la garde de sa fille. Sauf que durant le même temps, son petit garçon restait accroché à son siège auto de 12h50 à 16h25 au total ! "Il me semble que le premier geste d'une mère aurait été d'aller voir ce bébé, il ne bougeait plus, il ne pleurait pas (…) Comment une mère peut-elle avoir ce comportement avec son enfant ? Est-ce que ce n'était pas le moyen de s'en débarrasser ? Est-ce qu'il n'était pas un inconvénient?" interroge encore le président du tribunal.
A la barre, toujours les yeux secs et la locution aisée, la prévenue explique qu'elle n'avait pensé qu'à l'avenir de sa fille, même si dans ses premières déclarations aux gendarmes elle avait déclaré avoir paniqué au vu de l'état du bébé et avoir volontairement détourné l'attention de son mari pour le concentrer sur les problèmes d'avocat du moment. Lui, pendant ce temps pense qu'elle a remis l'enfant au lit en revenant de sa course pour le gâteau et ce n'est donc que bien plus tard, beaucoup trop tard qu'il comprend que le bébé est resté tout ce temps enfermé dans la voiture. Il lui prodigue les premiers secours, mais il n'y a plus rien à faire. "Déshydratation intense en raison d'une chaleur excessive. Un décès qui n'est pas d'origine naturelle. Mort par négligence" conclut l'expertise du médecin légiste.
"J'ai beaucoup de mal à écouter ce couple, ces gens qui parlent bien et sans aucun affect (…) Après deux périodes de 1h30 au soleil, l'enfant n'avait aucune chance. Elle en a même rajouté en ne portant pas secours à son enfant… Des histoires d'enfants abandonnés dans des voitures il y en a bien sûr, mais, elle, elle commet une deuxième infraction en n'appelant pas les secours. La peine doit être sévère pour le comportement qu'elle a eu. Ce gamin avait peut-être une chance d'être sauvé, elle l'en a privé". En raison d'une expertise psychologique démontrant qu'elle a pu subir une altération de discernement, le tribunal ne pourra pas aller jusqu'au cinq ans d'emprisonnement encourus. Il est requis finalement 3 ans de prison dont une année avec sursis simple. Le délibéré sera rendu le 26 janvier prochain.
"Ce n'est pas un infanticide, mais ce dossier aurait pu avoir sa place devant une cour d'Assises. L'interrogation sur vos intentions ne sont pas déplacées, car, vous auriez voulu vous débarrasser de cet enfant vous ne vous y seriez pas prises autrement". Cette phrase prononcée par le président du tribunal, ce mardi après-midi au cours de l'audience correctionnelle a fait frissonner la salle, glacée à la fois par la climatisation poussée à l'extrême, et par l'horreur des faits décrits dans cette affaire. Mais elle n'a pas arraché ni larmes ni remords visibles à cette jeune mère de famille poursuivie pour homicide involontaire et non assistance à personne en danger sur la personne de son propre fils, un nourrisson de 7 mois à peine abandonné durant près de trois heures dans la voiture de sa mère, garée en plein soleil.
D'autant que, ce que les deux parents présents à l'audience continuent de présenter comme un "accident" est un bien sordide fait divers. Premier acte : à 12h50, la mère se rend chez une amie pour y acheter des gâteaux, elle prend avec elle le nourrisson de 7 mois –alors que son mari est à la maison avec leur fille- se gare chez son amie en laissant le bébé dans la voiture qu'elle prend soin de fermer. Elle ne devait rester qu'un instant mais discute finalement longuement avec son amie et d'autres personnes qui sont présentes et ne repart que vers 14h15. Elle ne se souvient de la présence de son fils qu'au moment de faire sa marche arrière pour sortir. Elle s'aperçoit qu'il va mal : il a la tête penchée en avant mais ne s'en préoccupe pas plus que ça, ne fait rien pour aller voir dans quel état il est exactement, n'ameute pas les secours.
ALTÉRATION DU DISCERNEMENT
Mieux, elle rentre chez elle, elle prend soin de mettre le gâteau au frais et part dans une longue discussion avec son mari au sujet de sa grande fille de 10 ans née d'un autre lit, restée en métropole avec son père et pour laquelle elle se bat depuis des mois pour en obtenir la garde. 1h30 de plus au soleil pour le nourrisson, toujours enfermé dans la voiture. "Il y a un contraste détonant entre votre surinvestissement de mère quant à votre fille et votre totale absence d'investissement en ce qui concerne votre fils" fait remarquer le président du tribunal qui a longuement exposé la situation personnelle de cette jeune femme entièrement focalisée sur le devenir de la garde de sa fille. Sauf que durant le même temps, son petit garçon restait accroché à son siège auto de 12h50 à 16h25 au total ! "Il me semble que le premier geste d'une mère aurait été d'aller voir ce bébé, il ne bougeait plus, il ne pleurait pas (…) Comment une mère peut-elle avoir ce comportement avec son enfant ? Est-ce que ce n'était pas le moyen de s'en débarrasser ? Est-ce qu'il n'était pas un inconvénient?" interroge encore le président du tribunal.
A la barre, toujours les yeux secs et la locution aisée, la prévenue explique qu'elle n'avait pensé qu'à l'avenir de sa fille, même si dans ses premières déclarations aux gendarmes elle avait déclaré avoir paniqué au vu de l'état du bébé et avoir volontairement détourné l'attention de son mari pour le concentrer sur les problèmes d'avocat du moment. Lui, pendant ce temps pense qu'elle a remis l'enfant au lit en revenant de sa course pour le gâteau et ce n'est donc que bien plus tard, beaucoup trop tard qu'il comprend que le bébé est resté tout ce temps enfermé dans la voiture. Il lui prodigue les premiers secours, mais il n'y a plus rien à faire. "Déshydratation intense en raison d'une chaleur excessive. Un décès qui n'est pas d'origine naturelle. Mort par négligence" conclut l'expertise du médecin légiste.
"J'ai beaucoup de mal à écouter ce couple, ces gens qui parlent bien et sans aucun affect (…) Après deux périodes de 1h30 au soleil, l'enfant n'avait aucune chance. Elle en a même rajouté en ne portant pas secours à son enfant… Des histoires d'enfants abandonnés dans des voitures il y en a bien sûr, mais, elle, elle commet une deuxième infraction en n'appelant pas les secours. La peine doit être sévère pour le comportement qu'elle a eu. Ce gamin avait peut-être une chance d'être sauvé, elle l'en a privé". En raison d'une expertise psychologique démontrant qu'elle a pu subir une altération de discernement, le tribunal ne pourra pas aller jusqu'au cinq ans d'emprisonnement encourus. Il est requis finalement 3 ans de prison dont une année avec sursis simple. Le délibéré sera rendu le 26 janvier prochain.