Elevage porcin : "il faut produire local" plaide la chambre d’agriculture


PAPEETE, 24 juillet 2018 – Le projet d’élevage porcin de Taravao a reçu mardi le soutien de la chambre d’agriculture, alors que partisans et opposants de ce projet doivent se rencontrer vendredi pour un débat contradictoire, à la mairie de Taiarapu-Est.

"Nous voulons tous ‘Manger Local’, il faut donc que nos agriculteurs et nos éleveurs puissent ‘Produire Local’", observe la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL) dans un plaidoyer mis en circulation mardi en faveur du projet de la SCEA Polycultures.

La société civile d'exploitation agricole SCEA Polycultures, dirigée par Bruno Wan, a pour projet de réaliser d’importants travaux de terrassement et de viabilisation sur le plateau de Taravao, en vue de l’installation d’un élevage porcin sur le domaine Hiupe.

Un collectif de riverains s’oppose à ce projet d’élevage de 1844 cochons, par crainte des nuisances environnementales. Une rencontre et un débat contradictoire sont organisés ce vendredi à 10 heures, mairie de Taravao.

C’est dans ce contexte que la chambre d‘agriculture est entrée dans le débat, mardi pour "apporter publiquement son soutien au projet" et vanter le "professionnalisme" de son promoteur.

Les lisiers pour l’agriculture biologique

Pour la chambre consulaire, ce projet d’élevage porcin s’inscrit "dans une perspective de développement de la filière porcine, garantissant la création d'emplois et d'activités", dans un contexte où "près de 70% de la viande porcine consommée en Polynésie est importée pour pallier au manque de production locale" : "Nous sommes persuadés qu'un nouvel élevage, à la pointe des exigences sanitaires européennes, permettra de tirer vers le haut la filière, tant en quantité qu'en qualité", défend aussi la chambre d’agriculture.

Au sujet des lisiers, les déjections des animaux dont les riverains redoutent les nuisances sur l’environnement, "l'objectif du Pays, partagé par la CAPL est d'orienter la production locale vers une production en agriculture biologique. Cette dernière, pour ce faire, peut nécessiter des engrais naturels qui amélioreront le sol pour mieux nourrir les plantes. Il est reconnu qu'un sol, avec une fertilisation en matière organique maîtrisée, permettra de nourrir une plante de manière bien plus efficace que par l'utilisation d'une fertilisation chimique minérale", défend la Chambre. "Ces déchets d'élevage, matières organiques fertilisantes, si certains les voient comme une source de problème futur, une bonne partie des agriculteurs les voient comme une ressource naturelle locale à grande valeur agronomique".

"Notre objectif est d'aller vers l'autosuffisance alimentaire. Même si cet objectif n'est pas envisagé à court terme, nous restons persuadés que nous avons besoins de montrer, par l'augmentation et la création d'activité, que les métiers d'agriculteur et d'éleveur ont leur place dans l'économie du Pays", conclut ce plaidoyer en insistant sur le principe du "Manger Local", au cœur d’une campagne de communication portée par la chambre consulaire depuis l’année dernière.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 24 Juillet 2018 à 15:04 | Lu 7336 fois