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El Niño, une menace pour les Galapagos


El Niño, une menace pour les Galapagos
QUITO, 8 octobre 2013 (AFP) - Le réchauffement du Pacifique, connu sous le nom d'El Niño en Amérique latine, menace-t-il de mort le célèbre archipel équatorien des Galapagos? Une équipe scientifique va sonder l'océan pour en avoir le coeur net.

Même si aucun lien n'a été formellement établi, El Niño, qui se traduit aussi par de fortes pluies, est suspecté de porter atteinte à des espèces marines uniques dans ce paradis naturel, perdu à un millier de kilomètres des côtes équatoriennes.

"Pendant des centaines d'années, le climat s'est maintenu sans le facteur nouveau du réchauffement global", explique à l'AFP Eduardo Espinoza, responsable des recherches marines du Parc national des Galapagos (PNG).

"Avec de prochaines études, nous allons pouvoir déterminer si le changement climatique entraîne ces phénomènes d'El Niño de plus grandes intensité et fréquence", poursuit-il.

Avec pour objectif de mieux cerner cette anomalie climatique et contribuer à protéger l'archipel, connu pour avoir inspiré au biologiste britannique Charles Darwin la théorie de l'évolution des espèces, une équipe de scientifique vont lancer à la mi-octobre une expédition inédite.

Pendant deux ans, six robots vont s'enfoncer dans les eaux cernant les Galapagos afin de recueillir des données sur le courant de Cromwell, qui permet la régénération des aliments nourrissant les espèces animales. Une opération montée par l'Institut océanographique de l'armée (Inocar) avec la collaboration des centres de recherches américains WHOL et Scripps.

Pratiquement plus de récifs de corail

"El Niño a laissé des traces dans les Galapagos. En particulier, l'augmentation de la température a pratiquement fait disparaître tous les récifs de corail", indique à l'AFP le capitaine Wellington Rentería, l'un des membres de l'Inocar.

Récemment, le Programme international sur l'état des océans (IPSO) et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ont pointé trois maux des océans: le réchauffement global, la désoxygénation et l'acidification des eaux.

Après l'Australie, les îles Galapagos, déclarées Patrimoine de l'humanité de l'Unesco, constituent la plus grande réserve marine de la planète, avec quelque 133.000 km2, selon le PNG.

Entre 1982 et 1998, El Niño a eu un impact mortel sur l'archipel: destruction de coraux, réduction de la population de pingouins, en voie d'extinction, ainsi que de cormorans, de loups de mer et d'iguanes.

Certaines espèces sont mortes de faim, privées de leurs aliments, car le phénomène climatique réduit la productivité des eaux. Pour les animaux, des années sont parfois nécessaires pour s'en remettre.

"Nous avons découvert quelque chose de très intéressant chez les iguanes de mer. Avec le phénomène El Niño, ils rapetissent, ils maigrissent. Ils perdent jusqu'à cinq centimètres de taille", raconte à l'AFP Judith Denkinger, biologiste à l'Institut des sciences de la mer de l'Université San Francisco de Quito.

Après chaque passage d'El Niño, dont la fréquence varie entre deux et huit ans, les espèces peuvent prendre 15 à 30 ans avant de rétablir l'équilibre entre la natalité et la mortalité.

En outre, les scientifiques n'excluent pas d'autres phénomènes climatiques qui pourraient conduire à l'"extinction" des espèces, selon Mme Denkinger. La scientifique, grande spécialiste des Galapagos, assure que la vie maritime s'y détériore plus rapidement que la vie terrestre.

Rédigé par Par Hector Velasco le Lundi 7 Octobre 2013 à 21:09 | Lu 339 fois