TAHITI, le 18 novembre 2020 - Philippe Darius vit dans Le petit jardin du Tahara'a, en famille. Avec sa compagne, Vaiana Tekakeoteragi et quelques amis, il a fondé Ekopia Tahiti. Une école qui encourage et accompagne les résidents de Polynésie à transformer leur jardin en fa'a'apu nourricier.
"Avant 2011, ici, il n'y avait qu'une pelouse bien tondue", décrit Philippe Darius. D'un geste, il désigne l'espace autour de sa maison. Aujourd'hui, il y a de nombreux arbres, au sol se trouvent des îlots de plantation qui servent également de pépinière.
Des pousses encore timides de concombres, pourpiers, carottes, persil, ginseng… percent, protégées par des aînées. La plupart d'entre elles atteignent l'âge adulte. "Je fais des tests", explique Philippe Darius "pour comprendre ce dont elles ont besoin". Il engrange un savoir qu'il a décidé de partager.
Certaines des plantes passeront leur vie sur leur lieu de naissance, d'autres rejoindront le jardin de visiteurs de passage par exemple. La végétation, en apparence livrée à elle-même, recouvre sur plusieurs niveaux la pelouse bien tondue d'antan.
Il y a, dans un coin choisi, un poulailler construit en bois de palettes et en torchis. Il est le refuge de Framboise, la poule pondeuse.
Bienvenue au Petit jardin du Tahara'a.
Le terrain s'étend sur environ 850 mètres carrés. Il fournit aux habitants du logis (ils sont quatre, Philippe Darius, sa compagne Vaiana Tekakeoteragi et leurs deux filles, Heilani, 11 ans et Makealani, 4 ans) des fruits, des légumes, des plantes aromatiques.
En cuisine, la famille se régale entre autres de mangues, de uru, de corossols, de caramboles, d’avocats, de chou kanak… Les recettes, originales, sont parsemées de fleurs colorées, elles contiennent des feuilles goûteuses et savoureuses.
Le jardin peut être nourricier. Philippe Darius le sait, depuis toujours. Il l'a prouvé et encourage désormais d'autres à faire de même.
Du rat des villes au rat des champs
Né à Paris, il était, avant, un "rat des villes". Mais dès qu'il s'échappait à la campagne, qu'il rendait visite à des amis installés loin des cités, il ne pouvait s'empêcher de planter quelques aromatiques. "C'était plus fort que moi."
Il s'intéresse par ailleurs beaucoup aux plantes médicinales. Sa famille, du côté maternelle est "paysanne". Et il pense que son attachement à la terre vient, en partie, de là.
Il a pu observer le métier de paysan mais aussi l'évolution de ce métier. Ou plutôt la dérive, les champs, toujours plus grands, l’outillage massif, la monoculture.
Ce qui paraissait être un enrichissement n'était sans doute, finalement, qu'un asservissement. "Je crois que ça explique mon envie de réparer."
Il y a presque dix ans, Philippe Darius s’est installé dans une servitude du Tahara'a à l'abri des bruits de la ville. Il a aussitôt mis les mains dans la terre. Il a planté des arbres, en tout premier lieu inspiré par les travaux de Ernst Gotsch (voir encadré sur l'agriculture syntropique).
Au départ, il y a des arbres. Ils apportent beaucoup : "de l'ombre", liste Philippe Darius, "mais pas seulement. Ce sont eux qui permettent d’entretenir la fertilité du sol. Ils font aussi revenir les oiseaux, il y a donc de la vie supplémentaire".
Philippe Darius s'est consacré à son jardin sur son temps libre pendant des années. Il était orthophoniste. Pour partager ses trouvailles et échanger avec d'autres, il a fondé la page Facebook La Vie en abondance fin 2015. Elle compte aujourd’hui 9 700 membres, une centaine de modérateurs et une dizaine d’administrateurs.
Pendant le confinement, il a pris le temps de réfléchir. "Cela a été l'occasion pour moi de prendre du recul, de savoir ce que je voulais faire vraiment." C'est à ce moment-là qu'est née Ekopia.
Une école de la permaculture
Ekopia, à terme, se veut être une école. Aujourd'hui, elle propose des stages de permaculture. "La permaculture est une approche de l'agriculture respectueuse du vivant, de l'humain. Elle est la plus autosuffisante possible, la plus régénérative possible. Pour moi, elle rejoint les méthodes ancestrales d’agricultures."
Il n s'agit donc pas tant d'innover que de revenir à des choses qui fonctionnent depuis la nuit des temps. En ce sens, elles sont des modèles car n'épuisent pas les sols.
Ekopia transmet des idées, des techniques à tous ceux qui souhaitent créer leur fa'a'apu. "Notre méthode, explique Vaiana Tekakeoteragi, c’est l'apprentissage par l'atelier".
Les stagiaires ne se contentent pas d'observer et écouter, ils font. Ils creusent, coupent, plantent et dégustent. Les premiers stages ont été proposés à la sortie du confinement. Ils sont en standby actuellement en raison des mesures sanitaires. Un référentiel est en cours de constitution.
Dans l'attente de retrouver les particuliers, Ekopia travaille avec des communes. Et notamment avec Papeete où elle forme des CAE qui deviendront des référents pour les quartiers. "Il s'agit de transmettre les méthodes, outils, techniques au plus grand nombre pour gagner en indépendance, en autonomie alimentaire à l’échelle des familles, voire des quartiers, des communes…"
Le groupe hôtelier InterContinental travaille également avec Ekopia pour faire évoluer sa proposition touristique.
Il veut constituer des îlots de permaculture dans ses établissements pour fournir une alimentation plus durable à ses visiteurs et pour leur offrir une expérience ancrée dans le territoire.
Toutes les initiatives, quelle que soit leur ampleur, sont des graines qui germent.
"Avant 2011, ici, il n'y avait qu'une pelouse bien tondue", décrit Philippe Darius. D'un geste, il désigne l'espace autour de sa maison. Aujourd'hui, il y a de nombreux arbres, au sol se trouvent des îlots de plantation qui servent également de pépinière.
Des pousses encore timides de concombres, pourpiers, carottes, persil, ginseng… percent, protégées par des aînées. La plupart d'entre elles atteignent l'âge adulte. "Je fais des tests", explique Philippe Darius "pour comprendre ce dont elles ont besoin". Il engrange un savoir qu'il a décidé de partager.
Certaines des plantes passeront leur vie sur leur lieu de naissance, d'autres rejoindront le jardin de visiteurs de passage par exemple. La végétation, en apparence livrée à elle-même, recouvre sur plusieurs niveaux la pelouse bien tondue d'antan.
Il y a, dans un coin choisi, un poulailler construit en bois de palettes et en torchis. Il est le refuge de Framboise, la poule pondeuse.
Bienvenue au Petit jardin du Tahara'a.
Le terrain s'étend sur environ 850 mètres carrés. Il fournit aux habitants du logis (ils sont quatre, Philippe Darius, sa compagne Vaiana Tekakeoteragi et leurs deux filles, Heilani, 11 ans et Makealani, 4 ans) des fruits, des légumes, des plantes aromatiques.
En cuisine, la famille se régale entre autres de mangues, de uru, de corossols, de caramboles, d’avocats, de chou kanak… Les recettes, originales, sont parsemées de fleurs colorées, elles contiennent des feuilles goûteuses et savoureuses.
Le jardin peut être nourricier. Philippe Darius le sait, depuis toujours. Il l'a prouvé et encourage désormais d'autres à faire de même.
Du rat des villes au rat des champs
Né à Paris, il était, avant, un "rat des villes". Mais dès qu'il s'échappait à la campagne, qu'il rendait visite à des amis installés loin des cités, il ne pouvait s'empêcher de planter quelques aromatiques. "C'était plus fort que moi."
Il s'intéresse par ailleurs beaucoup aux plantes médicinales. Sa famille, du côté maternelle est "paysanne". Et il pense que son attachement à la terre vient, en partie, de là.
Il a pu observer le métier de paysan mais aussi l'évolution de ce métier. Ou plutôt la dérive, les champs, toujours plus grands, l’outillage massif, la monoculture.
Ce qui paraissait être un enrichissement n'était sans doute, finalement, qu'un asservissement. "Je crois que ça explique mon envie de réparer."
Il y a presque dix ans, Philippe Darius s’est installé dans une servitude du Tahara'a à l'abri des bruits de la ville. Il a aussitôt mis les mains dans la terre. Il a planté des arbres, en tout premier lieu inspiré par les travaux de Ernst Gotsch (voir encadré sur l'agriculture syntropique).
Au départ, il y a des arbres. Ils apportent beaucoup : "de l'ombre", liste Philippe Darius, "mais pas seulement. Ce sont eux qui permettent d’entretenir la fertilité du sol. Ils font aussi revenir les oiseaux, il y a donc de la vie supplémentaire".
Philippe Darius s'est consacré à son jardin sur son temps libre pendant des années. Il était orthophoniste. Pour partager ses trouvailles et échanger avec d'autres, il a fondé la page Facebook La Vie en abondance fin 2015. Elle compte aujourd’hui 9 700 membres, une centaine de modérateurs et une dizaine d’administrateurs.
Pendant le confinement, il a pris le temps de réfléchir. "Cela a été l'occasion pour moi de prendre du recul, de savoir ce que je voulais faire vraiment." C'est à ce moment-là qu'est née Ekopia.
Une école de la permaculture
Ekopia, à terme, se veut être une école. Aujourd'hui, elle propose des stages de permaculture. "La permaculture est une approche de l'agriculture respectueuse du vivant, de l'humain. Elle est la plus autosuffisante possible, la plus régénérative possible. Pour moi, elle rejoint les méthodes ancestrales d’agricultures."
Il n s'agit donc pas tant d'innover que de revenir à des choses qui fonctionnent depuis la nuit des temps. En ce sens, elles sont des modèles car n'épuisent pas les sols.
Ekopia transmet des idées, des techniques à tous ceux qui souhaitent créer leur fa'a'apu. "Notre méthode, explique Vaiana Tekakeoteragi, c’est l'apprentissage par l'atelier".
Les stagiaires ne se contentent pas d'observer et écouter, ils font. Ils creusent, coupent, plantent et dégustent. Les premiers stages ont été proposés à la sortie du confinement. Ils sont en standby actuellement en raison des mesures sanitaires. Un référentiel est en cours de constitution.
Dans l'attente de retrouver les particuliers, Ekopia travaille avec des communes. Et notamment avec Papeete où elle forme des CAE qui deviendront des référents pour les quartiers. "Il s'agit de transmettre les méthodes, outils, techniques au plus grand nombre pour gagner en indépendance, en autonomie alimentaire à l’échelle des familles, voire des quartiers, des communes…"
Le groupe hôtelier InterContinental travaille également avec Ekopia pour faire évoluer sa proposition touristique.
Il veut constituer des îlots de permaculture dans ses établissements pour fournir une alimentation plus durable à ses visiteurs et pour leur offrir une expérience ancrée dans le territoire.
Toutes les initiatives, quelle que soit leur ampleur, sont des graines qui germent.
Ekopia Tahiti, un travail collectif
Ekopia est un projet porté par huit partenaires. En plus de Philippe Darius et de sa compagne Vaiana Tekakeoteragi, il y a Camille Lievens-Demeyre, naturopathe ; Sacha Bruni qui a découvert l’agriculture en métropole ; Jean-François Haitz qui a "beaucoup vadrouillé". Il a notamment séjourné en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu où il a vécu dans des tribus, découvrant au plus près l'agriculture vivrière. Il croit beaucoup à l'agriculture syntropique (voir encadré ci-dessous).
Il y a aussi Heimanu Villierme dans l'équipe qui a un projet de plantation familiale. Il a participé au premier stage d'Ekopia et, croyant beaucoup au travail collectif, s'est engagé à son tour.
Nicolas Manutea Poiraud, lui, est passé par la gastronomie. Il a travaillé dans différents grands hôtels du monde. Il valorise tous les produits cultivés afin de pouvoir les savourer. Ken, enfin, enfant de Mahina, expérimente. Il fait des greffes, marcottes, boutures, il est le chercheur d’Ekopia.
Ekopia est un projet porté par huit partenaires. En plus de Philippe Darius et de sa compagne Vaiana Tekakeoteragi, il y a Camille Lievens-Demeyre, naturopathe ; Sacha Bruni qui a découvert l’agriculture en métropole ; Jean-François Haitz qui a "beaucoup vadrouillé". Il a notamment séjourné en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu où il a vécu dans des tribus, découvrant au plus près l'agriculture vivrière. Il croit beaucoup à l'agriculture syntropique (voir encadré ci-dessous).
Il y a aussi Heimanu Villierme dans l'équipe qui a un projet de plantation familiale. Il a participé au premier stage d'Ekopia et, croyant beaucoup au travail collectif, s'est engagé à son tour.
Nicolas Manutea Poiraud, lui, est passé par la gastronomie. Il a travaillé dans différents grands hôtels du monde. Il valorise tous les produits cultivés afin de pouvoir les savourer. Ken, enfin, enfant de Mahina, expérimente. Il fait des greffes, marcottes, boutures, il est le chercheur d’Ekopia.
L'agriculture syntropique, des arbres à la base
Le principe de base de cette forme d’agriculture est de cesser d’opposer nature et agriculture, avec l’idée que la puissance des écosystèmes peut être démultipliée grâce à l’action de l’homme dans l’objectif de produire de la nourriture.
Ernst Gotsch a popularisé ces pratiques pendant plusieurs décennies. Scientifique d’origine suisse, Ernst Gotsch s'est installé au Brésil en 1976 et a acquis en 1984 dans l'État aride de Bahia, une fazenda de 500 hectares de terres dégradées et considérées comme improductives.
Il a expérimenté sur ce terrain la mise en place de systèmes agroforestiers inspirés des successions végétales naturelles. Trente ans plus tard, les cultures et les arbres plantés ont recréé un environnement naturel complexe. Les anciennes terres dégradées se sont transformées en 410 hectares de forêts régénérées.
Agenda Gotsch et Fazenda da Toca l'ont tout récemment catapulté dans le courant dominant avec le film Life in Syntropy.
Le principe de base de cette forme d’agriculture est de cesser d’opposer nature et agriculture, avec l’idée que la puissance des écosystèmes peut être démultipliée grâce à l’action de l’homme dans l’objectif de produire de la nourriture.
Ernst Gotsch a popularisé ces pratiques pendant plusieurs décennies. Scientifique d’origine suisse, Ernst Gotsch s'est installé au Brésil en 1976 et a acquis en 1984 dans l'État aride de Bahia, une fazenda de 500 hectares de terres dégradées et considérées comme improductives.
Il a expérimenté sur ce terrain la mise en place de systèmes agroforestiers inspirés des successions végétales naturelles. Trente ans plus tard, les cultures et les arbres plantés ont recréé un environnement naturel complexe. Les anciennes terres dégradées se sont transformées en 410 hectares de forêts régénérées.
Agenda Gotsch et Fazenda da Toca l'ont tout récemment catapulté dans le courant dominant avec le film Life in Syntropy.
Contacts
Fb : Le petit jardin du Tahara'a
FB : Ekopia Tahiti
FB : Hotu Ora – La vie en abondance
Mail : ekopiatahiti@gmail.com
Tél. : 87 71 21 99
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