Église protestante : le reo mā'ohi, l'environnement et le nucléaire au menu du 134è synode


Le 134è synode de l'Eglise protestante mā'ohi s'est terminé dimanche au temple de Taunoa.
PAPEETE, le 30 juillet 2018 - Cette grande rencontre s'est terminée dimanche matin, au temple de Taunoa. Durant une semaine, les hauts responsables de cette église ont échangé sur divers sujet, dont l'officialisation du reo mā'ohi ou encore les impacts environnementaux causés par l'homme.

Le synode réunit les hauts responsables de l’Église protestante mā'ohi, afin de faire un point sur divers sujets, tels que la culture, la société ou encore l'environnement.

Ouvert le 21 juillet dernier, ce 134ème synode s'est achevé dimanche matin, au temple protestant de Taunoa, à Papeete. Un culte qui a rassemblé les représentants du pays et d'autres politiciens.

Durant une semaine, les membres de ce synode ont débattu de divers sujets. "Les travaux ont été portés sur le thème de l'unité de la création avec l'humanité, et je pense que c'est une thématique très importante aujourd'hui, vu le contexte écologique et environnemental dans lequel nous nous trouvons sur le plan local et international. Certes, beaucoup de choses ont été faites, mais je pense qu'il faut travailler aussi sur la conscience", explique Taarii Maraea, président de l’Église protestante mā'ohi.

LA PLACE DU REO MĀ'OHI

Mais ce n'est pas tout, d'autres sujets étaient également au cœur des débats, comme le nucléaire ou le reo mā'ohi. "Nous pensons que nous avons beaucoup travaillé sur les questions de la langue, du reo mā'ohi, mais, en tant que vecteur de la communication, et ça s'est arrêté à ce niveau. Je pense qu'il faut tout reprendre en main et dire que tout peuple a droit à sa propre langue. On vit dans un monde, où, chaque jour, une langue disparait. C'est impossible. Je crois que chaque peuple doit parler sa propre langue, et on doit reconnaitre un peuple dans sa propre langue. On n'a pas le droit de détruire cela", déplore le président de l’Église protestante mā'ohi. "À une certaine époque, le reo mā'ohi trouvait sa place parmi les deux langues, en tant que langue officielle dans notre pays. Je suis un peu désolé qu'aujourd'hui, on ait retiré cela. Je sais très bien que l'article de la constitution de la République veut une seule et même langue. Malheureusement, je suis à Mā'ohi Nui et j'aimerais bien qu'on reconnaisse ma langue en tant que langue officielle", ajoute-t-il.

Officialiser le reo mā'ohi est donc une priorité pour l’Église protestante mā'ohi.

"Il faut que l'on discute avec les autorités compétentes, mais oui pourquoi pas ? Mais ce qu'il faut, c'est qu'on arrête de ne parler que le français dans les familles. C'est une bataille qu'il faut mener dès la jeune enfance, et s'assurer que dans l'esprit-même, les Polynésiens acceptent que la langue tahitienne soit la leur. Je pense que ça viendra avec l'éducation. C'est à nous à éduquer nos enfants et nos populations à utiliser le tahitien", souligne Edouard Fritch, président de Polynésie française.

NUCLÉAIRE : UN GROUPE À NEW-YORK ET À GENÈVE

Au sujet du nucléaire, l’Église instaure le même débat concernant notamment la responsabilité de l’État français dans ce dossier. "C'est un appel à l’État français d'accepter toutes les erreurs qu'elle a commises par le nucléaire, et qu'elle présente ses excuses au peuple Mā'ohi pour tous les dégâts occasionnés dans notre pays", déclare le pasteur Mitema Tapati.

"Il y a un article, qui a été retiré des Nations Unies, qui parle des responsabilités de l’État français sur les essais nucléaires à Mā'ohi Nui. On lance un appel aux Nations Unies pour remettre cet article à sa place. Donc, nous avons décidé d'envoyer une délégation, qui sera menée par le président de l’Église, qui fera l'objet d'une intervention auprès du comité des 24, aux Nations Unies et aussi à Genève, au sein du comité des droits de l'Homme. On appelle aussi au gouvernement à ce qu'il prenne ses responsabilités par rapport aux essais nucléaires. Il ne faut pas qu'il soit l'envoyé spécial de l’État français aux Nations Unies. Il ne faut pas que le nucléaire soit un sujet politique, dans le sens politicien. Il faut que ce soit une lutte qui va dans le sens de la responsabilité du pays, et où le peuple Mā'ohi sera mis en avant", poursuit-il.

"C'est un cheval de bataille bien connu", indique Edouard Fritch.

Concernant sa plainte contre l’État devant l'Organisation des Nations Unies, déposée en 2016, l’Église assure que la procédure suit son cours.

>>> L’Église envisage de poursuivre l’État devant l'ONU <<<

Le prochain synode se tiendra l'an prochain à Moorea, au sein de la paroisse de Afareaitu.


Le 135ème synode se tiendra l'an prochain, à Moorea, au sein de la paroisse de Afareaitu.

Rédigé par Corinne Tehetia le Lundi 30 Juillet 2018 à 10:29 | Lu 1492 fois