Edouard Fritch joue la carte de la séduction avec les tavana


La tribune officielle pour l'ouverture du 26e congrès des communes : Makalio Folituu (CESC), Edouard Fritch président du Pays, Cyril Tetuanui président du SPC, Lionel Beffre, haut commissaire.
PIRAE, le 14 septembre 2015. Le congrès des communes organisé par le Syndicat pour la promotion des communes de Polynésie française (SPCPF) a démarré ses travaux, ce lundi après-midi, en mairie de Pirae.

Le ton est donné. En tant que président du Pays, c'est Edouard Fritch qui a pris la parole en premier à la tribune du congrès et très vite, il rappelle l'amicale complicité qu'il entretient avec les tavana, étant lui-même issu de ce sérail politique de proximité. Son style s'affirme dans la différence dit-il. Après les formules de politesse d'usage il entre dans le dur. Il est dans "la rupture des pratiques de la gouvernance passée qui faisait trop peu cas du sort des communes, considérant qu'il ne revenait qu'à l'Etat et à l'Etat seul de s'en préoccuper".

Effectivement, dès son arrivée à la tête du Pays, qui coïncide presque jour pour jour avec la date d'ouverture de ce 26e congrès des communes, Edouard Fritch a eu une attitude de dialogue et de concertation avec les maires et les communes. Au passage il critique, "la volonté passée de brider les communes pour de mauvais prétextes". Ce qui a conduit à l'amplification des difficultés financières des communes avec les retards importants, au fur et à mesure des années, des moyens financiers du FIP (fonds intercommunal de péréquation.

Il souligne également son action décisive pour que les communes soient associées à un contrat de projets spécial avec l'Etat, ce qui est novateur. Au cœur des préoccupations enfin, le partage des compétences entre le Pays et les communes qui sera sans doute revu au cours du toilettage législatif du statut du Pays dans les prochains mois au Parlement.

LE RETOUR A LA REALITE

De l'autre côté, l'Etat est là pour rappeler que de nouvelles compétences les communes en ont déjà eues, ces dernières années, et qu'elles ont visiblement bien du mal à s'y conformer. Le haut commissaire cite les obligations environnementales (eau potable, assainissement, traitement des déchets) pour lesquelles les communes de Polynésie ont obtenu, in extremis en juillet dernier, un rallongement des délais jusqu'en 2024. "Cette échéance paraît lointaine d'autant qu'il y a des élections entre temps" explique Lionel Beffre mais, "sans ces services de base, le développement économique des communes ne sera pas durable" prévient-il.

Enfin, le haut commissaire attend avec impatience le résultat du travail effectué par les tavana concernant le mode de scrutin des communes associées. A celles qui font souffler un vent de défusion, la réponse du représentant de l'Etat est on ne peut plus claire. "Je souhaite vous rappeler l'importance de mutualiser les moyens, on peut difficilement aller vers une solution qui divise. Au niveau national, on travaille avant tout sur le regroupement et non l'inverse" indique Lionel Beffre.


La salle des séances plénières de ce congrès (la salle polyvalente de la mairie de Pirae) est pleine à craquer. Il a fallu rajouter des chaises pour accueillir tous les invités. Ils sont plus de 200.
Les tavana en ateliers de travail

Cette journée de mardi est essentiellement consacrée aux ateliers de travail sur des thématiques précises déterminées par les questions cruciales que se posent dans leurs activités quotidiennes les tavana. Ce matin, quatre ateliers sont organisés simultanément l'un sur la fiscalité communale, un second sur le partage des compétences sociales avec le Pays, un autre concerne les compétences économiques et la possibilité pour les communes d'en exercer une partie. Enfin, un atelier sera consacré au foncier et au frein qu'il représente pour les communes lorsqu'il n'est pas disponible facilement. Demain, trois autres ateliers de travail sont programmés : la commune, un moteur de développement de son territoire ; dégager des marges de manœuvre pour une gestion efficiente et enfin, quelles évolutions nécessaires des textes pour permettre un fonctionnement efficace et répondre aux enjeux de développement. Les synthèses de ces ateliers de travail feront l'objet d'une restitution de leurs débats en séance plénière demain et jeudi matin.

Edouard Fritch dans sa mairie avec sa double "casquette" de tavana de Pirae et de président du Pays.
Les multiples casquettes d'Edouard Fritch

Maire de Pirae et président de la Polynésie française, Edouard Fritch participe à ce 26e congrès des communes de Polynésie française avec ces deux casquettes. Toutefois, même si le congrès est organisé opportunément dans sa mairie de Pirae cette année, c'est en président du Pays qu'il a pris la parole, en premier, en ouverture de cette édition pour rappeler l'axe nouveau de partenariat qu'il avait pris depuis qu'il assume cette responsabilité de président du Pays, en direction des communes. Dans le discours du haut commissaire, on a croisé cette fois un Edouard Fritch député qui avait participé, en 2012 et en 2013, à la faveur des travaux parlementaires, à la mise en place du tribunal foncier qui se matérialise à Papeete depuis quelques mois. A l'issue de ce congrès des communes, c'est de nouveau en tant que président du Pays qu'Edouard Fritch accueillera les maires à la présidence du Pays vendredi pour évoquer avec eux directement le code des marchés publics et la fiscalité communale. Enfin, samedi c'est en fondateur d'un nouveau parti que les tavana -qui le souhaiteront- participeront à la mairie de Pirae de nouveau à la création du nouveau mouvement politique autour d'Edouard Fritch.

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 14 Septembre 2015 à 18:15 | Lu 1434 fois