Edouard Fritch et Teva Rohfritsch font leur rentrée parisienne


PARIS, le 29 août - Le président et le vice-président du Pays sont venus défendre le montant des fonds alloués à la Polynésie Française, au moment où Paris est en train de rendre ses arbitrages budgétaires pour 2018.

"La ministre ne nous a pas fait rêver, mais elle nous a tenu un discours transparent et franc, ce sont de bonnes conditions pour travailler ensemble !" Le président Edouard Fritch est sorti satisfait de son entretien "de rentrée" avec la ministre des Outre-mer, Annick Girardin.

Il s'agissait du dernier rendez-vous important de ce court séjour parisien ; Edouard Fritch rentre mercredi matin au fenua. Le reste de l'agenda de la présidence dans la capitale était consacré en ce début de semaine à des entretiens avec le président du Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen), Alain Christnacht, ainsi qu'avec la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

Le choix de ces interlocuteurs montre bien la première volonté de la Présidence : rassurer les Polynésiens sur la réalité du processus d'indemnisation en cours, mais aussi sur les investissements qui seront bientôt réalisés dans le domaine de la santé en général.

"Nous avons reçu un très bon accueil de la ministre de la Santé, nous avons pu évoquer la venue de trois médecins spécialistes de l'oncologie en Polynésie mais aussi la nécessaire convergence sur les plans nationaux de prévention comme l'obésité et des sujets indépendants du nucléaire", s'est félicité Téva Rohfritsch, vice-président du Pays et ministre de l'Economie.

Il faut dire que pour cette séquence de rentrée parisienne, Edouard Fritch n'était pas seul. Il était entouré d'une délégation qui comptait, outre Teva Rohfritsch, les parlementaires Nicole Sanquer, Maina Sage et Nuihau Laurey. La raison : ce sont ces élus qui devront défendre le niveau des enveloppes budgétaires fléchées par l'Etat en direction de la Polynésie Française. Et ce dernier point constituait le plus gros enjeu de ce déplacement parisien d'Edouard Fritch.

La cause de cette inquiétude autour des budgets alloués au fenua est à chercher du côté du calendrier : les grandes orientations de la loi de finances pour 2018 seront rendues publiques par le gouvernement français à la fin du mois de septembre. En ce moment-même les arbitrages les plus importants sont en train d'être pris, à Paris.

Le président Edouard Fritch est donc venu dans la capitale afin de rappeler le gouvernement à ses obligations envers le Pays. "Contrats de projets, contrats de communes, dette nucléaire : nous avons souhaité faire le point avec la ministre Annick Girardin sur tous les programmes qui concernent le Pays. Il fallait le faire avant les arbitrages budgétaires, parce que nous ne demandons rien de plus que ce qui a été convenu avec le précédent gouvernement".

De son côté, la ministre Annick Girardin n'a pas réagi face à la presse à l'issue de l'entretien avec la délégation polynésienne. Au cours du mois de septembre sa tâche risque d'être compliquée puisqu'elle doit faire face, comme ses collègues du gouvernement, à un très intense effort de réduction des dépenses publiques, organisé par le Premier ministre Edouard Philippe et souhaité de longue date par le président de la république Emmanuel Macron. A la question de savoir si la Polynésie française risque de faire les frais de l'orthodoxie budgétaire, Edouard Fritch se dit serein : "Il y a toujours de l'argent. Ce qu'il faut, c'est l'utiliser à bon escient et de façon raisonnable. Nous sommes sur cette ligne avec la ministre et même s'il est possible de faire des ajustements, nous ne demandons rien de plus que le respect de la parole donnée".

La "parole donnée", c’est d’abord l’Accord de l'Elysée. Il découle directement des annonces faites par l’ancien président de la République, lors de sa visite officielle à Tahiti en février 2016 : "soutien au centre hospitalier", "financement du régime de solidarité" mais aussi "sanctuarisation de la dotation globale d'autonomie" en lien avec la dette nucléaire. Théoriquement, ces avancées ne devraient pas être remises en cause dans la prochaine loi de finances.

La loi "égalité réelle", adoptée par la suite en février 2017, et les engagements qui ont été pris d'indemniser rapidement les victimes des essais nucléaires ont sanctuarisé un certain nombre de ces sujets. Ces sujets, très variés, ont également été abordés lors de la discussion avec la ministre des Outre-mer. Edouard Fritch a ainsi appris que la commission parlementaire chargée de vérifier la bonne mise en œuvre de toutes ces mesures pourrait être opérationnelle dès la fin du mois de septembre. A ce moment-là, une autre phase de discussion aura commencé : celle des Assises de l'Outre-mer. La question de l'évolution statutaire de la Polynésie sera également au menu du prochain round de discussions avec le gouvernement français.

Rédigé par Julien Sartre le Mardi 29 Aout 2017 à 06:13 | Lu 1831 fois