Edito - ​Résilience


Tahiti le 24 octobre 2024. Résilience (nom commun). Capacité à surmonter les chocs traumatiques. Capacité (d'un écosystème, d'une espèce) à retrouver un état d'équilibre après un événement exceptionnel. Capacité (d'un système ou d'un réseau) à continuer de fonctionner en cas de panne.


La Polynésie se doit d’être résiliente face aux effets du réchauffement climatique, et a prouvé sa résilience passée lorsque l’État faisait sauter 193 bombes aux Tuamotu ou plus récente pendant la crise Covid.

Mais ce terme est désormais utilisé au quotidien par la classe politique locale, et à tout va. Chantal Galenon a réussi à le placer trois fois dans son discours de cinq minutes à l’assemblée de la Polynésie française pour la commémoration de la journée des Nations Unies ce jeudi. Tony Géros, une fois.

Il est désormais utilisé à toutes les sauces. ATN démontrait sa résilience en 2021. Moetai Brotherson souhaitait un “développement inclusif et résilient” du numérique. Les femmes doivent être “résilientes”, expliquait encore récemment la vice-présidente lors de la 8e Conférence des ministres de la condition féminine du Pacifique. L’économie devait être “résiliente” pour l’ancien ministre Pomare en juin dernier. Le marché du travail devait être “résilient” pour Vannina Crolas lors d’une réunion avec les tāvana des îles Marquises.
Même Jordy Chan, à Singapour, souhaitait “un projet d’aménagement du territoire et de développement visant à rendre la ville-État plus agréable à vivre, inclusive et résiliente au cours des 10 à 15 prochaines années” alors que l’État dans le même temps proposait des “programmes inter Outre-Mer pour des bâtiments résilients et économes en énergie”.

On continue. Il y en a encore : En 2023, le gouvernement souhaitait un tourisme durable et “résilient” ; la société Gazpac était encouragée à pratiquer “un développement économique et résilient” ; Taivini Teai proposait de “renforcer la résilience alimentaire”.

En 2019 déjà, Jean-Christophe Bouissou proposait la “résilience” dans le secteur du bâtiment. Tearii Alpha en faisait la promotion dans la filière cocotier et Édouard Fritch utilisait ce même mot à longueur de journée pendant la crise Covid.

La population est prévenue… Elle va continuer à surmonter les chocs traumatiques et cultiver l’art de rebondir.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Jeudi 24 Octobre 2024 à 19:15 | Lu 2121 fois