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Edito du CEPF : Urgence pour le plan stratégique de développement du tourisme

2695 mètres de tiare tahiti pour décrocher un record du monde et pour inscrire la Polynésie française au Guinness World Records : pari gagné pour le ministre du tourisme à l’occasion de l’édition 2010 de la Journée Mondiale du Tourisme.


Edito du CEPF : Urgence pour le plan stratégique de développement du tourisme
De quoi réjouir l’initiateur du COST (*) alors qu’en ces temps très difficiles l’ensemble des acteurs de la filière touristique polynésienne ont plutôt tendance à afficher des visages de plus en plus inquiets pour l’avenir.
Ils préfèreraient surement que ce soient 2695 touristes qui déferlent chaque jour dans le hall d’accueil de l’aéroport de Tahiti-Faa’a et qu’ainsi l’objectif du million de touristes par an que s’est fixé le ministre devienne une réalité à très court terme.

On peut toujours rêver mais compte tenu de la situation présente, force est de constater que les contre-performances s’accumulent et que les obstacles se font de plus en plus nombreux pour s’opposer à tout développement touristique durable.

Alors qu’ailleurs des signes encourageants de reprise sont perceptibles, ici la baisse de la fréquentation touristique poursuit sa progression inquiétante mois après mois confirmant la mise « hors marché » de la Polynésie française qui a débuté depuis deux ans.
Avec une fréquentation sur les six premiers mois de l’année inférieure de -11% à celle enregistrée à la même époque 2009, sauf miracle, le score de l’année 2010 devrait se situer aux alentours des 130 000 visiteurs et sera donc très inférieur aux 160 000 réalisés un an plus tôt. Un très mauvais score qui nous ramènerait à celui réalisé en 1992, soit 18 ans en arrière !

Et cette situation ne devrait pas s’améliorer au cours des prochains mois. L’activité des transporteurs aériens et des hôteliers, les deux piliers de l’économie touristique polynésienne, fortement confrontés à la récession depuis plusieurs mois, en sera directement impactée.
Déjà très exorbitants, les tarifs de la destination Polynésie française sont appelés à le devenir encore plus du fait de la hausse des taxes aéroportuaires destinées à financer pour partie la réfection devenue incontournable de la piste de notre aéroport international.
Quant aux perspectives qui pourraient être offertes par le marché chinois, celles-ci demeurent encore très lointaines. Au-delà de certains effets d’annonce qui se veulent très optimistes, hormis les contraintes inhérentes à la saturation actuelle des grands aéroports chinois et aux difficultés d’obtention de visas, la rentabilité d’une ligne aérienne Chine-Polynésie française reste encore à démontrer.
A noter également que l’abaissement des critères sociaux requis pour bénéficier de l’aide à la continuité territoriale se traduira par une réduction non négligeable des ayant-droits, estimé à 4000 personnes, et donc par un manque à gagner en terme de clientèle polynésienne pour les deux compagnies assurant la desserte Papeete-Paris.

Dans ce contexte, il est urgent que la Polynésie française se dote d’un véritable plan stratégique de développement de son tourisme.
Alors que l’on fêtera le 16 octobre prochain le 50ème anniversaire de la ligne aérienne entre la France métropolitaine et Tahiti, il est à espérer que tout le chemin parcouru depuis cette date pour faire de la Polynésie française une destination touristique enviée et digne d’intérêt ne soit pas réduit à néant et que notre tourisme ne sombrera pas définitivement dans la léthargie .

(*) Conseil d’orientation stratégique du tourisme



Rédigé par Luc TAPETA-SERVONNAT Président le Jeudi 7 Octobre 2010 à 16:08 | Lu 956 fois