Edito du CEPF : Avis de tempête sur le monde des entreprises


Selon les données issues du service statistiques de la CPS, la situation de l’emploi continue de se dégrader. Ainsi et tous secteurs confondus, il était enregistré 64 065 salariés déclarés pour le mois d’août 2010 contre 66 004 pour le mois d’août 2009, soit une perte de près de 2000 emplois salariés sur un an, chiffre auquel il convient de rapprocher les 2500 à 3000 emplois qui auraient du être créés annuellement pour absorber les jeunes sortant du système scolaire. Ceci afin de prendre toute la mesure des dégâts.
Ainsi, non seulement l’effectif des salariés se rapproche du niveau atteint en 2004 mais a, en réalité, perdu plus de 5500 emplois depuis 2007, année record avec près de 69600 salariés. Les entreprises de Polynésie française ont par ailleurs été dans l’incapacité de créer les 10.000 emplois nécessaires au besoin de la jeunesse de ce pays.
La situation de l’emploi est donc devenue extrêmement dramatique et inquiétante au regard de toutes les conséquences économiques et sociales qu’elle génère.

2011 ne s’annonce pas sous de meilleures augures. Loin de relancer l’activité, les mesures budgétaires et fiscales accentuent les prélèvements et pénaliseront les entreprises locales, déjà très fortement fragilisées.
A cela s’ajoute une instabilité habilement maintenue par une petite minorité dans le seul but de devenir « calife à la place du calife » implique des conséquences désastreuses pour la population.
Devant tant d'incertitudes les investisseurs peuvent ne plus avoir l’envie de croire au redressement de l'économie de notre pays. Jusqu’à quand faudra-t-il nous résigner à devoir supporter l’alourdissement de nos charges, l’érosion des emplois et garder l’espoir que notre pays puisse disposer le plus rapidement possible d’un véritable projet de relance de son économie ?

Faut-il encore croire à un « miracle » ou devrions-nous nous résigner et nous préparer à subir de plus fortes tempêtes dans les prochains mois ? La tendance météo des indicateurs économiques et des plans de licenciements qui semblent s’accélérer en cette fin d’année laissent présager le pire pour 2011.

En prévision des moments difficiles que nous aurons encore à surmonter, d’une année 2011 vraisemblablement perdue pour la Polynésie, ne devrions-nous pas nous résigner à réduire la voilure de nos entreprises et à recommander à tous les employeurs de prendre toutes les dispositions nécessaires pour une mise en hibernation.

Dans l’attente de jours meilleurs et forts du constat que ce qui marche encore dans ce Pays émane uniquement de la société civile, nous pourrions en profiter pour tenter de combattre en pleine tempête, notre scepticisme croissant sur l’avenir de la Polynésie française.

Luc TAPETA-SERVONNAT
Président du CEPF


Année 2010 - Numéro 674 Date de parution : 24 décembre 2010 - ISSN 0295-5512

Rédigé par Luc TAPETA le Jeudi 23 Décembre 2010 à 20:32 | Lu 723 fois