Economie : Tous les signaux dans le rouge au premier trimestre


PAPEETE, le 16 juin 2015 – Les chiffres de l'économie polynésienne au premier trimestre viennent de tomber, et ils sont mauvais. La dernière note conjoncturelle de l'IEOM montre que l'emploi, les investissements, le BTP, le tourisme et les exportations : tout a baissé, à part le moral des patrons qui restent optimistes.

Espérons que les trois premiers mois de 2015 n'augurent pas du reste de l'année, car les chiffres donneraient le cafard à n'importe quel économiste. D'abord l'emploi, qui subit le contrecoup de "l'effet chikungunya" de fin 2014 quand l'épidémie avait fait exploser les embauches en CDD et en intérim. Du coup, l'indice de l'emploi salarié dans le secteur marchant baisse de 0,8 points pour retrouver ses niveaux d'octobre dernier.

Economie : La douche froide du premier trimestre

Du côté des moteurs de la croissance il n'y a que des ratés:
- La consommation des ménages faiblit (-2,9% d'importation de biens de consommation courante, -4,3% de nouvelles voitures immatriculées…)
- Les nouveaux crédits sont en baisse de 24,3% sur le trimestre, et ça se ressent dans les investissements des entreprises (les importations de biens d’équipement hors avion et de biens intermédiaires se contractent respectivement de -6,2% et -1,4%)
- Même l'immobilier dévisse pour la première fois depuis 2013 (-19% de nouveaux prêts immobiliers)
- Les exportations chutent de 33% sur le trimestre, entraînées dans le gouffre par la perle (qui s'est reprise au deuxième trimestre, heureusement)
- Le tourisme baisse de 0,7%, l'hôtellerie continue sa descente aux enfers et même dans la croisière ça a été un mauvais trimestre
- Le BTP subit la fin des grands programmes du ministère de l'Équipement et de l'Aéroport de 2014, et le secteur perd encore 3,4% de ses effectifs salariés (8,4% de moins sur un an)

Finalement, la seule chose qui fonctionne c'est le coprah et les exportations de nono et de monoï. À se demander pourquoi les chefs d'entreprise continuent à être optimistes et conservent leurs intentions d'investissement positives à court terme.

C'est qu'ils voient peut-être la lumière au bout du tunnel : le taux des crédits à moyen et long terme pour les entreprises polynésiennes n'a jamais été aussi bas, à 2,5% au premier trimestre. Ce qui signifie que les entreprises qui souhaitent investir ont un boulevard devant elles…

L'IEOM maintient des taux directeurs proches de zéro

L'Institut d'émission d'Outre-mer, notre banque centrale, a tenu le 9 juin son conseil de surveillance annuel. Constatant que l'inflation est négative en Polynésie et faible en Nouvelle Calédonie, et que nos deux économies montrent des signes de faiblesse, l'IEOM laisse ses taux directeurs inchangés et proches de 0 :
- taux du réescompte (0,05%) ;
- taux de la facilité de prêt marginal et taux de l’escompte de chèque (0,30%) ;
- taux de la facilité de dépôt (0,00%).

Elle suit ainsi la politique de la BCE au niveau européen, bien que cette dernière a, en plus de taux très bas, lancé un large programme de rachat d'actifs dans le but de relancer la croissance.

Les instances dirigeantes de l'institut ont aussi annoncé une modernisation des "modalités de refinancement des établissements de crédit de la zone CFP auprès de l’IEOM", sans plus de précisions. On espère que cela permettra de faciliter le financement des banques locales et par ricochet l'octroi de prêts aux entreprises polynésiennes...

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 16 Juin 2015 à 10:38 | Lu 2467 fois