Du ferme pour le prévenu “inarrêtable”


Tahiti, le 23 juillet 2024 – Poursuivi pour avoir frappé son ex-compagne et l’avoir menacée de mort, un homme sans emploi ni domicile âgé de 24 ans a été condamné lundi par le tribunal correctionnel à 23 mois de prison ferme assortis d’un mandat de dépôt et du retrait de l’exercice de l’autorité parentale.
 
C’est en l’absence de sa principale victime, son ex-compagne, qu’un jeune père de famille a été jugé, lundi en comparution immédiate, pour des violences volontaires, des menaces de mort et la dégradation d’un téléphone grand danger (TGD). L’individu, déjà condamné en août 2023 par le tribunal correctionnel, se trouvait en état de récidive légale. 
 
Le 12 juillet dernier à Faa’a, ce père de famille de 24 ans fraîchement sorti du centre pénitentiaire de Nuutania avait attendu son ex-compagne non loin de chez elle. La voyant passer sur son scooter, l’individu s’était mis en travers de la route, l’avait bloquée puis frappée au visage. Alors que la victime venait de tomber au sol, l’individu lui avait arraché le téléphone grand danger qu’elle possédait et lui avait ensuite volé toutes ses affaires.
 
Fuite du CHPF
 
Interpellé par les gendarmes à la suite de cette première agression, le prévenu avait simulé plusieurs tentatives de suicide en garde à vue. Finalement hospitalisé au Taaone, l’homme avait pris la fuite pour se rendre au domicile de sa famille où il n’avait pourtant pas le droit d’aller et avait tenté de s’en prendre à sa sœur qui s’était barricadée dans sa chambre.
 
C’est donc pour répondre de toute une série d’infractions que l’individu a été présenté en comparution immédiate, lundi. La voix parfois tremblante, le jeune homme a avoué à la barre qu’il avait frappé son ex-compagne, et mère de leur fillette de huit mois, “jusqu’à ce qu’elle pleure” et qu’il lui avait envoyé des menaces de mort par message. Quant à l’agression de sa sœur, le prévenu a, là aussi, reconnu qu’il aurait “tabassé” cette dernière si ses propres frères n’étaient pas intervenus. Entendue par le tribunal, la sœur a d’ailleurs indiqué qu’elle s’était enfermée dans sa chambre car elle savait son frère “recherché” par la police et qu’elle avait donc “peur” de lui.
 
Risque de réitération
 
Interrogée sur la personnalité de son cadet, elle a également expliqué qu’elle considérait qu’il était “dangereux” et a mis ce constat sur le fait qu’il consommait de l’ice. Alors que la présidente du tribunal lui demandait si leur enfance avait été marquée par la violence, la jeune femme a répondu que toute la fratrie était en effet “passée par là”.
 
Le prévenu devant être jugé en septembre prochain pour d’autres violences commises en 2022 sur son propre père, le procureur de la République s’est interrogé lors de ses réquisitions sur la réponse pénale à apporter face à un homme “inarrêtable” qui avait même réussi à prendre la “poudre d’escampette” alors qu’il était hospitalisé au CHPF. Invoquant la “nécessité de protéger” l’ex-compagne du jeune homme ainsi que sa famille et tenant notamment compte du risque de réitération, le représentant du ministère public a requis 18 mois de prison dont un an ferme et la révocation partielle de la peine avec sursis à laquelle l’individu avait été condamné lors de sa dernière comparution. Le procureur a par ailleurs demandé au tribunal de s’interroger sur un éventuel retrait de l’exercice de l’autorité parentale.
 
Des réquisitions en partie inappropriées pour l’avocat du jeune homme, Me Léo Peuillot, qui a ensuite affirmé que retirer la garde de l’enfant à son client était synonyme de “mort” pour lui. Lors de sa plaidoirie, l’avocat a aussi rappelé que le prévenu, “tabassé à coups de barre de fer” durant toute son enfance, devait être suivi sur le plan psychologique. Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement condamné le récidiviste à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis ainsi qu’à la révocation de cinq mois de sursis, soit 23 mois de prison ferme assortis du retrait de l’exercice de l’autorité parentale.

 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 23 Juillet 2024 à 18:39 | Lu 1377 fois