Autour du professeur Arnaud Méjean, une partie de l'équipe en charge des greffes rénales au CHPF, docteur Stéphane Leroux, urologue ; Hina Burns de la coordination hospitalière ; docteur Pascale Testevuide, néphrologue ; Carine Domelier, de la coordination hospitalière sur le don d'organes; docteur Ronan Delaval, néphrologue et Mareva Tama, infirmière de la coordination des greffes.
PIRAE, le 27 avril 2015. Depuis octobre 2013 en Polynésie française, 21 personnes ont reçu un rein, dont dix par prélèvements réalisés sur des donneurs vivants. Pour les patients, ces transplantations effectuées sur le territoire au Centre hospitalier du Taaone leur épargnent d'avoir à se déplacer pour de très longs mois en métropole.
Le ratio qui indique très précisément la très grande réussite des greffes de reins en Polynésie française est tout simple à trouver. De 1998 à 2013, en 15 ans, 104 patients polynésiens avaient été transplantés en métropole. Une décision lourde de conséquences puisqu'elle impliquait pour les patients d'avoir à résider un à deux ans sur place, loin de leur famille. Depuis octobre 2013, en 18 mois à peine, 21 transplantations ont eu lieu localement, dont dix à partir de donneurs vivants. La preuve, s'il en fallait, de la nécessité d'ouvrir ce genre d'opérations sur le territoire.
La prévalence des maladies rénales en Polynésie est importante, en raison de l'obésité notamment. L'incidence des personnes sous dialyse est deux fois supérieure à celle de la métropole et progresse chaque année. En 2014, il y avait 441 personnes traitées par dialyse en Polynésie française alors qu'elles n'étaient que 248 en 2007. Autre point important, l'âge moyen des patients dialysés polynésiens est de 50 ans quand il est de 75 ans en métropole. Un traitement lourd et contraignant quand il s'agit de personnes en activité et surtout nettement plus onéreux, à terme, que le recours à une greffe de rein. Le seul point délicat à gérer, toutefois, est que pour effectuer une greffe de rein il faut trouver des donneurs.
En octobre 2013, les premières greffes de rein étaient effectuées au CHPF à partir de donneurs vivants : une dizaine d'autres ont été réalisées depuis avec la venue sur place du professeur Méjean. Bien qu'il ait déjà à son actif plus de 500 prélèvements sur des sujets vivants, le médecin chef en urologie de l'hôpital Georges Pompidou à Paris insiste sur la délicatesse de ces opérations. "On ne doit jamais considérer le prélèvement sur donneur vivant comme une opération classique, c'est un geste très spécifique" indique-t-il. En parallèle aux missions qu'il effectue au Taaone pour des greffes à partir de donneurs vivants, le professeur Méjean prépare les équipes locales à être autonomes. Les chirurgiens urologues du CHPF pourraient réaliser leurs premiers prélèvements de greffons sur des donneurs vivants d'ici la fin de l'année 2015.
Il s'agit le plus souvent de membres de la famille du malade, prêts à faire un don vital pour la survie de l'un de leurs proches. Mais dès juin 2014, l'hôpital polynésien a été autorisé également à effectuer des prélèvements de reins sur des personnes en état de mort encéphalique. Quatre greffons de rein ont été prélevés sur des personnes décédées en 2014 et déjà huit en 2015.
Convaincre les familles des défunts de laisser faire ce prélèvement d'organe reste difficile. Pourtant, si le défunt n'est pas inscrit sur le registre national du refus, en théorie rien ne s'oppose à ce que le prélèvement ait lieu. Mais le consentement reste la voie choisie pour ne pas heurter les sensibilités. En 2014, la Coordination hospitalière en charge du don d'organe au Taaone a essuyé un refus, quatre en 2015. "Ça fait beaucoup. Même s'il est difficile d'analyser précisément les causes du refus, il s'agit souvent d'une méconnaissance par la famille de la volonté du défunt. Les proches sont en état de choc émotionnel à ce moment-là, ne comprennent pas la signification de la mort encéphalique et certains expriment de la rancœur à l'égard du corps médical qui n'a pas été en mesure de soigner leur proche" explique Carine Domelier, de la Coordination hospitalière. La communication sur le don d'organes, en particulier envers le grand public devra être appuyée. Un dessin animé sous la forme d'un clip vidéo est en cours d'élaboration. Il devrait être prêt pour la journée de promotion des dons d'organes le 22 juin prochain. Pas question en tout cas pour les équipes engagées dans les greffes rénales de relâcher la pression. "Il faut continuer à bosser dur, car on peut encore faire mieux" concluait le docteur Pascale Testevuide, néphrologue au CHPF.
Le ratio qui indique très précisément la très grande réussite des greffes de reins en Polynésie française est tout simple à trouver. De 1998 à 2013, en 15 ans, 104 patients polynésiens avaient été transplantés en métropole. Une décision lourde de conséquences puisqu'elle impliquait pour les patients d'avoir à résider un à deux ans sur place, loin de leur famille. Depuis octobre 2013, en 18 mois à peine, 21 transplantations ont eu lieu localement, dont dix à partir de donneurs vivants. La preuve, s'il en fallait, de la nécessité d'ouvrir ce genre d'opérations sur le territoire.
La prévalence des maladies rénales en Polynésie est importante, en raison de l'obésité notamment. L'incidence des personnes sous dialyse est deux fois supérieure à celle de la métropole et progresse chaque année. En 2014, il y avait 441 personnes traitées par dialyse en Polynésie française alors qu'elles n'étaient que 248 en 2007. Autre point important, l'âge moyen des patients dialysés polynésiens est de 50 ans quand il est de 75 ans en métropole. Un traitement lourd et contraignant quand il s'agit de personnes en activité et surtout nettement plus onéreux, à terme, que le recours à une greffe de rein. Le seul point délicat à gérer, toutefois, est que pour effectuer une greffe de rein il faut trouver des donneurs.
En octobre 2013, les premières greffes de rein étaient effectuées au CHPF à partir de donneurs vivants : une dizaine d'autres ont été réalisées depuis avec la venue sur place du professeur Méjean. Bien qu'il ait déjà à son actif plus de 500 prélèvements sur des sujets vivants, le médecin chef en urologie de l'hôpital Georges Pompidou à Paris insiste sur la délicatesse de ces opérations. "On ne doit jamais considérer le prélèvement sur donneur vivant comme une opération classique, c'est un geste très spécifique" indique-t-il. En parallèle aux missions qu'il effectue au Taaone pour des greffes à partir de donneurs vivants, le professeur Méjean prépare les équipes locales à être autonomes. Les chirurgiens urologues du CHPF pourraient réaliser leurs premiers prélèvements de greffons sur des donneurs vivants d'ici la fin de l'année 2015.
Il s'agit le plus souvent de membres de la famille du malade, prêts à faire un don vital pour la survie de l'un de leurs proches. Mais dès juin 2014, l'hôpital polynésien a été autorisé également à effectuer des prélèvements de reins sur des personnes en état de mort encéphalique. Quatre greffons de rein ont été prélevés sur des personnes décédées en 2014 et déjà huit en 2015.
Convaincre les familles des défunts de laisser faire ce prélèvement d'organe reste difficile. Pourtant, si le défunt n'est pas inscrit sur le registre national du refus, en théorie rien ne s'oppose à ce que le prélèvement ait lieu. Mais le consentement reste la voie choisie pour ne pas heurter les sensibilités. En 2014, la Coordination hospitalière en charge du don d'organe au Taaone a essuyé un refus, quatre en 2015. "Ça fait beaucoup. Même s'il est difficile d'analyser précisément les causes du refus, il s'agit souvent d'une méconnaissance par la famille de la volonté du défunt. Les proches sont en état de choc émotionnel à ce moment-là, ne comprennent pas la signification de la mort encéphalique et certains expriment de la rancœur à l'égard du corps médical qui n'a pas été en mesure de soigner leur proche" explique Carine Domelier, de la Coordination hospitalière. La communication sur le don d'organes, en particulier envers le grand public devra être appuyée. Un dessin animé sous la forme d'un clip vidéo est en cours d'élaboration. Il devrait être prêt pour la journée de promotion des dons d'organes le 22 juin prochain. Pas question en tout cas pour les équipes engagées dans les greffes rénales de relâcher la pression. "Il faut continuer à bosser dur, car on peut encore faire mieux" concluait le docteur Pascale Testevuide, néphrologue au CHPF.
EN CHIFFRES
21 : C'est le nombre de patients qui ont reçu des reins lors de transplantations effectuées au Centre hospitalier de Polynésie française. Depuis octobre 2013, 21 personnes ont été transplantées localement : il s'agit de 13 hommes et de huit femmes. Le patient le plus âgé a 72 ans, la plus jeune, 22 ans seulement. Toutes les transplantations ont réussi : il n'y a pas eu pour les malades de retour en dialyse.
21 : C'est le nombre de patients qui ont reçu des reins lors de transplantations effectuées au Centre hospitalier de Polynésie française. Depuis octobre 2013, 21 personnes ont été transplantées localement : il s'agit de 13 hommes et de huit femmes. Le patient le plus âgé a 72 ans, la plus jeune, 22 ans seulement. Toutes les transplantations ont réussi : il n'y a pas eu pour les malades de retour en dialyse.
Professeur Méjean "Je n'y croyais pas vraiment"
Depuis octobre 2013, le professeur Arnaud Méjean, médecin chef du service d'urologie de l'hôpital Georges Pompidou à Paris accompagne le CHPF dans la mise en place des greffes rénales sur le territoire. C'est lui qui a pratiqué depuis octobre 2013 les greffes rénales à partir des donneurs vivants. "Je suis très satisfait de cette expérience à laquelle je ne croyais pas du tout. Après la première mission réalisée en octobre 2013, j'étais mitigé. Mais en un an, il y a eu une évolution impressionnante à laquelle sincèrement je ne m'attendais pas. Un succès qui est dû aux efforts de toutes les équipes concernées de l'hôpital dans chaque domaine. Ce qui se passe ici est très impressionnant" a-t-il déclaré jeudi dernier lors d'une rencontre entre médecins et équipes médicales au Centre hospitalier du Taaone.
Depuis octobre 2013, le professeur Arnaud Méjean, médecin chef du service d'urologie de l'hôpital Georges Pompidou à Paris accompagne le CHPF dans la mise en place des greffes rénales sur le territoire. C'est lui qui a pratiqué depuis octobre 2013 les greffes rénales à partir des donneurs vivants. "Je suis très satisfait de cette expérience à laquelle je ne croyais pas du tout. Après la première mission réalisée en octobre 2013, j'étais mitigé. Mais en un an, il y a eu une évolution impressionnante à laquelle sincèrement je ne m'attendais pas. Un succès qui est dû aux efforts de toutes les équipes concernées de l'hôpital dans chaque domaine. Ce qui se passe ici est très impressionnant" a-t-il déclaré jeudi dernier lors d'une rencontre entre médecins et équipes médicales au Centre hospitalier du Taaone.