Don du sang, un besoin vital de solidarité


Tahiti, le 13 juin 2022 – Le 14 juin, c'est la journée mondiale du don du sang. La Polynésie française est entièrement dépendante de la solidarité des donneurs du territoire, faute de pouvoir importer plasma, plaquettes ni globules rouges. À cette occasion, le Centre de transfusion sanguine veut remercier les donneurs et appeler à la générosité du reste de la population.

Le 14 juin 1868 naissait Karl Landsteiner, médecin autrichien à qui on doit la découverte des groupages ABO, progrès majeur pour la transfusion sanguine. C'est la raison pour laquelle le 14 juin a été déclaré “journée mondiale du don du sang”. Au Centre de Transfusion Sanguine (CTS) de Polynésie française, on promet de faire de cette journée “une grande fête”, l'occasion de remercier les quelques 3 500 donneurs annuels et de sensibiliser l'ensemble de la population au don du sang. Volontaires habitués et nouveaux donneurs seront accueillis de 8 heures à 16 heures dans les locaux du centre, situés au deuxième étage de l'hôpital de Taaone.

Car, rappelle le docteur Julien Broult, médecin biologiste et chef de service du CTS, en matière de transfusion sanguine, la Polynésie française dépend intégralement de la solidarité et de la bonne volonté des donneurs. “Nous sommes la seule collectivité outre-mer 100% autonome”, insiste-t-il : “On n'est pas affiliés à l'établissement français du sang. On n'a pas la possibilité d'importer. Toutes les transfusions réalisées sur le territoire le sont avec du sang prélevé par notre centre”. Il est ainsi essentiel pour le centre d'avoir en permanence environ 15 jours de stock.

Le centre qui reçoit habituellement entre 20 et 25 donneurs par jour, attend entre 120 et 150 personnes pour cette journée particulière. Cela ne signifie pas que ces dons iront grossir les stocks pour toute l'année. Les produits du don du sang ont, en effet, une durée de conservation limitée : 7 jours pour les plaquettes, qui participent à la coagulation ; 42 jours pour les globules rouges, qui assurent l'oxygénation des organes ; et un an, congelé, pour le plasma sanguin. Ces produits sont pourtant absolument vitaux lors des accouchements, pour le traitement de certaines pathologies chroniques ou pour pallier les déficiences de coagulation des patients en chimiothérapie, par exemple. Sans parler des besoins liés aux hémorragies accidentelles, qui sont moins prévisibles et peuvent menacer les stocks, si elles se produisent en grand nombre simultanément.

Un don, trois vies sauvées

Le centre a donc besoin de donneurs toute l'année. Ils sont accueillis au centre du lundi au jeudi de 7 heures à 16 heures et le vendredi jusqu’à 14 heures. À cela s'ajoutent deux à trois collectes par semaine, sur l'ensemble de l'île de Tahiti et à Moorea. Il n'est pas possible de collecter du sang dans les autres archipels, “pour des questions de logistique et de personnel”, explique le chef de service. Précédé d'un entretien avec un médecin, le prélèvement lui-même, pas plus douloureux qu'une prise de sang, assure le biologiste, dure 15 minutes, auxquelles s'ajoutent 30 minutes de collation et d'entretien. Entre 400 et 480 cc de sang sont prélevés, selon la morphologie du donneur. Le sang récolté est ensuite préparé, c’est-à-dire “qu'on va séparer les différents composants du sang, le plasma, les globules rouges et les plaquettes” explique la docteure Valérie Ségalin Bouvet, avant de résumer : “Un don du sang, c'est trois vies sauvées”. Un homme peut donner son sang jusqu'à 6 fois par an et une femme, 4 fois.

La médecin biologiste insiste également sur le rôle essentiel de l'association “Don du sang en Polynésie française” qui accompagne le travail du centre, accueille les donneurs, participe à la diffusion des informations et de la sensibilisation et qui manque cruellement de bénévoles. “Être bénévole, c'est aussi une manière de nous aider si on ne peut pas donner son sang”, insiste Valérie Ségalin Bouvet.

Julien Broult, Chef de service du Centre de Transfusion Sanguine du CHT : “La transfusion sanguine en Polynésie dépend entièrement de la solidarité”

La Polynésie française n'importe aucun produit de transfusion ?

“On est 100% autonome, déconnectés de la métropole. On n'a pas la possibilité de s'approvisionner à l'extérieur. Toutes les transfusions réalisées sur le territoire le sont avec du sang issu des prélèvements du CTS. Le CTS, ça n'existe qu'ici. C'est un service hospitalier. D'un côté on gagne en souplesse, mais d'un autre, en cas de problème, la solitude est pesante.”

Qui peut donner son sang ?

"Ceux qui sont en bonne santé, ont entre 18 et 71 ans. On interroge les donneurs avant le prélèvement, il faut juste répondre honnêtement aux questions, pour ne pas nuire ni au receveur ni au donneur. On doit s'assurer que le donneur n'est pas porteur d'un virus, par exemple. Les informations sont soumises au secret médical, rien ne sort du bureau. S'il ne peut pas donner, le médecin lui expliquera pourquoi. Mais la très grande majorité des gens sont éligibles. Vaccinés contre le Covid ou non, d'ailleurs. On prend tout le monde, sauf si vous êtes malade, pour qui il faut attendre un peu que les symptômes disparaissent."

Et la sexualité, c'est un critère excluant ?

"Non, pas l'orientation sexuelle, ça ne l'est plus. Un virus n'a pas de préférence sexuelle. Homosexuels, hétérosexuels, tout le monde est exposé de la même manière. Le critère, c'est celui de la stabilité du partenaire sexuel. Pour donner son sang, il faut avoir eu un partenaire unique pendant les 4 mois avant le don."

Vous avez des donneurs “habitués” ?

"Oui, la communauté des donneurs de sang en Polynésie est très unie, très fidèle et motivée. Les gens sont généreux dans ce pays. Mais, il faut qu'on soit toujours transparents sur l'usage qui est fait du sang donné et rappeler à quel point on dépend complétement des donneurs. Le système est fragile. La santé des Polynésiens dépend entièrement de cette solidarité et de cette empathie."

Qui peut donner son sang ?

Contrairement aux idées reçues, il y a très peu de critères éliminatoires pour donner son sang.

Il faut avoir plus de 18 ans et moins de 70 ans (65 ans pour un premier don), peser plus de 50 kg, ne pas être enceinte ou ne pas avoir accouché moins de 6 mois avant le don, ne pas avoir eu de fièvre dans les 15 jours précédents, ne pas avoir été tatoué dans les 4 mois précédents et ne pas avoir eu de nouveau partenaire sexuel durant la même période.

Il n'est pas nécessaire d'être à jeun pour le prélèvement ; mais il est fortement conseillé de bien s'hydrater avant et après. Il est recommandé de ne pas exercer d'activité physique importante le jour du don. Une pièce d'identité est requise pour le premier don.
Le centre de transfusion sanguine accueille les donneurs, sans passe sanitaire requis, de 7h à 16h du lundi au jeudi et de 7h à 14h le vendredi.

Plus d'information au 40 48 47 74 ou sur la page http://www.chpf.pf/category/don_du_sang/

Rédigé par Antoine Launey le Lundi 13 Juin 2022 à 19:08 | Lu 1000 fois