PARIS, 2 juillet 2013 (AFP) - Mieux ajuster la consommation d'engrais, moins labourer les parcelles, développer la méthanisation: sans chambouler l'agriculture française, à l'origine de 20% de nos émissions de gaz à effet de serre, des experts de l'Inra ont identifié mardi dix actions bonnes pour le climat sans être mauvaises pour les rendements.
En 2030, "le potentiel de réduction (des émissions de gaz à effet de serre ou GES) est significatif, de l'ordre de 28 millions de tonnes d'équivalent-CO2 par an, sans remettre en cause le système de production" agricole, explique Sylvain Pellerin, directeur de recherche à l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) et l'un des auteurs d'une étude présentée à Paris.
L'analyse, commanditée par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et les ministères de l'Agriculture et de l'Écologie, chiffre les gains possibles en termes d'émissions de dix actions. Elle s'intéresse aussi au coût de ces mesures, pour évaluer si elles se traduiraient par un manque à gagner ou au contraire des revenus supplémentaires pour l'exploitant.
Selon l'inventaire national des émissions des gaz à l'origine du réchauffement, l'agriculture contribue pour 17,8% et même près de 20% si on intègre les émissions liées aux consommations d'énergie.
Le dioxyde de carbone (CO2) est ici peu en cause. L'impact de l'agriculture tient surtout à d'autres gaz au pouvoir beaucoup plus réchauffant: le protoxyde d'azote (N2O, 50% des émissions du secteur agricole) issus des apports azotés (engrais, lisier) et le méthane (CH4, 40%) émis principalement par les ruminants.
"Il y a un consensus pour dire qu'il y a un gisement de réduction important dans l'agriculture, mais moins bien quantifié pour le moment que dans d'autres secteurs", selon Sylvain Pellerin.
"Une étude partielle"
Les dix actions évaluées sont de plusieurs ordres.
Certaines visent à réduire l'utilisation d'engrais azotés en les ajustant mieux aux besoins des cultures ou en plantant davantage de légumineuses qui enrichissent naturellement le sol en azote. D'autres permettraient de "stocker" davantage de carbone dans le sol (moins labourer, planter des arbres sur les parcelles). D'autres concernent l'alimentation animale, comme introduire plus de lipides afin que les bovins émettent moins de méthane lors de la digestion. Dernier volet: brûler le méthane pour produire de la chaleur (méthanisation) ou réduire la consommation en énergie fossile des bâtiments et des tracteurs.
Bilan: près d'un tiers des actions permettant de réduire les émissions de GES se traduirait par un gain financier pour l'agriculteur, estiment les chercheurs. Elles ne nécessitent en effet que des "ajustements techniques" sans baisse des rendements, en lien par exemple avec la gestion des prairies ou des engrais.
Un deuxième tiers peut être applicable à coût modéré: elles nécessitent des investissements (méthanisation par exemple) ou modifient un peu le système de cultures (labourer une parcelle seulement une année sur cinq) mais peuvent, dans le cas de la méthanisation, générer des revenus par la vente de l'énergie.
Le dernier tiers est le plus difficile à mettre en oeuvre avec des actions qui impliquent un investissement mais pas forcément de retour financier, du temps de travail dédié (entretien de haies par exemple) ou une perte de production particulièrement importante, comme la création de bandes enherbées au bord des parcelles qui réduisent la surface cultivée.
"Ce qui est intéressant, c'est que simplement en faisant évoluer les pratiques, on peut obtenir des résultats", commente Jean-Claude Bévillard, vice-président de France Nature Environnement (FNE). "Mais cela reste une étude partielle, qui doit intégrer une réflexion plus globale", ajoute-t-il.
Même regret chez Christian Rousseau, dirigeant de la coopérative Vivescia: "L'approche de l'étude n'est pas holistique, donc elle est partiellement fausse... Il faut maintenant la raccorder à d'autres travaux existants."
En 2030, "le potentiel de réduction (des émissions de gaz à effet de serre ou GES) est significatif, de l'ordre de 28 millions de tonnes d'équivalent-CO2 par an, sans remettre en cause le système de production" agricole, explique Sylvain Pellerin, directeur de recherche à l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) et l'un des auteurs d'une étude présentée à Paris.
L'analyse, commanditée par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et les ministères de l'Agriculture et de l'Écologie, chiffre les gains possibles en termes d'émissions de dix actions. Elle s'intéresse aussi au coût de ces mesures, pour évaluer si elles se traduiraient par un manque à gagner ou au contraire des revenus supplémentaires pour l'exploitant.
Selon l'inventaire national des émissions des gaz à l'origine du réchauffement, l'agriculture contribue pour 17,8% et même près de 20% si on intègre les émissions liées aux consommations d'énergie.
Le dioxyde de carbone (CO2) est ici peu en cause. L'impact de l'agriculture tient surtout à d'autres gaz au pouvoir beaucoup plus réchauffant: le protoxyde d'azote (N2O, 50% des émissions du secteur agricole) issus des apports azotés (engrais, lisier) et le méthane (CH4, 40%) émis principalement par les ruminants.
"Il y a un consensus pour dire qu'il y a un gisement de réduction important dans l'agriculture, mais moins bien quantifié pour le moment que dans d'autres secteurs", selon Sylvain Pellerin.
"Une étude partielle"
Les dix actions évaluées sont de plusieurs ordres.
Certaines visent à réduire l'utilisation d'engrais azotés en les ajustant mieux aux besoins des cultures ou en plantant davantage de légumineuses qui enrichissent naturellement le sol en azote. D'autres permettraient de "stocker" davantage de carbone dans le sol (moins labourer, planter des arbres sur les parcelles). D'autres concernent l'alimentation animale, comme introduire plus de lipides afin que les bovins émettent moins de méthane lors de la digestion. Dernier volet: brûler le méthane pour produire de la chaleur (méthanisation) ou réduire la consommation en énergie fossile des bâtiments et des tracteurs.
Bilan: près d'un tiers des actions permettant de réduire les émissions de GES se traduirait par un gain financier pour l'agriculteur, estiment les chercheurs. Elles ne nécessitent en effet que des "ajustements techniques" sans baisse des rendements, en lien par exemple avec la gestion des prairies ou des engrais.
Un deuxième tiers peut être applicable à coût modéré: elles nécessitent des investissements (méthanisation par exemple) ou modifient un peu le système de cultures (labourer une parcelle seulement une année sur cinq) mais peuvent, dans le cas de la méthanisation, générer des revenus par la vente de l'énergie.
Le dernier tiers est le plus difficile à mettre en oeuvre avec des actions qui impliquent un investissement mais pas forcément de retour financier, du temps de travail dédié (entretien de haies par exemple) ou une perte de production particulièrement importante, comme la création de bandes enherbées au bord des parcelles qui réduisent la surface cultivée.
"Ce qui est intéressant, c'est que simplement en faisant évoluer les pratiques, on peut obtenir des résultats", commente Jean-Claude Bévillard, vice-président de France Nature Environnement (FNE). "Mais cela reste une étude partielle, qui doit intégrer une réflexion plus globale", ajoute-t-il.
Même regret chez Christian Rousseau, dirigeant de la coopérative Vivescia: "L'approche de l'étude n'est pas holistique, donc elle est partiellement fausse... Il faut maintenant la raccorder à d'autres travaux existants."