Phuket, Thaïlande | AFP | mardi 23/12/2014 - Dix ans après le tsunami le plus meurtrier jamais enregistré, les autorités craignent qu'un relâchement de la vigilance ne mette à mal les progrès réalisés grâce à la mise en place depuis quelques années d'un système hi-tech d'avertissement.
Le 26 décembre 2004, un séisme de magnitude 9,3 au large de l'Indonésie a engendré une série de vagues massives sur les côtes de 14 pays de l'Océan indien, parfois très éloignés les uns des autres. Ce tsunami a frappé l'Indonésie mais aussi le Sri Lanka ou la Somalie et fait plus de 220.000 victimes sur son passage.
Toute la région est touchée et comme parmi les victimes figuraient aussi des milliers de touristes étrangers, venus profiter du soleil pour la période de Noël, l'horreur et le deuil se répandent dans des foyers du monde entier.
A l'époque, il n'existait aucun système d'évaluation ou d'avertissement. Beaucoup de gens ont réalisé trop tard qu'il fallait rapidement trouver un abri en hauteur quand d'autres sont tout simplement restés pétrifiés devant la mer qu'ils ont d'abord vu reculer avant qu'un mur d'eau ne revienne s'abattre sur eux.
Persuadés que de nombreuses vies auraient pu être épargnées, les autorités ont mis en place il y a trois ans un système d'alerte régional.
Mais à l'approche du 10e anniversaire du tsunami vendredi, certains experts, familles ou proches des victimes mettent en garde: ils estiment que la mémoire de ce jour fatidique s'estompe peu à peu, emportant dans son sillage la volonté de mieux se préparer pour ce type de catastrophe.
"La plupart des gens veulent oublier, je peux comprendre. Mais je pense qu'il est également très important de se rappeler ce qui est arrivé et cela pour des raisons de sécurité", estime Mathias Mann, qui vient de déposer des fleurs dans un cimetière de la province de Phang Nga en Thaïlande, en l'honneur d'un collègue allemand qui a disparu.
- Vagues de 35 mètres de haut -
Il a fallu environ 20 minutes après le tremblement de terre pour que les premières vagues, dont certaines atteignaient 35 mètres de haut - touchent la côte d'Aceh, où la grande majorité des 170.000 victimes indonésiennes sont mortes.
Mais ce n'est qu'environ deux heures plus tard que le tsunami atteint la Thaïlande puis l'Inde et le Sri Lanka, tuant 31.000 personnes dans cette petite île.
"Nous avancions à l'aveuglette, sans aucune sorte de capteurs dans l'océan Indien", a rappelé Charles McCreery, directeur du Centre d'alerte aux tsunamis dans le Pacifique, lors d'une récente conférence en Indonésie.
Mis en place en 2011, l'ambitieux réseau de marégraphes (qui mesurent le niveau de la mer), de bouées océaniques en eau profonde et de moniteurs sismiques est utilisé pour avertir les pays d'un tsunami imminent.
Mis à l'épreuve il y a deux ans, ce système a fonctionné: après un séisme géant au large de Sumatra tous les pays à risque ont été prévenus en 12 minutes. Ce tremblement de terre n'a finalement engendré aucun tsunami.
De plus, 24 pays de la zone ont mis en place leurs propres centres d'alerte nationaux.
En Thaïlande, où 5.395 personnes ont péri dont la moitié de touristes étrangers - 129 tours d'alerte ont été installées dans le sud-ouest et ces dernières sont reliées à un centre de surveillance à Bangkok. Une vague géante déclencherait les sirènes et des annonces en plusieurs langues. Fonctionnaires et élus seraient également prévenus par SMS de l'obligation d'évacuer.
Mais dans une région où le fatalisme l'emporte souvent, le désir de se préparer au pire semble s'atténuer progressivement les années passant.
- Manque de motivation -
A Khao Lak , une zone balnéaire littéralement rayée de la carte il y a dix ans, les signes préconisant de courir vers un terrain plus élevé ont tout simplement disparu.
Les systèmes d'alerte précoce sont une vraie avancée, mais ne suffisent pas, estime Kerry Sieh, professeur à l'Université de Nanyang à Singapour.
"Avec, il faut de l'éducation et les infrastructures adéquates", ajoute-t-il, soulignant l'importance de construire des routes plus larges pour l'évacuation ou des structures verticales pour que les gens puissent s'échapper plus rapidement.
A Aceh, les élèves sont sensibilisés dans les écoles mais certains adultes ne souhaitent pas évoquer la tragédie, déplore Muhammad Dirhamsyah de l'agence chargée de la prévention des catastrophes à Aceh.
"Lorsque nous avons mené un exercice il y a peu, nous avons reçu de nombreuses plaintes. Les adultes sont réticents à éduquer les générations futures", constate-t-il.
A Phuket, même dans des hôtels touchés il y a dix ans, le manque de motivation est évident.
"Les gens ne prennent plus réellement les formations au sérieux", reconnaît Chalachol Buthrem, chef de la sécurité de l'hôtel Holiday Inn Resort. "C'est la nature humaine, après quelques annéesles gens oublient".
Pourtant le danger est réel. Après "100 ans de calme", il y a eu en dix ans six tremblements de terre de plus de 7,9 dans la zone, signe d'une "activité accrue", explique M. McCreery. "Aujourd'hui, tout le monde sait ce qu'est un tsunami mais si nous avons une autre longue période de calme, alors nous allons oublier".
Le 26 décembre 2004, un séisme de magnitude 9,3 au large de l'Indonésie a engendré une série de vagues massives sur les côtes de 14 pays de l'Océan indien, parfois très éloignés les uns des autres. Ce tsunami a frappé l'Indonésie mais aussi le Sri Lanka ou la Somalie et fait plus de 220.000 victimes sur son passage.
Toute la région est touchée et comme parmi les victimes figuraient aussi des milliers de touristes étrangers, venus profiter du soleil pour la période de Noël, l'horreur et le deuil se répandent dans des foyers du monde entier.
A l'époque, il n'existait aucun système d'évaluation ou d'avertissement. Beaucoup de gens ont réalisé trop tard qu'il fallait rapidement trouver un abri en hauteur quand d'autres sont tout simplement restés pétrifiés devant la mer qu'ils ont d'abord vu reculer avant qu'un mur d'eau ne revienne s'abattre sur eux.
Persuadés que de nombreuses vies auraient pu être épargnées, les autorités ont mis en place il y a trois ans un système d'alerte régional.
Mais à l'approche du 10e anniversaire du tsunami vendredi, certains experts, familles ou proches des victimes mettent en garde: ils estiment que la mémoire de ce jour fatidique s'estompe peu à peu, emportant dans son sillage la volonté de mieux se préparer pour ce type de catastrophe.
"La plupart des gens veulent oublier, je peux comprendre. Mais je pense qu'il est également très important de se rappeler ce qui est arrivé et cela pour des raisons de sécurité", estime Mathias Mann, qui vient de déposer des fleurs dans un cimetière de la province de Phang Nga en Thaïlande, en l'honneur d'un collègue allemand qui a disparu.
- Vagues de 35 mètres de haut -
Il a fallu environ 20 minutes après le tremblement de terre pour que les premières vagues, dont certaines atteignaient 35 mètres de haut - touchent la côte d'Aceh, où la grande majorité des 170.000 victimes indonésiennes sont mortes.
Mais ce n'est qu'environ deux heures plus tard que le tsunami atteint la Thaïlande puis l'Inde et le Sri Lanka, tuant 31.000 personnes dans cette petite île.
"Nous avancions à l'aveuglette, sans aucune sorte de capteurs dans l'océan Indien", a rappelé Charles McCreery, directeur du Centre d'alerte aux tsunamis dans le Pacifique, lors d'une récente conférence en Indonésie.
Mis en place en 2011, l'ambitieux réseau de marégraphes (qui mesurent le niveau de la mer), de bouées océaniques en eau profonde et de moniteurs sismiques est utilisé pour avertir les pays d'un tsunami imminent.
Mis à l'épreuve il y a deux ans, ce système a fonctionné: après un séisme géant au large de Sumatra tous les pays à risque ont été prévenus en 12 minutes. Ce tremblement de terre n'a finalement engendré aucun tsunami.
De plus, 24 pays de la zone ont mis en place leurs propres centres d'alerte nationaux.
En Thaïlande, où 5.395 personnes ont péri dont la moitié de touristes étrangers - 129 tours d'alerte ont été installées dans le sud-ouest et ces dernières sont reliées à un centre de surveillance à Bangkok. Une vague géante déclencherait les sirènes et des annonces en plusieurs langues. Fonctionnaires et élus seraient également prévenus par SMS de l'obligation d'évacuer.
Mais dans une région où le fatalisme l'emporte souvent, le désir de se préparer au pire semble s'atténuer progressivement les années passant.
- Manque de motivation -
A Khao Lak , une zone balnéaire littéralement rayée de la carte il y a dix ans, les signes préconisant de courir vers un terrain plus élevé ont tout simplement disparu.
Les systèmes d'alerte précoce sont une vraie avancée, mais ne suffisent pas, estime Kerry Sieh, professeur à l'Université de Nanyang à Singapour.
"Avec, il faut de l'éducation et les infrastructures adéquates", ajoute-t-il, soulignant l'importance de construire des routes plus larges pour l'évacuation ou des structures verticales pour que les gens puissent s'échapper plus rapidement.
A Aceh, les élèves sont sensibilisés dans les écoles mais certains adultes ne souhaitent pas évoquer la tragédie, déplore Muhammad Dirhamsyah de l'agence chargée de la prévention des catastrophes à Aceh.
"Lorsque nous avons mené un exercice il y a peu, nous avons reçu de nombreuses plaintes. Les adultes sont réticents à éduquer les générations futures", constate-t-il.
A Phuket, même dans des hôtels touchés il y a dix ans, le manque de motivation est évident.
"Les gens ne prennent plus réellement les formations au sérieux", reconnaît Chalachol Buthrem, chef de la sécurité de l'hôtel Holiday Inn Resort. "C'est la nature humaine, après quelques annéesles gens oublient".
Pourtant le danger est réel. Après "100 ans de calme", il y a eu en dix ans six tremblements de terre de plus de 7,9 dans la zone, signe d'une "activité accrue", explique M. McCreery. "Aujourd'hui, tout le monde sait ce qu'est un tsunami mais si nous avons une autre longue période de calme, alors nous allons oublier".