Disparition du rond-point du Pacifique et aménagement du front de mer vont de pair


Ce mardi matin, la présentation de la nouvelle circulation après la destruction du rond-point du Pacifique a été faite par Albert Solia, le ministre de l'Equipement, Michel Buillard le tavana de Papeete et Bruno Marty, adjoint au maire de Papeete en charge de l'urbanisme.
PAPEETE, le 15 septembre 2015. Le ministère de l'Equipement et la mairie de Papeete organisaient ce mardi matin conjointement une conférence de presse pour présenter les travaux imminents concernant la destruction du rond-point du Pacifique. Dans la foulée, en 2016, devrait être lancé l'aménagement d'une voie piétonne et arborée côté montagne du rond-point Chirac à l'avenue du Prince Hinoi. La contre-allée du front de mer, côté ville, va disparaitre pour une "promenade piétonne".

A Papeete, la liaison boulevard Pomare/Prince Hinoi est l'un des points névralgiques de la circulation automobile dans la capitale polynésienne. Aussi, le moindre changement de mode opératoire pour faciliter la circulation des véhicules provoque imparablement une levée de boucliers, de la part des automobilistes qui transitent dans ce secteur tous les jours. Or, en heure de pointe le matin, on compte jusqu'à 2625 véhicules par heure à circuler sur le front de mer en provenance de la côte ouest de Tahiti. Des comptages précis des voitures ont été effectués et analysés dans le détail de leurs déplacements. Sur ces 2625 véhicules par heure qui se retrouvent sur le front de mer en matinée, on sait ainsi que 1555 tournent à droite et s'engagent sur l'avenue du Prince Hinoi, que 1015 font un "tout droit" pour rejoindre Fare Ute ; cinq seulement tournent à gauche, ce sont les taxis. Enfin les 50 restants s'engagent sur le front de mer en provenance des rues du centre-ville et font le tour complet du giratoire du Pacifique pour partir vers l'ouest.

Le même comptage en soirée illustre parfaitement le "point noir" repéré par le service de l'Equipement. A l'heure de pointe sur ce rond-point du Pacifique sur les 760 véhicules qui viennent de Fare Ute, seuls 70 d'entre eux font le tour du rond-point pour s'engager à gauche sur l'avenue du Prince Hinoi. Et ce "tourne à gauche" serait le point sensible qui ralentit considérablement la circulation en centre-ville, provoque des embouteillages monstres et oblige même la police municipale à venir réguler la circulation. Bref, il fallait agir et la solution du ministère est donc de supprimer le rond point, de remettre des feux tricolores.

Depuis quelques mois le ministère de l'Equipement annonce ainsi que le rond-point du Pacifique va disparaître. Quinze ans après sa construction, ce giratoire ne remplit plus aujourd'hui du tout son rôle de fluidification de la circulation automobile. Au contraire, avec l'installation de l'onde verte sur l'avenue du Prince Hinoi - qui doit permettre aux automobilistes qui circulent à la vitesse autorisée de n'avoir que des feux verts- ce giratoire est devenu un handicap.


DEMI-TOUR AU GIRATOIRE JACQUES CHIRAC


Avec la suppression du "tourne à gauche" de Fare Ute vers l'avenue du Prince Hinoi, le ministre de l'Equipement, Albert Solia sait qu'il n'échappera pas à un flot de critiques durant de longs mois, notamment pendant toute la durée des travaux à savoir cinq mois. Les plus virulents seront nécessairement les 70 automobilistes, qui en fin de journée, effectuent ce parcours et qui vont se retrouver contraints de faire demi-tour au rond point Jacques Chirac (près d'un kilomètre plus loin) ou bien à trouver un autre itinéraire, depuis Fare Ute, pour aller en direction de Pirae. Le ministre renvoie néanmoins tout le monde à ce qui s'est passé, il y a un an à peine à Punaauia, avec l'ouverture du tunnel à hauteur de la marina Taina. Les commentaires ont parfois été féroces, mais au final "ce qui se passe sur place aujourd'hui n'est pas si mal que ça. Nous sommes là dans la même démarche : les automobilistes qui tournent à gauche sont un petit nombre. J'ai été à l'écoute de ceux qui estiment que ce n'est pas une bonne chose, mais nous devons faire ce qui est le mieux pour l'intérêt général" précise-t-il.

Les travaux pour la destruction du rond-point du Pacifique, évalués à 230 millions de Fcfp, devraient démarrer à la fin du mois d'octobre. Ils dureront cinq mois durant lesquels le flot de véhicules habituels qui empruntent le rond-point du Pacifique (2600 par heure en pointe le matin et 2000 par heure en pointe en fin de journée environ) devront composer avec des modifications provisoires de circulation, des empiétements de chaussée pour les engins, des périodes de circulation alternée durant la soirée et la nuit, bref les encombrements d'un chantier. On ne saura vraiment qu'au printemps 2016 si la solution choisie coïncide véritablement aux attentes de fluidification du trafic sur ces grandes voies de circulation de Papeete que sont le boulevard Pomare et l'avenue du Prince Hinoi. Le ministre de l'Equipement promet que de nouveaux comptages de véhicules seront effectués pour vérifier que tout fonctionne comme il l'avait prévu.


Pour voir le futur plan de circulation au croisement Boulevard Pomare/ Avenue Prince Hinoi une fois que le rond-point du Pacifique aura disparu, CLIQUER ICI

Une projection de l'aménagement de cette promenade piétonne, sur le front de mer côté montagne, réalisée par l'architecte Alexis Nguyen.
Une "promenade piétonne" et paysagère sur la contre-allée

Jusqu'ici le front de mer de Papeete s'était essentiellement refait une beauté, côté mer : aménagement du front de mer avec la création des jardins de Paofai inaugurés en février 2010, agrandissement de la marina et création d'une "coulée verte" au bord de l'eau en juin 2015. Désormais, c'est côté montagne, que le front de mer va être aménagé probablement à partir de 2017. Le projet d'aménagement "en concertation avec la commune" précise le ministre de l'Equipement Albert Solia, a été confié au même architecte paysagiste, Alexis Nguyen qui a travaillé côté mer, afin de garantir une unité d'ensemble.

Cette voie de "promenade piétonne" de 4 à 5 mètres de large, sera effectuée entre le rond-point Jacques Chirac et l'avenue du Prince Hinoi, sur 700 mètres linéaires, en utilisant la contre-allée côté montagne. Ce qui implique la suppression d'une trentaine de places de stationnement sur la rue, mais il y en 3270 au total dans Papeete, dont de nombreuses sous-utilisées dans les parkings privés précise Bruno Marty. Cette allée piétonne sera plantée de cocotiers et d'arbustes pour faire le pendant à ce qui existe sur le quai des yachts.

Des bancs et des fare potee (un devant le centre Vaima, l'autre en face de la rue Cardella) seront installés pour inviter au repos ; des plates-bandes de pelouse et des rochers de décoration viendront compléter cette installation. Au pied du centre Vaima une placette paysagère sera créée. Tout ceci n'est encore qu'un projet même s'il semble "ficelé" entre le Pays et la commune qui devrait pouvoir commencer à être réalisé à partir de l'année prochaine. Tous ces travaux à réaliser sur le domaine public territorial ne réclament aucun financement de la commune. A partir de ce qui sera fait, Bruno Marty adjoint en charge de l'urbanisme de la ville espère néanmoins "que l'esprit du Front de mer puisse remonter dans la ville" et son tavana d'ajouter "il faut s'attaquer aux friches de Papeete pour le renouvellement du centre-ville".

Une passerelle piétonne à partir de l'Office de tourisme

Voilà une idée qui n'est pas encore aboutie mais qui alimente depuis longtemps les conversations. Pour supprimer un –ou plusieurs- passages piétons qui traversent les voies du front de mer de Papeete, la création d'une passerelle piétonne à l'arrivée des croisières est envisagée très sérieusement. Mais sa construction dépend des réalisations à venir du port autonome pour ce qui est de l'accueil des croisiéristes. A priori, elle devrait se situer à hauteur de Tahiti Tourisme mais son arrivée "en ville" est beaucoup moins précise. "La passerelle n'est pas encore située exactement, elle dépend des aménagements à venir pour les croisières" explique Albert Solia. On sait en revanche qu'elle sera construite avec des ascenseurs pour faciliter les passages des personnes à mobilité réduite. Début 2016, les concours d'architecture seront lancés sur ce projet par le port autonome et les travaux ne devraient pas se faire avant 2017 au mieux. Il faudra alors libérer les locaux du ministère du tourisme.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 15 Septembre 2015 à 16:39 | Lu 4723 fois