Disparition du petit Antoine: neuf ans après, la mère mise en examen


Clermont-FerrandFrance | AFP | jeudi 13/04/2017  Neuf ans après, l'énigme de la disparition du petit Antoine à Issoire (Puy-de-Dôme) est-elle en passe d'être résolue ? Sa mère et son ex-compagnon, qui ont toujours parlé d'enlèvement, ont été mis en examen pour homicide involontaire.

Mardi, Alexandrine Brugerolle de Fraissinette, 32 ans, a été entendue quatre heures par les deux juges d'instruction en charge de l'affaire qui l'ont interrogée, pour la huitième fois, sur divers points du dossier. Entendu à son tour, son ex-compagnon Sébastien Ribière, 37 ans, a lui fait une déclaration spontanée, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

Tous deux ont été mis en examen pour homicide involontaire par manquement délibéré, recel de cadavre, modification de l'état des lieux d'un crime et dénonciation mensongère ayant entraîné de vaines recherches. La mère a été laissée libre sous contrôle judiciaire tandis que son ex-compagnon, actuellement incarcéré pour un trafic de cocaïne en récidive, a rejoint sa cellule.

Le procureur de la République à Clermont-Ferrand, Éric Maillaud, tiendra une conférence de presse sur l'affaire à 16H00 au tribunal de grande instance.
- Confidences -

Ce rebondissement, neuf ans après les faits, intervient aussi deux mois après qu'un ancien codétenu de Sébastien Ribière a écrit à l'administration pénitentiaire.

Il relatait de prétendues confidences de ce dernier remontant au début de l'année 2015, lorsque tous deux étaient incarcérés au centre pénitentiaire d'Avignon-Le Pontet (Vaucluse), sur la disparition du garçonnet.

Selon lui, Antoine aurait ingurgité, par accident, de l'héroïne qui traînait sur une table basse et serait mort d'une overdose. Son corps aurait été dissimulé, ensuite, dans les collines environnantes. 

Dans cette affaire, la mère a toujours affirmé que son fils avait disparu de l'appartement familial alors qu'elle et son compagnon étaient sortis dîner au restaurant, le 11 septembre 2008.

"Je continue à penser que quelqu’un est entré chez moi en mon absence et est parti avec mon fils. Je me dis qu’on est venu le prendre et qu’il a eu un moment de peur absolue, ce qui explique le pipi dans son lit", déclarait-elle encore au quotidien La Montagne en octobre 2013.

A l'époque, une autre disparition d'enfant dans le Puy-de-Dôme faisait grand bruit: celle de la petite Fiona, dont la mère et son ex-compagnon, tous deux toxicomanes, venaient d'avouer la mort, après avoir initialement parlé de disparition.
- 'Opportuniste' -

En 2008, Alexandrine Brugerolle de Fraissinette et Sébastien Ribière, couple à la vie chaotique, partagé entre la drogue et l'errance, avaient été placés en garde à vue dans le cadre d'une information judiciaire ouverte alors pour "enlèvement et séquestration".

La disparition de sacs poubelles de 100 litres achetés par la mère d'Antoine, qu'elle assurait avoir échangés contre des sacs de 30 litres, intriguait notamment les enquêteurs mais il n'y avait pas eu de mise en examen.

Tous deux avaient été ré-entendus en 2012 et des fouilles avaient été effectuées en 2013 pour tenter de retrouver le corps, autre similitude avec l'affaire Fiona.

Autre rebondissement, le couple avait comparu, en 2016, pour le meurtre d'une amie dealeuse qui les hébergeait en 2011 à Marseille. La cour d'assises des Bouches-du-Rhône les avait acquittés.

En mars dernier, le procureur de Clermont, interrogé par l'AFP sur les confidences du codétenu, les avait trouvées "intéressantes" mais "à prendre avec prudence et précaution".

"Ce sont les propos d'un opportuniste qui vient raconter une conversation qu'il aurait eue il y a deux ans et qui n'a jamais existé. C'est un moyen d'obtenir un aménagement de peine dans un bref délai dans des conditions avantageuses. La justice n'aurait pas dû prêter attention à un tel témoignage", a dénoncé, jeudi, l'avocat de Sébastien Ribière, Me Jean-François Canis.

Le codétenu est actuellement incarcéré à Nîmes pour des violences conjugales.

"C'est un témoin assez providentiel pour les services d'enquête parce qu'il permet de sortir par le haut dans un dossier où tous s'étaient englués", a ironisé Me Anne-Laure Lebert, qui défend la mère d'Antoine.


Rédigé par RB le Jeudi 13 Avril 2017 à 04:13 | Lu 615 fois