Disparition de Karine Esquivillon: le corps retrouvé après les aveux du mari


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La Roche-sur-Yon, France | AFP | vendredi 16/06/2023 - Le mari de Karine Esquivillon, qui a fait croire à la disparition de la mère de famille durant deux mois et demi, est passé aux aveux dans la nuit de jeudi à vendredi, indiquant aux enquêteurs la localisation du corps de son épouse, retrouvé peu après.

"Je confirme que M. (Michel) Pialle a reconnu" les faits et "indiqué aux enquêteurs où se trouve le corps", a précisé à l'AFP la procureure de la République de La Roche-sur-Yon Emmanuelle Lepissier.

"Monsieur Pialle a fait le choix de s'expliquer", a indiqué son avocat, Me Antoine Ory, qui s'est rendu au palais de justice de La Roche-sur-Yon dans la matinée pour rejoindre son client, après son défèrement vers 8H30.

Quelques heures plus tôt, en fin de garde à vue, le mari a fini par dire aux enquêteurs avoir tué son épouse accidentellement en manipulant une arme, selon une source proche de l'enquête, confirmant une information du Parisien.

Les gendarmes se sont alors rapidement rendus sur le lieu indiqué par Michel Pialle, un bois situé à quelques kilomètres du domicile du couple, où ils ont découvert le corps de Karine Esquivillon.

Vers 9H30, trois véhicules de gendarmerie, ainsi qu'un fourgon blanc de l'identification criminelle, ont quitté le chemin de terre menant à cet endroit, a constaté un photographe de l'AFP.

Ce chemin passant entre des champs et des arbres, dessert un sous-bois isolé, où cohabitent chênes et fougères, sans maison aux alentours, selon un autre journaliste de l'AFP.

Karine Esquivillon, 54 ans et mère de cinq enfants, avait disparu le 27 mars, sans laisser d'autre trace connue qu'un téléphone mobile découvert deux semaines plus tard, le 9 avril, dans un fossé, près d'une aire de covoiturage, par le maire de la commune Frédéric Rager.

Un appel à témoins avait été lancé le 9 mai pour tenter de la retrouver.

"C'est la tristesse"

A Maché, devant la maison familiale où des scellés sont apparents, deux roses blanches sont disposées par terre.

Une voisine, qui refuse de dévoiler son identité, lâche à l'AFP : "C'est pas le moment de s'exprimer, là c'est la tristesse. On a besoin de rester entre nous".

Une autre voisine, âgée, qui habite le hameau de Malnoue depuis 1987, assure ne pas connaître le couple, qui résidait pourtant à quelques dizaines de mètres. 

Est-elle surprise ou émue ? "Quand il a commencé à dire des bêtises, des choses qui changeaient, on s'est bien douté que ça cachait quelque chose. Je ne la connaissais pas mais c'est quand même triste ce qui lui est arrivé", a répondu la vieille dame.

Depuis quelques semaines, Michel Pialle, 51 ans, a relayé à plusieurs reprises sur sa page Facebook l'appel à témoins concernant la disparition de sa femme, donnant aussi diverses interviews.

Fin mai, il se disait convaincu que son épouse avait quitté "volontairement" leur domicile, ce dont doutaient certains de ses enfants et la sœur de la quinquagénaire.

Ancien architecte reconverti dans la vente d'objets d'art en ligne, M. Pialle assurait que son épouse avait profité d'une absence de sa part pour partir et il avait témoigné en mai, auprès de l'AFP, de son "inquiétude qui est plus forte chaque jour qui passe".

Le 4 juin, toujours sur Facebook, il partageait des photos de dessins d'enfant, implorant son épouse de donner "des nouvelles". "Les enfants te souhaitent une bonne fête des mères, ils t'aiment et tu leur manques beaucoup !", écrivait-il.

Mais mercredi matin, les gendarmes ont interpellé Michel Pialle à son domicile et l'ont placé en garde à vue. Pendant environ huit heures, ils ont perquisitionné la maison et saisi deux véhicules.

A l'issue de ses deux jours de garde à vue, et après ses aveux, il a été transféré au palais de justice où il devrait être mis en examen dans la journée.

Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l'année précédente, avec 122 femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, selon les derniers chiffres disponibles du ministère de l'Intérieur.

le Vendredi 16 Juin 2023 à 06:07 | Lu 727 fois