Digital Festival Tahiti : le Pays câblé, l’Etat connecté


Papeete, le 16 octobre 2019 – Le Digital Festival Tahiti 2019 a ouvert ses portes mercredi après-midi à la présidence. Le président Edouard Fritch a annoncé à cette occasion de nouvelles aides au numérique et le haut-commissaire Dominique Sorain a salué la démarche Tech4Islands initiée par les organisateurs du festival, en assurant du soutien de Paris pour cette vision de l’innovation en Polynésie.
 
Le digital Festival Tahiti 2019 - Tech4Islands a été officiellement inauguré mercredi après-midi sous le chapiteau de la présidence. Avant les discours du président du Pays Edouard Fritch et du haut-commissaire Dominique Sorain, le président de l’association Digital Festival Tahiti, Olivier Kressmann, a d’abord présenté une nouvelle fois la « vision » Tech4Islands. La démarche d’innovation de la Polynésie pour identifier et promouvoir des solutions adaptées à un contexte insulaire. Une volonté qui s’est traduite côté Pays par l’annonce de nouvelles aides aux numérique. Et pour l’Etat de l’assurance de son accompagnement dans cette démarche d’innovation.
 
Les câbles c’est bien…
 
Le président Edouard Fritch a salué la volonté des organisateurs du festival de « désenclaver nos archipels », « favoriser l’inclusion numérique », ou encore « digitaliser et booster les secteurs économiques ». Mais le président du Pays a surtout insisté dans son discours sur le renforcement de « l’égalité  numérique » grâce « à la construction d’infrastructures et de liaisons numériques », avant d’évoquer la « promotion et le soutien de l’inclusion et de l’économie numérique ».
 
Un soutien qui passe, pour le président, par un nouveau dispositif baptisé « Aide à l’Inclusion Digitale (A.I.D) ». Le dispositif sera créé et mis en œuvre en 2020 pour « soutenir les associations œuvrant dans les domaines de l’insertion professionnelle, de la cohésion sociale et de la santé dans la mise en œuvre de leur projet d’inclusion numérique. Leurs actions en faveur des personnes vulnérables permettront à ces dernières de bénéficier, aux mêmes titres que tout citoyen, des apports du développement numérique. Il s’agira plus précisément de soutenir financièrement l’achat de matériels informatiques et l’installation d’une connexion internet, pour l’équipement d’une véritable salle informatique. »
 
Par ailleurs, Edouard Fritch a profité de l’ouverture du Digital Festival Tahiti pour annoncer « des modifications réglementaires à l’Aide à la Connexion Internet (ACI) et au Dispositif d’Aide au Digital (DAD) » pour leur permettre d’être plus efficaces.
 
… Mais ce qui est important, c’est ce qu’on met dedans
 
Côté Etat, le haut-commissaire, Dominique Sorain, est également revenu sur la construction du « nouvel écosystème numérique » de la Polynésie avec ses câbles sous-marins. Mais comme « préalable » pour assurer les « conditions d’émergence d’un écosystème structuré ». Pour le représentant de l’Etat, les secteurs du tourisme, de l’économie bleue ou verte, de l’économie circulaire, et même les secteurs traditionnels « tireront profit de l’élaboration de solutions innovantes ».
 
« L’innovation, j’en suis convaincu, c’est toujours la prime à l’intelligence collective », a résumé Dominique Sorain, confirmant l’intérêt de l’Etat pour la démarche Tech4Islands initiée par le Polynésie. Le haut-commissaire a assuré de l’engagement de l’Etat pour soutenir la structuration de cette démarche d’innovation et a même déjà salué ses opportunités : « Cette économie de la connaissance, immatérielle, plus affranchie des distances, permettra de créer des emplois à haute valeur ajoutée pour la jeunesse du fenua. »
 
Et pour constater, par soi-même, les premières opportunités de ce nouvel écosystème pour la Polynésie, le Digital Festival sera ouvert au public à la présidence de jeudi à samedi.

Tea Frogier, ministre en charge du Numérique : « Ce concept des îles connectées c’est une réalité »

Que pensez-vous de cette vision Tech4Islands qui consiste à développer des solutions innovantes pour le développement de nos îles ?
 
« C’est vrai que la Polynésie française est considérée comme une terre d’expérimentation et d’expérience. Le digital, de par son ouverture, nous permet encore une fois de faire entendre notre voix. Mais surtout, l’objectif, c’est bien que toute cette technologie puisse venir nous accompagner et que notre population puisse en trouver les bienfaits. Donc, oui, ce concept des îles intelligentes et des îles connectées c’est une réalité qui se construit, notamment avec la construction des câbles et avec notre volonté d’égalité dans l’accès au numérique. Ceci pour que l’on puisse montrer qu’on peut réaliser un certain nombre de choses et devenir attractif grâce à cet écosystème numérique. »
 
Du point de vue de l’administration, c’est aussi une démarche intéressante ?
 
« Notre objectif de l’inclusion numérique, c’est de ne pas laisser une catégorie de notre population au bord du chemin. On pense notamment aux personnes défavorisées qui n’ont pas les moyens d’accéder à ces outils. (…) Et bien sûr que cette inclusion on l’a déjà intégrée dans notre démarche de service public, puisque nous devons répondre à la demande de nos administrés. La transformation numérique nous permet, d’une part, d’être plus rapides et de libérer du temps pour répondre mieux et davantage à nos administrés, tout en répondant d’autre part à une problématique de désenclavement. »

​Vaimua Muliava, membre du gouvernement calédonien en charge du Numérique : « A nous de nous positionner dans ce monde numérique »

Quel est l’objectif de ce déplacement au Digital Festival Tahiti pour la délégation calédonienne ?
 
« Au niveau de la Nouvelle-Calédonie, on est dans la dernière mandature de l’Accord de Nouméa. Et je pense qu’il faut plus que jamais se tourner vers la région. La région c’est qui ? C’est la Polynésie française, qui est très souvent à la proue dans plusieurs domaines et qui est très curieuse par nature de par sa culture. Cette curiosité génère un esprit entrepreneurial. En  Nouvelle-Calédonie, on est aussi une terre de pionniers et de navigateurs. Donc on se rejoint et il faut qu’on se mette en synergie. C’est l’objet de mon déplacement ici. »
 
Qu’est-ce que vous pensez du concept de la Tech4Islands développé ici aujourd’hui ?
 
« C’est une opportunité. Vous savez, l’insularité c’est un challenge. Le mythe de la vahine, ça relève de la mythologie. La réalité, c’est que la vie dans un archipel, c’est un challenge. C’était un challenge hier, c’est un challenge aujourd’hui. Et dans le contexte de la globalisation, c’est un challenge encore plus demain. Donc le numérique permet de s’approprier ce monde globalisé où l’impersonnel va finir par nous noyer. Donc c’est à nous de nous positionner dans ce monde du numérique pour développer notre spécificité et en même temps notre lien avec le monde. Donc c’est un enjeu capital. »

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 16 Octobre 2019 à 21:24 | Lu 12251 fois