San Francisco, Etats-Unis | AFP | mercredi 08/08/2018 - "Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle": malgré son cancer en phase terminale, Dewayne "Lee" Johnson, un Américain de 46 ans qui attaque en justice Monsanto et son herbicide célèbre Roundup, garde le sourire.
Et l'espoir de faire rendre des comptes à la multinationale.
Son débit est lent, il fait plus vieux que son âge, mais sa voix au timbre grave reste puissante quand il vient témoigner, fin juillet, devant le tribunal de San Francisco (ouest): on a presque peine à croire que les médecins ne lui donnent plus que deux ans à vivre au maximum.
"C'est très dur" mais "je garde cette attitude: il faut que je combatte" la maladie, dit M. Johnson, crâne rasé et barbichette discrète, qui semble encore assez costaud malgré la maladie et la chimiothérapie.
En 2014, ce père de deux garçons de 10 et 13 ans, qui "écrit" et "fait de la musique", a été diagnostiqué d'un lymphome non hodgkinien, un cancer incurable du système lymphatique.
Depuis deux ans, il vaporisait --parfois des centaines de litres à la fois-- du Roundup et surtout sa version professionnelle, le RangerPro, des désherbants de Monsanto contenant du glyphosate, substance soupçonnée d'être cancérigène. Un danger fermement nié par la firme.
Il était "responsable de la lutte contre les nuisibles" animaux et végétaux sur les terrains scolaires de Benicia, une petite ville de Californie, au nord-ouest de San Francisco.
"J'aimais beaucoup mon travail, j'étais très sérieux ", dit-il avec fierté, expliquant avoir appris pour l'essentiel sur le tas, et faisant sourire l'assistance en notant qu'il avait fait déguerpir "30 putois, 25 ratons-laveurs et ... 1 écureuil" des cours d'école.
Les nuisibles, c'était aussi les mauvaises herbes. A éliminer au Roundup, puis au RangerPro, plus puissant, à diluer dans de l'eau dans d'immenses citernes, avant de l'épandre.
S'il avait su que les produits qu'il utilisait étaient peut-être dangereux, il n'aurait "jamais vaporisé du RangerPro dans des écoles ou où que ce soit", assure cet Afro-Américain, qui a décidé d'attaquer Monsanto en justice en 2016, épaulé par un cabinet d'avocats spécialisé, The Miller Firm. Il lui réclame plus de 400 millions de dollars.
M. Johnson, qui n'avait pas de problème de santé auparavant, n'avait aucune idée des controverses sur le glyphosate avant de voir des marques sur sa peau et de se renseigner sur internet, explique-t-il.
A deux reprises, M. Johnson a été aspergé de RangerPro et ses vêtements trempés suite à des dysfonctionnements des vaporisateurs: "après la deuxième fois j'ai paniqué", raconte-t-il, se remémorant de "la situation incontrôlable sur (sa) peau" où se multipliaient des lésions très douloureuses.
"Je ne savais pas (si c'était le RangerPro) mais j'ai commencé à avoir un pressentiment (...). Je me suis dit que ça pouvait être une raison possible à ma maladie", explique le plaignant au cours de ce procès aux allures de combat de David contre Goliath.
"Son travail était tout pour lui" et il était "sexy", "heureux", explique sa femme Araceli, d'une voix faible, qui se souvient des "dîners", des "promenades" en amoureux et raconte à quel point "sa priorité, ce sont ses fils, qu'ils aillent bien".
Aujourd'hui, il ne peut plus travailler. Et pour payer les factures, Araceli a deux jobs, dans une école et dans une maison de retraite.
Malgré une pudeur perceptible, Dewayne Johnson raconte "les douleurs". "J'ai beaucoup pleuré", dit-il, expliquant qu'une série de séances de chimiothérapie l'avait "rendu fou".
Pour son avocat Brent Wisner, "l'un des enjeux de cette affaire est pour le jury de déterminer à quel point le cancer a eu un impact dans sa vie".
M. Johnson est l'un des rares particuliers dans le monde à parvenir à mettre Monsanto sur le banc des accusés dans un procès. Et s'il est le premier à voir son cas autour du glyphosate arriver jusqu'au tribunal, c'est parce que la loi californienne oblige la justice à organiser un procès avant le décès du plaignant.
"Je sais que je ne vais pas aller mieux", dit Dewayne Johnson, promettant néanmoins de "se battre jusqu'à son dernier souffle".
Et l'espoir de faire rendre des comptes à la multinationale.
Son débit est lent, il fait plus vieux que son âge, mais sa voix au timbre grave reste puissante quand il vient témoigner, fin juillet, devant le tribunal de San Francisco (ouest): on a presque peine à croire que les médecins ne lui donnent plus que deux ans à vivre au maximum.
"C'est très dur" mais "je garde cette attitude: il faut que je combatte" la maladie, dit M. Johnson, crâne rasé et barbichette discrète, qui semble encore assez costaud malgré la maladie et la chimiothérapie.
En 2014, ce père de deux garçons de 10 et 13 ans, qui "écrit" et "fait de la musique", a été diagnostiqué d'un lymphome non hodgkinien, un cancer incurable du système lymphatique.
Depuis deux ans, il vaporisait --parfois des centaines de litres à la fois-- du Roundup et surtout sa version professionnelle, le RangerPro, des désherbants de Monsanto contenant du glyphosate, substance soupçonnée d'être cancérigène. Un danger fermement nié par la firme.
Il était "responsable de la lutte contre les nuisibles" animaux et végétaux sur les terrains scolaires de Benicia, une petite ville de Californie, au nord-ouest de San Francisco.
"J'aimais beaucoup mon travail, j'étais très sérieux ", dit-il avec fierté, expliquant avoir appris pour l'essentiel sur le tas, et faisant sourire l'assistance en notant qu'il avait fait déguerpir "30 putois, 25 ratons-laveurs et ... 1 écureuil" des cours d'école.
Les nuisibles, c'était aussi les mauvaises herbes. A éliminer au Roundup, puis au RangerPro, plus puissant, à diluer dans de l'eau dans d'immenses citernes, avant de l'épandre.
- 400 millions de dollars -
S'il avait su que les produits qu'il utilisait étaient peut-être dangereux, il n'aurait "jamais vaporisé du RangerPro dans des écoles ou où que ce soit", assure cet Afro-Américain, qui a décidé d'attaquer Monsanto en justice en 2016, épaulé par un cabinet d'avocats spécialisé, The Miller Firm. Il lui réclame plus de 400 millions de dollars.
M. Johnson, qui n'avait pas de problème de santé auparavant, n'avait aucune idée des controverses sur le glyphosate avant de voir des marques sur sa peau et de se renseigner sur internet, explique-t-il.
A deux reprises, M. Johnson a été aspergé de RangerPro et ses vêtements trempés suite à des dysfonctionnements des vaporisateurs: "après la deuxième fois j'ai paniqué", raconte-t-il, se remémorant de "la situation incontrôlable sur (sa) peau" où se multipliaient des lésions très douloureuses.
"Je ne savais pas (si c'était le RangerPro) mais j'ai commencé à avoir un pressentiment (...). Je me suis dit que ça pouvait être une raison possible à ma maladie", explique le plaignant au cours de ce procès aux allures de combat de David contre Goliath.
"Son travail était tout pour lui" et il était "sexy", "heureux", explique sa femme Araceli, d'une voix faible, qui se souvient des "dîners", des "promenades" en amoureux et raconte à quel point "sa priorité, ce sont ses fils, qu'ils aillent bien".
Aujourd'hui, il ne peut plus travailler. Et pour payer les factures, Araceli a deux jobs, dans une école et dans une maison de retraite.
Malgré une pudeur perceptible, Dewayne Johnson raconte "les douleurs". "J'ai beaucoup pleuré", dit-il, expliquant qu'une série de séances de chimiothérapie l'avait "rendu fou".
Pour son avocat Brent Wisner, "l'un des enjeux de cette affaire est pour le jury de déterminer à quel point le cancer a eu un impact dans sa vie".
M. Johnson est l'un des rares particuliers dans le monde à parvenir à mettre Monsanto sur le banc des accusés dans un procès. Et s'il est le premier à voir son cas autour du glyphosate arriver jusqu'au tribunal, c'est parce que la loi californienne oblige la justice à organiser un procès avant le décès du plaignant.
"Je sais que je ne vais pas aller mieux", dit Dewayne Johnson, promettant néanmoins de "se battre jusqu'à son dernier souffle".