PAPEETE, vendredi 19 octobre. L'annonce d'une éventuelle reprise de l'exploitation des mines de phosphates à Makatea (Tuamotu) interrompue depuis près de 40 ans a fait débat le jeudi 18 octobre à l'assemblée de Polynésie française, même si seules des études d'exploration sont prévues jusqu'ici. Julien Mai, le maire délégué de Makatea, partout dans la presse locale, donne des arguments favorables à ce projet. Il a bien voulu répondre, par téléphone, aux questions de Tahiti Infos, même les plus originales...
Tahiti Infos : Julien Mai, maire délégué de Makatea, a priori vous êtes un défenseur de la reprise de cette exploitation minière…
Julien Mai : pas un défenseur, un développeur plutôt et partie prenante du projet. D’abord, sur le plan historique. J’estime que cette part de l’histoire de Makatea n’est pas terminée. Il y a eu l’introduction en 1885 pour le phosphate, les investisseurs miniers sont venus, ils ont exploité pendant 60 ans, mais aujourd’hui je me pose la question : où est la conclusion dans cette première histoire ? Et je reste persuadé que sans cela, il sera très difficile d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire de cette île. Aussi, restons cohérents, cette conclusion sera minière. Mais attention, on parle bien d’extraction secondaire. Ce n’est pas le mammouth de 1966 qui est prévu. C’est quelque chose de beaucoup plus petit, un peu à l’image d’une conclusion, pour après ouvrir une nouvelle histoire, qu’elle soit agricole, touristique.
Vous dites être partie prenante du projet , c’est-à-dire comme investisseur, engagé dans la société ?
Non pas du tout. Je suis maire délégué de la commune. Depuis 1966, il y a eu énormément de projets de reconversion, de gros projets de reconversion pour Makatea. Force est de constater que 40 ans après aucun de ces projets n’a réussi et que peut-être il faut revenir à quelque chose de plus simple : conclure cette première histoire par une petite exploitation minière. Si la mine a dévasté l’île, c’est en procédant de nouveau à la mine que l’on pourrait la réhabiliter. Et c’est là où je me trouve, sur la voie de la réhabilitation afin de pouvoir restituer les terres.
La société créée est-elle à capital uniquement australien ?
Pour pouvoir opérer en Polynésie française, il est important d’installer également, juridiquement, l’entité en Polynésie pour être assujettie aux taxes etc… Ce sera fait. Je pense que c’est déjà dans les tuyaux, en attendant que le gouvernement se prononce sur le permis de recherche. On est bien d’accord, la première phase ne sera que celle de l’exploration.
M. Colin Randall, cet australien qui est à la base de ce projet vous le connaissez bien ?
M. Colin Randall a son CV dans les annales minières d’Australie. Cela fait 40 ans qu’il est dans les mines à ciel ouvert. Sur son parcours, on lui porte le crédit d’avoir réhabilité quelques mines complètement abandonnées en Australie, où il a ré-exploité puis réhabilité et ainsi de suite. Il est venu physiquement en Polynésie constater à Makatea. Ce qui a fait le déclic chez ces Australiens, c’est que la fin de l’exploitation du phosphate à Makatea, qui commençait sans doute à se tarir, a coïncidé avec la mise en place en 1960 du CEP. Or, le CEP manquait de main d’œuvre au départ, car toute la main d’œuvre locale était à Makatea. Quelque part c’est comme si on avait sommé la compagnie française des phosphates d’accélérer son départ pour mettre à disposition la main d’œuvre au CEP. Donc, les Australiens ont supposé qu’il y a éventuellement un reliquat de phosphates. Et là, dans cette exploration, c’est de savoir si c’est économiquement viable en quantité et en qualité.
Mais vous le connaissez personnellement, c’est devenu un ami à force de le voir ?
Oui, c’est devenu un ami. C’est un gars très sympa, très ouvert. C’est pas un rouleau compresseur. Il ne donne pas cette impression. Et effectivement avec des renseignements recoupés de personnes que je connais en Australie, Colin Randall est quelqu’un qui est très apprécié en Australie, et même en Nouvelle Calédonie.
Est-ce que vous avez créé le drapeau de Makatea avec lui, l’été dernier ?
Alors là ! Je m’étonne, comment vous avez été informée ? Effectivement, M. Colin Randall, c’est comme un philatéliste du drapeau. Il a posé sa patte sur de nombreux drapeaux du monde. Lorsque j’ai voulu créer celui de Makatea, j’ai profité un peu de son savoir-faire. Il m’a dit qu’un drapeau ne devait raconter que trois choses : l’histoire, sa culture et le devenir d’un pays. C’est comme ça que j’ai travaillé sur un concept, puis je suis revenu vers lui à Makatea dans l’espace de quelques jours et il m’a dit : je vais te proposer quelque chose et tu verras toi-même. J’ai mis mon feeling, moi, en matière de couleurs. Ce drapeau a été présenté au Conseil municipal, il y a un mois et demi, deux mois. Dans un avenir proche, on va l’officialiser.
Votre épouse se prénomme bien Manuia ? C’est bien elle qui est la présidente de la société Avenir Makatea ? (voir en pièce jointe)
Alors là, vous m’apprenez quelque chose ! Moi j’ai cheminé vers les propriétaires terriens pendant que des juristes travaillaient sur les aspects légaux, mais je pense que oui alors c’est fait…
Vous ne connaissez pas les activités de votre épouse ? Elle ne vous en fait pas part ?
Si elle m’en a parlé, mais j’ai jamais pensé que les choses allaient s’officialiser à ce niveau. En tous les cas moi, avec ma position de maire effectivement, j’ai déjà mis les Australiens au courant : la déontologie d’un maire c’est de servir et non de se servir, donc je ne veux pas du tout rentrer là-dedans. Moi, je trouverai ma place dans ce développement. J’ai toujours été quelqu’un qui était destiné à l’accueil, je pourrai toujours construire deux ou trois maisons sur Makatea pour les louer à des cadres de la société, mais je ne veux pas du tout rentrer dans la société. Vous connaissez l’histoire de nos élus à ce sujet…
Mais le fait que ce soit votre épouse, vous ne pensez pas qu’on pourrait vous en tenir rigueur ?
Je ne sais pas. Je ne pense pas. Et puis vous savez c’est une pratique qui est tout à fait légale. Vous avez des fonctionnaires qui n’ont pas le droit d’être patentés, mais ils peuvent avoir une activité annexe par le biais de quelqu’un de la famille. Au Conseil municipal, quand ils ont posé cette question-là, moi je les ai rassurés. Moi, je suis pour les propriétaires, pour mon île, pour son développement.
Tahiti Infos : Julien Mai, maire délégué de Makatea, a priori vous êtes un défenseur de la reprise de cette exploitation minière…
Julien Mai : pas un défenseur, un développeur plutôt et partie prenante du projet. D’abord, sur le plan historique. J’estime que cette part de l’histoire de Makatea n’est pas terminée. Il y a eu l’introduction en 1885 pour le phosphate, les investisseurs miniers sont venus, ils ont exploité pendant 60 ans, mais aujourd’hui je me pose la question : où est la conclusion dans cette première histoire ? Et je reste persuadé que sans cela, il sera très difficile d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire de cette île. Aussi, restons cohérents, cette conclusion sera minière. Mais attention, on parle bien d’extraction secondaire. Ce n’est pas le mammouth de 1966 qui est prévu. C’est quelque chose de beaucoup plus petit, un peu à l’image d’une conclusion, pour après ouvrir une nouvelle histoire, qu’elle soit agricole, touristique.
Vous dites être partie prenante du projet , c’est-à-dire comme investisseur, engagé dans la société ?
Non pas du tout. Je suis maire délégué de la commune. Depuis 1966, il y a eu énormément de projets de reconversion, de gros projets de reconversion pour Makatea. Force est de constater que 40 ans après aucun de ces projets n’a réussi et que peut-être il faut revenir à quelque chose de plus simple : conclure cette première histoire par une petite exploitation minière. Si la mine a dévasté l’île, c’est en procédant de nouveau à la mine que l’on pourrait la réhabiliter. Et c’est là où je me trouve, sur la voie de la réhabilitation afin de pouvoir restituer les terres.
La société créée est-elle à capital uniquement australien ?
Pour pouvoir opérer en Polynésie française, il est important d’installer également, juridiquement, l’entité en Polynésie pour être assujettie aux taxes etc… Ce sera fait. Je pense que c’est déjà dans les tuyaux, en attendant que le gouvernement se prononce sur le permis de recherche. On est bien d’accord, la première phase ne sera que celle de l’exploration.
M. Colin Randall, cet australien qui est à la base de ce projet vous le connaissez bien ?
M. Colin Randall a son CV dans les annales minières d’Australie. Cela fait 40 ans qu’il est dans les mines à ciel ouvert. Sur son parcours, on lui porte le crédit d’avoir réhabilité quelques mines complètement abandonnées en Australie, où il a ré-exploité puis réhabilité et ainsi de suite. Il est venu physiquement en Polynésie constater à Makatea. Ce qui a fait le déclic chez ces Australiens, c’est que la fin de l’exploitation du phosphate à Makatea, qui commençait sans doute à se tarir, a coïncidé avec la mise en place en 1960 du CEP. Or, le CEP manquait de main d’œuvre au départ, car toute la main d’œuvre locale était à Makatea. Quelque part c’est comme si on avait sommé la compagnie française des phosphates d’accélérer son départ pour mettre à disposition la main d’œuvre au CEP. Donc, les Australiens ont supposé qu’il y a éventuellement un reliquat de phosphates. Et là, dans cette exploration, c’est de savoir si c’est économiquement viable en quantité et en qualité.
Mais vous le connaissez personnellement, c’est devenu un ami à force de le voir ?
Oui, c’est devenu un ami. C’est un gars très sympa, très ouvert. C’est pas un rouleau compresseur. Il ne donne pas cette impression. Et effectivement avec des renseignements recoupés de personnes que je connais en Australie, Colin Randall est quelqu’un qui est très apprécié en Australie, et même en Nouvelle Calédonie.
Est-ce que vous avez créé le drapeau de Makatea avec lui, l’été dernier ?
Alors là ! Je m’étonne, comment vous avez été informée ? Effectivement, M. Colin Randall, c’est comme un philatéliste du drapeau. Il a posé sa patte sur de nombreux drapeaux du monde. Lorsque j’ai voulu créer celui de Makatea, j’ai profité un peu de son savoir-faire. Il m’a dit qu’un drapeau ne devait raconter que trois choses : l’histoire, sa culture et le devenir d’un pays. C’est comme ça que j’ai travaillé sur un concept, puis je suis revenu vers lui à Makatea dans l’espace de quelques jours et il m’a dit : je vais te proposer quelque chose et tu verras toi-même. J’ai mis mon feeling, moi, en matière de couleurs. Ce drapeau a été présenté au Conseil municipal, il y a un mois et demi, deux mois. Dans un avenir proche, on va l’officialiser.
Votre épouse se prénomme bien Manuia ? C’est bien elle qui est la présidente de la société Avenir Makatea ? (voir en pièce jointe)
Alors là, vous m’apprenez quelque chose ! Moi j’ai cheminé vers les propriétaires terriens pendant que des juristes travaillaient sur les aspects légaux, mais je pense que oui alors c’est fait…
Vous ne connaissez pas les activités de votre épouse ? Elle ne vous en fait pas part ?
Si elle m’en a parlé, mais j’ai jamais pensé que les choses allaient s’officialiser à ce niveau. En tous les cas moi, avec ma position de maire effectivement, j’ai déjà mis les Australiens au courant : la déontologie d’un maire c’est de servir et non de se servir, donc je ne veux pas du tout rentrer là-dedans. Moi, je trouverai ma place dans ce développement. J’ai toujours été quelqu’un qui était destiné à l’accueil, je pourrai toujours construire deux ou trois maisons sur Makatea pour les louer à des cadres de la société, mais je ne veux pas du tout rentrer dans la société. Vous connaissez l’histoire de nos élus à ce sujet…
Mais le fait que ce soit votre épouse, vous ne pensez pas qu’on pourrait vous en tenir rigueur ?
Je ne sais pas. Je ne pense pas. Et puis vous savez c’est une pratique qui est tout à fait légale. Vous avez des fonctionnaires qui n’ont pas le droit d’être patentés, mais ils peuvent avoir une activité annexe par le biais de quelqu’un de la famille. Au Conseil municipal, quand ils ont posé cette question-là, moi je les ai rassurés. Moi, je suis pour les propriétaires, pour mon île, pour son développement.
Le drapeau de Makatea créé en août 2012 avec Colin Randall.