Développement de l’agriculture : les grands enjeux


L’agriculture promue priorité du développement économique de la Polynésie française, en lien avec le tourisme par le président du Pays Oscar Temaru est-elle une vue de l’esprit ? C’est en tout cas un des moyens pour tenter d’inverser la part prépondérante, en tête de liste même, des produits alimentaires dans les importations du territoire. A peine 10% des produits alimentaires consommés actuellement en Polynésie seraient «made in Fenua». La marge de progression est donc énorme.

La promotion de l’agriculture par le gouvernement Temaru
et le soutien appuyé de l’Etat dans ce domaine portent en tout cas leurs fruits. Régulièrement désormais, des demandes de terre en vue d’une production agricole sont faites. Mais où trouver ces terres ? Pour Kalani Teixeira, ministre de l’agriculture, il n’y a plus de grandes opportunités sur Tahiti et Moorea en raison de la course à l’urbanisation : «la véritable voie du développement agricole devra se faire par une délocalisation dans les archipels. On essaie de voir quelles sont les terres disponibles et une commission d’attribution se charge de les remettre entre les mains d’agriculteurs». Le Pays dispose notamment d’une réserve de terre de 1 600 hectares à Raiatea qui pourrait permettre à plusieurs agriculteurs de s’installer. D’autres parcelles sont disponibles aux Marquises ou aux Tuamotu. Dans cet archipel la régénération de la cocoteraie ne devrait pas être la seule issue, l’apiculture pourrait aussi devenir un moteur de développement économique.

Sur ce point, le ministre de l’agriculture n’a pas le même avis que le président. Oscar Temaru interrogé également sur le développement de l’agriculture s’oppose à l’idée qu’il n’y a plus de terres propices à Tahiti. «Il y a des parcelles exploitables, mais elles sont réduites en brousse actuellement. Il suffit de débrousser» explique-t-il en serrant les mains des producteurs qu’il a rencontré sur la foire agricole de Faa’a. Toutefois que ce soit à Tahiti ou dans les archipels, les aides du Pays à l’installation de nouveaux agriculteurs vont se poursuivre. L’enveloppe destinée au développement des petites exploitations devrait même augmenter sur le budget 2013. Dans le même sens, l’Etat a programmé une enveloppe d’1,6 million d’euros pour soutenir l’installation de jeunes agriculteurs sur un plan pluriannuel 2013-2016.

Développer la filière agro-alimentaire

Mais aider des exploitants à s’installer sur de nouvelles terres n’est pas suffisant. Surtout si ce développement se fait dans les archipels, loin du principal centre de consommation qu’est Tahiti. «Il faut tisser un réseau de commercialisation» admet le ministre de l’agriculture Kalani Teixeira en citant l’exemple d’une structure de commercialisation réservée aux produits locaux à Tipaerui, et des zones de stockage et de conditionnement. Des projets sont en cours, soutenus par l’Etat dans les archipels. Le but étant de conserver les produits en état de fraîcheur avant de pouvoir être acheminés vers Tahiti. Autre idée phare : développer l’agro-industrie, c’est-à-dire la transformation des produits agricoles en produits prêts à consommer, plus proches des besoins de consommation de l’époque.

L’autosuffisance alimentaire est-elle possible ?

Dans l’idéal, la Polynésie française pourrait être autosuffisante pour l’alimentation de sa population. C’est le vœu de nombreux hommes politiques locaux. Pour Oscar Temaru, «il suffit de planter». Là encore, le ministre Kalani Teixeira, modère les propos. «On peut effectivement viser à terme l’autosuffisance alimentaire, mais il va falloir d’abord réorienter le mode de consommation des ménages. Que l’on s’oriente à nouveau vers des produits vivriers ! Que l’on accepte une autre façon de consommer.. . C’est pour cela que nous insistons dans la restauration scolaire vers l’introduction de plus de produits locaux dans les menus. Car ce sont eux, les enfants d’aujourd’hui, qui pourront peut-être réussir cette mutation».

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 27 Septembre 2012 à 16:04 | Lu 1595 fois