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Deux margouillats à l’origine de la panne électrique de l’hôpital


James Cowan, directeur par intérim du centre hospitalier de Taaone, entouré de Frédéric Dock (Cégélec, à sa droite), de Philippe-Emmanuel Dupire, le président de la commission médicale d’établissement du CHPF et de Mareva Tourneux, directrice de cabinet au ministère de la santé.
James Cowan, directeur par intérim du centre hospitalier de Taaone, entouré de Frédéric Dock (Cégélec, à sa droite), de Philippe-Emmanuel Dupire, le président de la commission médicale d’établissement du CHPF et de Mareva Tourneux, directrice de cabinet au ministère de la santé.
PAPEETE, 11 octobre 2016 - Le centre hospitalier du Taaone a dû faire face à une panne électrique aggravée par une défaillance de son système d’alimentation de secours, pendant 1 h 15 lundi soir. Les services "vitaux" du CHPF ont été maintenus sous tension grâce à un dispositif de onduleurs. Deux margouillats sont à l’origine de ce dysfonctionnement des réseaux de secours.

En interne, la panne s’est produite au départ du boîtier d’alimentation 48 volts de l’automate en charge de la gestion de la totalité du système électrique du centre hospitalier, y-compris les réseaux de secours. Ce boîtier "a grillé parce que deux margouillats se sont court-circuités sur les bornes d’alimentation", a précisé mardi à la mi-journée le responsable de la Cégélec, Frédéric Dock, lors d’une conférence de presse organisée sur place. "C’est un événement extérieur qui est fréquent sur les installations électriques. Sur un poste comme celui-là, bien étanche et fermé, ce n’est pas si fréquent mais c’est quelque chose qui est difficile à maîtriser".

Lundi soir, le Centre hospitalier de Polynésie française s'est trouvé plongé dans le noir de 19 h 10 à 20 h 25, après ce court-circuit survenu au cœur du dispositif gestion du système d’alimentation électrique de l’établissement de santé : ascenseurs bloquées, toutes lumières éteintes dans les zones communes et dans les chambre. L’hôpital du Taaone affichait 83 % de taux de remplissage, lundi, avec près de 400 patients hospitalisés.

Cette panne du système de gestion a également empêché la transmission du signal d’allumage des générateurs qui auraient pu prendre la relève. Le problème aura duré 75 minutes alors que le système de onduleurs dispose de 90 minutes d’autonomie énergétique. Aucune intervention chirurgicale n’était programmée en début de soirée. Les équipes de l’hôpital s’en sortent avec une belle frayeur. Aucun problème n'a été signalé.

"J'ai dit bonjour au chirurgien et là tout s'est éteint d'un coup. Le journal de Première n'avait pas commencé, mais ça a bien duré 1 h, 1 h 30. Mon frère est en réanimation et mon père est aussi à l'hôpital donc j'ai fait des allers-retours entre les deux avec la lampe de mon téléphone", racontait lundi soir une jeune femme, assise dans le couloir du service de réanimation.

Des onduleurs pour les systèmes "vitaux"

Des utilisateurs se sont trouvés bloqués dans les ascenseurs. "Nous avons procédé à la désincarcération de ces personnes tout à fait normalement", explique le chef du service de sécurité de l’établissement. "Ça s’est très bien passé", témoigne le docteur Philippe-Emmanuel Dupire, président de la commission médicale d’établissement (CME) du CHPF. "Les système de secours ont parfaitement fonctionné. L’électricité a été protégée pour la partie urgente : aucun problème médical n’est à déplorer, pas même de retard de prise en charge".

Les systèmes "vitaux" du CHPF ont été épargnés grâce au secours des onduleurs : "un système de secours en troisième niveau, qui est un circuit ondulé avec des batteries (…)", souligne le président de la CME. "C’est une évidence que l’on priorise tout ce qui est vital pour l’hôpital, et notamment les services de réanimation, les blocs opératoires, l’hémodialyse, le service ‘néonat’ et tous les systèmes d’imagerie (…). Bien sûr la pharmacie et ses stocks sont protégés également".

A l'intérieur de l’hôpital, lundi soir, les équipes ont géré la situation de façon efficace, bien préparées à ce type de situation de crise. Infirmiers et aides-soignantes ont continué les soins éclairés à la lampe-torche ou avec les lumières des téléphones.

Par ailleurs, des personnels soignants supplémentaires ont été également prévenus, afin qu'ils se tiennent sur le qui-vive, prêts à intervenir au cas où la panne durerait au-delà de la capacité d'autonomie des onduleurs.

"Tout s'est bien passé, il n'y a pas eu de panique", indique un septuagénaire, "j'étais en train de rendre visite à mon épouse quand toutes les lumières se sont éteintes. Les infirmières sont passées dans les chambres pour nous rassurer et nous dire que ce n'était rien d'autre qu'une panne de courant. C'est sûr que ça n'a pas dû être évident de faire les soins à la lampe torche. Pour nous, tout s'est bien passé, le personnel de l'hôpital nous a bien tenu au courant de tout, donc nous ne nous sommes pas inquiétés", assure le monsieur.

Les groupes électrogènes ont été démarrés manuellement vers 20 heures pour le cas où le retour au réseau normal aurait dépassé 20 h 40. L’alimentation générale du CHPF a été rétablie à 20 h 25 grâce à l’intervention des techniciens d’EDT.

"Ce genre de problème risque de se reproduire", explique James Cowan, le directeur par intérim du CHPF. "C’est la deuxième fois que nous avons un blackout en trois ans. La première fois c’était lié à un court-circuit sur une ligne électrique. On l’a résolu. A chaque fois on met en place des mesures complémentaires de protection. (…) Nous avons fait un diagnostic du problème avec le service technique et le service de sécurité, lundi soir. Nous avons prévu une nouvelle analyse avec l’ensemble des personnels de l’hôpital, pour avoir des retours d’informations de tous les services. La cellule qualité mettra en place de nouvelles procédures".

Dans l’immédiat, l’hôpital envisage de mettre en place un système redondant au niveau du boîtier électrique qui a posé problème lundi soir.

Rédigé par JPV et MCC le Mardi 11 Octobre 2016 à 14:11 | Lu 9096 fois