Tahiti, le 9 décembre 2024 - Lundi et mardi ont lieu à la présidence les journées d’études sur la marginalité sociale en Polynésie. Lundi, la parole a été donnée à des personnes vivant dans la rue, des responsables de centre et des professionnels du secteur pour identifier des priorités et pistes d’amélioration. Les synthèses seront livrées demain mardi.
La marginalité sociale est un phénomène complexe et multiforme, touchant un grand nombre de personnes de tous les âges. Lesquelles se placent en marge de la société. Elle est une conséquence et une cause de problématiques sociales majeures. La stigmatisation et les discriminations renforcent les inégalités sociales, limitant l’accès des personnes marginalisées au logement, à la santé ou à l’éducation.
“Nul n’est inemployable”
C’est pour mieux comprendre les mécanismes et proposer des solutions concrètes et durables que deux journées d’études sur la marginalité sociale ont été organisées. Elles ont lieu ces lundi et mardi à la présidence. Elles ont été pensées comme un cadre de réflexion collective réunissant les experts, institutions, associations et membres de la société civile. Orchestrées par Moerani Amaru de la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE), elles doivent permettre d’avancer sur la question, d’identifier les priorités et pistes d’amélioration à court, moyen et long terme ainsi que les perspectives d’actions et de suivi.
La ministre des Solidarités, Minarii Galenon, engagée, a affirmé lors de son discours d’ouverture : “La lutte contre la marginalité repose sur une conviction profonde que le travail joue un rôle essentiel. Nul n’est inemployable.”
Rappelant que des améliorations avaient été faites – “nous avons par exemple rendu plus accessibles des aides et services” –, elle a reconnu “que des éléments de fractures persistaient”. Pour une société “plus inclusive” et “plus solidaire”, “l’aspect monétaire ne suffira pas”. La ministre l’a dit, “les métiers comme les travailleurs sociaux sont en crise”. En guise de conclusion, elle a appelé non seulement “au courage mais aussi à la confiance”.
Identifier des priorités, trouver des pistes
La journée de lundi était consacrée aux témoignages et travaux. Les participants ont posé les bases, défini la marginalité, rappelé des chiffres et balayé des idées reçues. Ainsi, la population de personnes sans abri ne cesse d’augmenter. Elle est passée de 40 en 1996 à 359 en 2019 et 698 en 2023. De plus en plus de jeunes, mais aussi de matahiapo viennent grossir les rangs. Les personnes vivant dans la rue sont principalement originaires de Tahiti (Papeete, Faa’a, Pirae) et non des îles.
Les participants ont partagé leurs analyses, mutualisé leurs ressources et proposé des actions concrètes sur différentes thématiques : problématique de santé, problématique d’insertion professionnelle (emploi et formation), problématique d’accès au logement, approche sociologique…
Ils ont également travaillé en groupe sur des cas concrets, comme celui de Maeva (le prénom a été changé), 22 ans. Enceinte, vivant dans la rue, marquée par une tragédie survenue pendant son enfance puis par des violences sexuelles subies en famille d’accueil, elle a été orientée par le Centre hospitalier de la Polynésie vers le centre la Samaritaine. Elle travaille en ville où elle retrouve en journée son compagnon resté dans la rue. Pour protéger son bébé et grâce à l’équipe éducative de la Samaritaine, elle a renoué avec sa mère fa’a’amu à qui le bébé a été confié. Mais que faire et comment pour la sortir de la marginalité ?
Les synthèses de l’ensemble des travaux seront livrées mardi matin.
La marginalité sociale est un phénomène complexe et multiforme, touchant un grand nombre de personnes de tous les âges. Lesquelles se placent en marge de la société. Elle est une conséquence et une cause de problématiques sociales majeures. La stigmatisation et les discriminations renforcent les inégalités sociales, limitant l’accès des personnes marginalisées au logement, à la santé ou à l’éducation.
“Nul n’est inemployable”
C’est pour mieux comprendre les mécanismes et proposer des solutions concrètes et durables que deux journées d’études sur la marginalité sociale ont été organisées. Elles ont lieu ces lundi et mardi à la présidence. Elles ont été pensées comme un cadre de réflexion collective réunissant les experts, institutions, associations et membres de la société civile. Orchestrées par Moerani Amaru de la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE), elles doivent permettre d’avancer sur la question, d’identifier les priorités et pistes d’amélioration à court, moyen et long terme ainsi que les perspectives d’actions et de suivi.
La ministre des Solidarités, Minarii Galenon, engagée, a affirmé lors de son discours d’ouverture : “La lutte contre la marginalité repose sur une conviction profonde que le travail joue un rôle essentiel. Nul n’est inemployable.”
Rappelant que des améliorations avaient été faites – “nous avons par exemple rendu plus accessibles des aides et services” –, elle a reconnu “que des éléments de fractures persistaient”. Pour une société “plus inclusive” et “plus solidaire”, “l’aspect monétaire ne suffira pas”. La ministre l’a dit, “les métiers comme les travailleurs sociaux sont en crise”. En guise de conclusion, elle a appelé non seulement “au courage mais aussi à la confiance”.
Identifier des priorités, trouver des pistes
La journée de lundi était consacrée aux témoignages et travaux. Les participants ont posé les bases, défini la marginalité, rappelé des chiffres et balayé des idées reçues. Ainsi, la population de personnes sans abri ne cesse d’augmenter. Elle est passée de 40 en 1996 à 359 en 2019 et 698 en 2023. De plus en plus de jeunes, mais aussi de matahiapo viennent grossir les rangs. Les personnes vivant dans la rue sont principalement originaires de Tahiti (Papeete, Faa’a, Pirae) et non des îles.
Les participants ont partagé leurs analyses, mutualisé leurs ressources et proposé des actions concrètes sur différentes thématiques : problématique de santé, problématique d’insertion professionnelle (emploi et formation), problématique d’accès au logement, approche sociologique…
Ils ont également travaillé en groupe sur des cas concrets, comme celui de Maeva (le prénom a été changé), 22 ans. Enceinte, vivant dans la rue, marquée par une tragédie survenue pendant son enfance puis par des violences sexuelles subies en famille d’accueil, elle a été orientée par le Centre hospitalier de la Polynésie vers le centre la Samaritaine. Elle travaille en ville où elle retrouve en journée son compagnon resté dans la rue. Pour protéger son bébé et grâce à l’équipe éducative de la Samaritaine, elle a renoué avec sa mère fa’a’amu à qui le bébé a été confié. Mais que faire et comment pour la sortir de la marginalité ?
Les synthèses de l’ensemble des travaux seront livrées mardi matin.
Lalita Mariterai, “enfant de la rue”
Elle est transgenre, sans emploi ni abri. Elle va avoir 42 ans en janvier mais est dans la rue depuis 1998. Elle insiste, “nous ne sommes ni des SDF, ni des sans-abris, nous sommes des enfants de la rue”. Son parcours est douloureux et continue à la faire souffrir, le manque de respect aussi. Son histoire a été racontée par Monak dans le livre Le Sang du corail paru en 2022. Elle dit les difficultés des enfants de la rue à trouver du travail. “Or, c’est en travaillant que l’on peut s’en sortir.” Elle a obtenu un CAP employée d’étage et envoyé lettres de motivation et CV, en vain.
De la rue, elle observe les associations, la police et les éducateurs. Elle pointe du doigt le manque d’accompagnement. Elle rêve de pouvoir un jour monter, non pas un nouveau centre d’accueil, mais une structure gérée par les enfants de la rue dans laquelle ils pourraient travailler et s’installer pour y vivre.
Elle est transgenre, sans emploi ni abri. Elle va avoir 42 ans en janvier mais est dans la rue depuis 1998. Elle insiste, “nous ne sommes ni des SDF, ni des sans-abris, nous sommes des enfants de la rue”. Son parcours est douloureux et continue à la faire souffrir, le manque de respect aussi. Son histoire a été racontée par Monak dans le livre Le Sang du corail paru en 2022. Elle dit les difficultés des enfants de la rue à trouver du travail. “Or, c’est en travaillant que l’on peut s’en sortir.” Elle a obtenu un CAP employée d’étage et envoyé lettres de motivation et CV, en vain.
De la rue, elle observe les associations, la police et les éducateurs. Elle pointe du doigt le manque d’accompagnement. Elle rêve de pouvoir un jour monter, non pas un nouveau centre d’accueil, mais une structure gérée par les enfants de la rue dans laquelle ils pourraient travailler et s’installer pour y vivre.