Deux chefs pour un syndicat


Deux secrétaires généraux pour un syndicat. Lequel est légitime ? On le saura dans quelques jours.
PAPEETE, le 20 avril 2018 - C'est la guerre des chefs à la CSTP-FO. Après l'élection jeudi de Jean-Paul Urima en tant que secrétaire général par intérim. Vendredi matin, c'était au tour de Mireille Duval, secrétaire générale également par intérim, et élue par le bureau confédéral, le 5 avril, à réagir pour faire taire la polémique.

Le jeu des chaises musicales intéresse également le syndicalisme, et plus particulièrement la CSTP-FO.
Depuis le départ d'Angelo Frébault, la guerre entre les clans Duval-Galenon et Temarii-Urima part de plus belle. Chacun tentant par tous les moyens de prendre le contrôle du syndicat, mais attention à ne pas s'emmêler les pinceaux.

CLAN TEMARII-URIMA

Jeudi dernier, le Comité confédéral territorial (CCT) de la CSTP-FO s'est réuni pour désigner leur secrétaire général par intérim. D'après les dires des deux leaders, l'article 7 du statut de la Confédération, le CCT est le seul habilité à élire un secrétaire général par intérim, en cas de décès ou de démission du secrétaire général.

Pour eux, Angélo étant parti, il est considéré comme démissionnaire. Donc, l'article 7 du statut s'applique. Du coup, le CCT a les cartes en mains pour élire son nouveau représentant.

Jean-Paul Urima a donc eu l'aval des 29 membres présents ce jour-là, sur les 36 membres que regroupe ce comité. Mais là, le clan Galenon-Duval assure qu'il y aurait plus de membres au sein du CCT. "Il faut voir qui est à jour, pour avoir le chiffre exact", expliquaient-ils.

Aussitôt élu, Jean-Paul Urima a annoncé qu'il mettra en place le congrès du syndicat, le plus tôt possible. Et Mahinui Temarii a clairement affirmé qu'il sera candidat pour prendre la succession d'Angelo Frebault.

>>> Jean-Paul Urima prend les rênes de la CSTP-FO par interim

CLAN DUVAL-GALENON

Vendredi dernier, c'était au tour du clan Duval-Galenon à réagir. Pour eux, leur représentativité est légitime. "Le bureau confédéral a été élu par un congrès, et seul un congrès peut le dissoudre", assure Mireille Duval, secrétaire général par intérim.

Si le clan Duval-Galenon reconnait la valeur de l'article 7 du statut de la CSTP-FO, tous deux insistent néanmoins sur la suspension des fonctions d'Angelo Frebault. "On est embêté parce que nous n'avons pas de lettre de démission. Le bureau confédéral a donc acté sa suspension et puisque je suis la 1ère secrétaire générale adjointe, eh bien, je continue", assure Mireille Duval.

Le 5 avril dernier, le bureau confédéral, qui est composé de 20 membres (secrétaires et trésoriers généraux ainsi que leurs adjoints), a donc élu Mireille Duval à la tête de la confédération. Le plus important, pour elle, est de mettre en place le congrès, qui sera décidé par le comité confédéral, le mois prochain. "Et seul le secrétaire général peut convoquer le CCT", explique Mireille Duval.

En attendant, Mireille Duval occupe ses fonctions normalement. Elle partira d'ailleurs prochainement en métropole pour le congrès des Forces ouvrières, "afin de défendre les dossiers polynésiens".

Reste à savoir qui des deux parties est dans la légalité. Aujourd'hui, les tensions entre les mentors de la CSTP-FO pourraient leur porter préjudice, avec le départ de leurs adhérents vers d'autres horizons.

En tous les cas, Angélo Frébault n'en est pas à son premier départ syndical pour un parti politique. En 2012, il avait suspendu également ses fonctions au sein de la CSTP-FO pour rejoindre le parti de Teiva Manutahi, Porinetia Ora.


Mireille Duval
1ère secrétaire générale adjointe

"Je suis restée sur un objectif, celui de sauver la CSTP-FO"


"Nous sommes en difficulté par rapport au statut, pour nous, on considère Angelo Frebault comme étant empêché. Donc, le fait d'acter sa suspension nous permet de continuer nos activités. Je suis restée sur un objectif, celui de sauver la CSTP-FO, parce que si on rentre dans ces jeux, on ne s'en sortirait pas. On reste sur le statut et on a vu que c'était le seul cas. On a entendu une demande qui est très forte, c'est d'organiser un congrès. Donc, on va vers un congrès. Et organiser un congrès peut se faire du jour au lendemain, mais il faut tenir compte des faits qui se sont produits. Donc, pour ne pas que ces faits se reproduisent, il faut cadrer. Si on ne cadre rien, on va peut-être repartir sur ce qui se passe depuis 1 an."


Patrick Galenon
Conseiller technique

"Aujourd'hui, c'est le bureau confédéral qui est légal et légitime"


"Monsieur Angélo Frébault, s'il revient, pourra peut-être se présenter, mais ça va être difficile pour lui d'être élu. Je l'ai conseillé de démissionner, après c'est à lui à prendre sa décision. Nos statuts disent que les personnes qui font de la politique ne doivent pas être au sein de la CSTP-FO, ce qui est contradictoire avec le fait d'être syndicaliste. J'ai été secrétaire générale pendant des années, il y a eu des positions politiquement sociales, et je ne me suis jamais présenté pour un parti politique. Mais, normalement, c'est comme ça que tout secrétaire général digne de ce nom doit se comporter. Je suis là pour que la CSTP-FO puisse revivre. Aujourd'hui, c'est le bureau confédéral qui est légal et légitime."


Jean-Paul Urima
Secrétaire général par intérim élu par le CCT

"Je soutiendrai Mahinui Temarii"


"Statutairement parlant, c'est de la compétence du comité confédéral territorial de prendre ce genre de décision. En aucun cas, le bureau confédéral n'a autorité, ni pouvoir pour décider de la nomination d'un secrétaire général par intérim. Nous ne reconnaissons plus le bureau confédéral depuis que Monsieur Angelo Frebault s'est lancé en politique. Nous avons donc décidé de réunir le comité confédéral territorial, tel que le prévoyait le statut de la CSTP-FO. J'ai pour mission d'organiser le prochain congrès, et je vais accélérer les choses. Je ne serai pas candidat au poste de secrétaire général. Mais, je soutiendrai Mahinui Temarii, c'est le seul syndicaliste qui a toujours œuvré pour l'intérêt des salariés."


Mahinui Temarii
Secrétaire général des dockers

"Ce serait bien que l'on respecte le syndicat"


"Aujourd'hui, 80 % des adhérents nous soutiennent et je pense qu'on sera plus nombreux demain. Le nom du syndicat est la Confédération des Syndicats et Travailleurs Polynésiens, et ce n'est pas écrit des retraités polynésiens. Alors, je ne comprends pas pourquoi les retraités se représentent. Je dis que je suis allergique aux retraités et ce serait bien que l'on respecte le syndicat et qu'il n'y ait pas de retraités dedans, c'est tout. Maintenant que nous avons notre secrétaire général par intérim, nous allons faire valider le vote auprès du tribunal du travail et de l'inspection du travail, avant de faire publier au Journal Officiel."




Rédigé par Corinne Tehetia le Vendredi 20 Avril 2018 à 14:26 | Lu 2521 fois