Deux ans de prison pour “l’arnaqueuse des hôtels”


Tahiti, le 21 novembre 2024 - Elle a été jugée jeudi après-midi en comparution immédiate. Celle qui a escroqué plusieurs hôtels de Tahiti, Bora Bora, Moorea et Taha’a ainsi que des excursionnistes va désormais dormir en prison. Elle a été reconnue coupable des faits qui lui sont reprochés.
 
Elle voulait rentrer en métropole où elle réside, indiquant à la barre par l’intermédiaire de son avocat qu’elle avait déjà son billet retour. Mais “l’arnaqueuse” ou, comme l’a décrite le procureur, “l’escroc professionnelle” va devoir prolonger son séjour au Fenua. Après les grands hôtels de la place, elle dort désormais en prison. Le tribunal correctionnel l’a condamnée ce jeudi.
 
Elle était jugée en comparution immédiate pour avoir escroqué et tenté d’escroquer des hôtels de Tahiti, Bora Bora, Moorea et Taha’a ainsi que des excursionnistes pour un montant total évalué à près de 5 millions de francs. En 2023, puis en 2024, elle a payé ses vacances polynésiennes avec des cartes de crédit qui ne lui appartenaient pas.
 
Rappel des faits
 
L’affaire est simple. Fin octobre 2024, l’employé d’un hôtel de Tahiti accueille une touriste pour les formalités d’usage. Mais celle-ci ne parvient pas à payer ses réservations ; sa carte ne fonctionne pas. La situation lui rappelle le cas d’une escroquerie qui avait eu lieu un an plus tôt. Il appelle la gendarmerie. Le pot-au-rose est découvert. La cliente, qui n’en est pas à son coup d’essai, est emmenée au palais de justice.
 
Le juge des libertés et de la détention la laisse repartir à condition qu’elle se présente le jour même à 14 heures pour remettre son passeport, et prévenir un éventuel retour anticipé. “Et à 14 h 25, on vous retrouve en train d’essayer de réserver de nouvelles nuitées dans un autre hôtel”, s’étonne le président du tribunal. Finalement, l’arnaqueuse a été placée en détention provisoire.
 
Elle avait déjà été arrêtée et condamnée à Marseille en février 2024, interpelée par la police en 2015, 2016, 2020 et 2022 pour vol, violence et escroquerie simple. “Vous avez déjà eu une première condamnation cette année, une garde à vue, un passage devant le juge des libertés et de la détention, et vous continuez ? Mais alors, qu’est-ce qui pourrait vous arrêter ?”, s’est enquis le président du tribunal avant de laisser la parole aux avocats.
 
Paraphrasant le réalisateur et scénariste Jacques Audiard, le procureur a résumé, amusé : “L’escroc ose tout, et c’est même à cela qu’on le reconnaît.” Face aux faits, “ni contestables, ni contestés” malgré des justifications parfois incohérentes et mensongères, il a requis trois ans de prison assortis de six mois avec sursis probatoire.
 
“Je pense qu’elle est malade”
 
L’avocate de la prévenue a envisagé pour sa part une expertise psychiatrique “car ma cliente passe en effet d’une version à l’autre et n’est pas à l’équilibre vis-à-vis de la société. Je pense qu’elle est malade”.
 
La prévenue a finalement été condamnée à deux ans de prison dont six mois de sursis assortis du maintien en détention. S’ajoute la révocation de trois mois de prison d’une condamnation antérieure ce qui porte la peine à 21 mois. Ses projets s’écroulent. Elle envisageait de passer le concours de douane et avait affirmé, en arrivant au tribunal ce jeudi, avoir trouvé un contrat à durée indéterminée dans une société de sécurité.
 

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 21 Novembre 2024 à 18:45 | Lu 1845 fois