Deux ans avec sursis requis contre Hiro Tefaarere dans l’affaire de la Sétil-Aéroport


Hiro Tefaarere est soupçonné de tentative de détournement de fonds publics lorsqu'il était président de la Sétil-Aéroport
PAPEETE, 19 mai 2015 – Le ministère public demande la condamnation de Hiro Tefaarere à 2 ans avec sursis pour tentative de détournement de fonds publics, dans l’affaire Sétil-Aéroport. Le jugement est mis en délibéré au 30 juin prochain. L’avocat de l’ancien président de la Sétil, Me Lau, annonce qu’il fera opposition.

Hiro Tefaarere est soupçonné d’avoir signé, alors qu’il était président du conseil d’administration de la Sétil-Aéroport, en septembre 2008, une convention de complaisance en faveur d’une société détenue par Pierre Marchesini, gestionnaire de commerces dans la zone Duty Free de l’aéroport de Tahiti-Faa’a.

Cette convention a été signée d’autorité par Tefaarere dans le dos du conseil d’administration, sans informer l’Etat, autorité concédante, et alors que la société bénéficiaire était en conflit avec la Sétil depuis plusieurs années, qu’elle ne payait plus ses loyers depuis plusieurs mois et qu’elle était sous le coup d’un ordre d’expulsion ordonné par le tribunal après la perte de son autorisation d’occupation temporaire. En dépit de tout cela, Hiro Tefaarere, es-président du conseil d’administration de la Sétil-Aéroport nouvellement nommé, avait signé un accord transactionnel avec la société de Pierre Marchesini dans lequel était renouvelé le contrat d’occupation temporaire du commerçant en zone sous douanes. La convention prévoyait surtout l’indemnisation de la société de Pierre Marchesini à hauteur de 50 millions Fcfp. Pierre Marchesini est aujourd'hui directeur du quotidien La Dépêche de Tahiti.

Le conseil d’administration avait découvert cet accord transactionnel en mai 2009, lorsque le directeur administratif et financier de la Sétil s’était opposé à son exécution. Une enquête préliminaire avait été ouverte suivie d’une information judiciaire qui a été conduite pendant 6 ans.

Me Lau annonce qu'il fera opposition

Pierre Marchesini étant à l’époque dans l’incapacité d’administrer une société, il avait confié la gérance de son entreprise à sa belle-fille, Mareva Mao. Le tribunal soupçonne cette dernière d’avoir agi en prête nom. Et c’est à ce titre que le ministère public a requis à son encontre une peine de 6 mois de prison avec sursis. Elle n'avait pas d'avocat, mardi, son beau-père ayant estimé que cela n'était pas nécessaire. A vouloir rendre service, elle se trouve aujourd’hui sous la menace de l’inscription d’une ligne nouvelle sur son casier judiciaire, pour complicité de détournement de biens publics. Pierre Marchesini, qui entendait être l'avocat de sa belle-fille, s’est fait expulser du prétoire mardi, après avoir tenté de forcer une prise de parole. De son côté Mareva Mao est demeurée muette aux questions du tribunal.

Le ministère public a requis dans "une configuration peu habituelle", mardi après-midi, de l’aveu même du procureur José Torel : en l’absence du principal prévenu, Hiro Tefaarere, le procès de l’affaire Sétil-Aéroport s’est tenu par défaut. L’ancien président de la société délégataire de service public pour la gestion de l’aéroport international s’est présenté à la convocation mardi mais a quitté le tribunal avec son avocat, bien avant l’audience, après que le tribunal ait annoncé le maintien de l’affaire au rôle. Me Lau, qui n’a été contacté que vendredi dernier pour assurer la défense de son client, a fait valoir son manque de temps pour prendre connaissance du dossier et demandé le renvoi de l’affaire.

"Les droits de la défense ne sont pas négociables", s’est indigné Me James Lau mardi matin. "J’ai été constitué par M. Tefaarere hier officiellement, parce que son précédent avocat ne peut pas le représenter à la demande du tribunal. J’ai demandé à ce que l’affaire soit renvoyée pour me permettre de préparer la défense de M. Tefaarere. Cette demande a été refusée, donc je ne peux pas assister à l’audience dans l’incapacité de défendre mon client, tout comme il ne peut y assister faute de moyens pour se défendre. (…) Le tribunal statuera comme il a envie. Pourquoi être là pour défendre ? Je ne vais tout de même pas raconter une poésie pour passer le temps. Je n’ai pas le droit de brader la défense de quelqu’un".

L'avocat de Hiro Tefaarere, déclare que l’atteinte aux droits de la défense est caractérisée dans ce procès. Il a annoncé mardi qu’il envisageait de faire opposition au jugement, en juin prochain.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 19 Mai 2015 à 16:04 | Lu 1405 fois