Deux Marquisiens condamnés pour des violences sur gendarmes


Tahiti, le 5 mai 2022 – Deux jeunes Marquisiens ont été jugés en comparution immédiate jeudi matin pour des violences commises sur deux gendarmes à Hiva Oa. Le 16 avril dernier, ils avaient menacé les militaires avec des coupe-coupe et un fusil de chasse sous-marine. C'est l'antenne locale du GIGN qui avait dû se déplacer aux Marquises pour les interpeller. Ils ont été condamnés à 18 mois de prison dont dix mois de sursis.
 
Le tribunal correctionnel a jugé, jeudi matin, deux jeunes agriculteurs de Hiva Oa qui étaient poursuivis pour des violences commises sur deux gendarmes le 16 avril dernier à Hiva Oa aux Marquises. Il était également reproché à l'un des deux prévenus d'avoir détenu une arme de catégorie C alors qu'il n'avait pas de permis de port d'arme.
 
L'affaire avait débuté par une dénonciation lorsqu'un couple de quinquagénaires avait informé la gendarmerie du fait que l'un de ses voisins –un agriculteur père d'un enfant– avait planté des pieds de paka au sein de son domicile. Le 16 avril en début de matinée, les gendarmes s'étaient donc rendus chez l'intéressé pour détruire ces plants. Après avoir arraché plusieurs pieds de paka, les militaires avaient demandé à l'agriculteur de poursuivre la perquisition. Le jeune père de famille avait brandi un coupe-coupe en demandant aux gendarmes de "dégager". Un voisin de l'intéressé, lui aussi muni d'un coupe-coupe, était alors intervenu en menaçant les gendarmes. Le planteur de paka s'était, à son tour, saisi d'un fusil de chasse sous-marine chargé et dirigé contre les militaires qui avaient décidé de se replier.
 
Interpellés par l'AGIGN
 
Au regard de la violence des deux agriculteurs, la gendarmerie avait décidé –et c'est un fait assez rare pour le souligner– d'envoyer l'antenne du GIGN pour les interpeller. Arrêtés en début de semaine aux Marquises, les deux hommes ont donc été transférés à Tahiti et présentés en comparution immédiate jeudi matin. À la barre, les deux prévenus ont adopté une attitude différente. Le premier, qui cultivait du paka, a reconnu et "assumé"les faits en expliquant qu'il avait menacé les gendarmes car il avait peur que ces derniers mettent la main sur son fusil à pompe alors qu'il n'avait pas l'autorisation de le détenir. Interrogé sur son parcours, cet homme qui vit de chasse au cochon et de pêche aux langoustes, a indiqué qu'il avait planté des pieds de paka car il était "fiu" de devoir aller en "chercher en ville". Également entendu sur son rapport à l'alcool, l'agriculteur a expliqué qu'il avait arrêté de boire en 2015 "mais pas la bière".
 
À l'inverse de son coprévenu, le second agriculteur a quant à lui tenté de minimiser les faits en assurant quasiment à la barre que l'intervention des gendarmes s'était bien passée. L'homme a ensuite évoqué son parcours, de son BAC professionnel en maintenance nautique à ses cinq années passées dans la marine nationale avant de revenir vivre aux Marquises. À l'évocation de son casier judiciaire, le président du tribunal a rappelé que ce père de deux enfants avait été récemment condamné pour "entrave à la navigation d'un aéronef". En 2021, il était monté dans un avion alors qu'il était, selon ses déclarations, "complètement bourré". Il avait ensuite "mis la musique à fond" et menacé les personnels de "détruire" l'avion qui avait dû être dérouté.
 
 
Le "sang-froid" des gendarmes
 
En défense pour les deux gendarmes victimes de violences, Me Yves Piriou a salué, lors de sa plaidoirie, le "sang-froid exceptionnel" de ses clients et leur "grand professionnalisme" en indiquant que la situation aurait pu dégénérer puisque l'un des deux militaires avait dû sortir son arme de service. L'avocat a indiqué que ses clients demandaient réparation à hauteur de cinq millions de Fcfp.
 
Pour le procureur de la République, qui a requis 18 mois de prison dont neuf mois ferme assortis du maintien en détention, il était important de rappeler aux prévenus que "force doit rester à la loi". S'adressant aux magistrats, le représentant du ministère public a précisé qu'il ne s'agissait pas de "faire un exemple" mais de tenir compte des éléments objectifs du dossier parmi lesquels figurent "la gravité des faits" et le "retentissement" de l'affaire à Hiva Oa.
 
Enfin, lors de sa plaidoirie, l'avocate des deux agriculteurs, Me Betty Ayoun a assuré que ses clients n'étaient pas de "vrais méchants" mais plutôt deux hommes "sincèrement navrés" d'avoir commis ces violences. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné les deux hommes à 18 mois de prison dont dix avec sursis assortis du maintien en détention.

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 5 Mai 2022 à 18:45 | Lu 3311 fois