Détournement : les communes passées à la loupe dans le procès des emplois fictifs


PAPEETE, 01 nov 2012 - La cour d'appel de Papeete a examiné mercredi les contrats cabinets accordés par la présidence de la Polynésie française, à partir de 1995, à certaines des 48 communes de la collectivité, au troisième jour du procès des emplois fictifs, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le principal prévenu de ce procès est le sénateur et ancien président de la Polynésie française Gaston Flosse, qui avait été condamné en première instance à quatre ans de prison ferme, cinq ans d'inéligibilité, mais n'avait pas été incarcéré.

Dans le volet communal de ce procès, il est soupçonné d'avoir accordé plusieurs dizaines d'emplois cabinets, rémunérés par la présidence, à des communes dont les maires étaient des alliés politiques, parfois pour monnayer un soutien électoral.

La défense a tenté de démontrer que ces personnes avaient effectivement travaillé, et qu'elles avaient eu un rôle plus social ou technique que politique.

Gaston Flosse a assuré qu'il ne faisait que répondre aux sollicitations des communes en difficultés financières, sans tenir compte de leur appartenance politique.

"Ce sont les maires qui me l'ont demandé, jamais Oscar Temaru (son principal adversaire, maire de la plus grosse commune de Polynésie, ndlr) ne me l'a demandé. S'il me l'avait demandé, je le lui aurais accordé", a ainsi affirmé Gaston Flosse à l'AFP.

Cette déclaration a fait sourire Me Ralph Boussier, l'avocat de la collectivité : "on a choisi des amis, qui seront ou qui sont du Tahoeraa (parti de Gaston Flosse, ndlr), qui vont voter peut-être aux sénatoriales, et ces amis-là, on leur donne une petite gratification pour qu'ils aillent dans le bon sens. En quoi est-ce que ça aide la commune?", a-t-il interrogé.

A la barre, les anciens contrats cabinets et les maires qui les ont accueillis dans leur commune ont réaffirmé leur soutien à Gaston Flosse, et tenté de démontrer qu'ils avaient oeuvré dans l'intérêt général.

Si la cour a été à l'écoute de l'argumentation du maire de la capitale, Michel Buillard, qui a pu "recréer de la cohésion sociale à Papeete après les émeutes de 1995, grâce aux emplois cabinet", elle a semblé plus dubitative devant d'autres prévenus.

Henri Flohr, par exemple, maire d'une petite commune tahitienne, a suscité l'ironie de l'avocat général lorsqu'il a reconnu avoir accueilli en contrat cabinet sa propre épouse dans sa mairie, pour un salaire de 400.000 Fcfp (3.300 euros) mensuels.

Le procès, suspendu jeudi pour cause de jour férié, doit se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine prochaine. La cour devrait ensuite mettre son arrêt en délibéré, vraisemblablement jusqu'à janvier.

ml/mad/ed

Rédigé par AFP le Jeudi 1 Novembre 2012 à 14:11 | Lu 1693 fois