"Désarmement" d'ETA: "les armes remises à la société civile sur le sol français"


BayonneFrance | AFP | vendredi 06/04/2017 - L'organisation séparatiste basque espagnole ETA, qui a annoncé son "désarmement total" pour demain samedi, "a remis les armes à la société civile" et "elles sont sur le sol français", a indiqué vendredi matin à l'AFP le militant écologiste basque français "Txetx" Etcheverry.

Il a ainsi confirmé une déclaration d'ETA adressée dans la nuit de jeudi à vendredi  à la radio-télévision britannique BBC.

"Depuis l'an dernier nous avons la responsablité politique et technique du désarmement d'ETA, c'est chose faite", a ajouté celui qui se présente comme "un artisan de la paix", sans préciser les "modalités" de ce désarmement, qui "doivent rester confidentielles", ni "le devenir de l'arsenal" d'armes et d'explosifs. D'après des experts de la lutte anti-terroriste, cet arsenal comprend environ 130 armes de poing et deux tonnes d'explosifs.  

"A partir de demain des experts vont procéder à une série de vérifications," s'est-il borné à déclarer, faisant ainsi allusion aux membres de la Commission internationale de vérification, une structure non-reconnue par Madrid et Paris, qui oeuvre pour la fin du conflit au Pays Basque et comprend notamment un ancien secrétaire général d'Interpol, le Britannique Raymond Kendall.

Dans cette perspective, les services de police et de gendarmerie, ainsi que des spécialistes du déminage, sous l'autorité du parquet anti-terroriste à Paris, compétent en la matière, sont mobilisés au Pays Basque français et "prêts à intervenir", indique-t-on de sources proches du dossier.

Si le gouvernement français est resté "sourd aux demandes à participer au désarmement d'ETA", "Txetx" Etcheverry,  responsable du mouvement écologiste basque français Bizi!, estime que le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, avait montré plus de "souplesse" que son prédécesseur, Manuel Valls, vis-à-vis du désarmement en déclarant le 20 mars: "On est dans un Etat de droit, donc si on veut restituer des armes, il n'y a rien de plus facile: il faut les restituer dans le respect rigoureux des règles de l'Etat de droit".

"Txetx" Etcheverry a indiqué que "de nombreux parlementaires du Pays Basque nord et sud seront présents samedi à Bayonne" pour la "Journée du désarmement" sur le thème "Nous sommes toutes et tous des artisans de la paix", un rassemblement auquel sont attendus plusieurs milliers de participants. Des personnalités comme José Bové, député européen EELV, et l'avocat Jean-Pierre Mignard seront aussi présentes. "La venue de Jean-Pierre Mignard est très importante, car il est proche de François Hollande", a-t-il souligné.

Toutefois, selon lui, "le désarmement, ce n'est pas la paix: Il faut que les gouvernements français et espagnols aident à résoudre toutes les conséquences du conflit, à réparer le mal fait à toutes les victimes, à régler la question des prisonniers et des exilés afin de poser les bases d'un nouveau vivre ensemble en Pays Basque".

ETA (Euskadi Ta Askatasuna, Pays Basque et Liberté), née en 1959 dans la lutte contre le franquisme, a renoncé en octobre 2011 à la lutte armée, après plus de 40 ans de violences au nom de l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre et 829 morts attribués au mouvement clandestin. Mais ETA refusait son désarmement et sa dissolution exigés par Madrid et Paris, réclamant une négociation sur ses membres détenus (environ 360, dont 75 en France et une centaine purgeant des peines de plus de dix ans de prison).


Rédigé par RB le Vendredi 7 Avril 2017 à 03:04 | Lu 413 fois