Des vols pour se payer du “bon temps”


Tahiti, le 13 septembre 2023 – Le tribunal correctionnel a condamné, mardi, un couple poursuivi pour avoir falsifié des chèques pour un préjudice évalué à 640 000 francs. L'homme et la femme avaient notamment utilisé l'argent pour se payer des séjours dans de luxueux hôtels de Tahiti. 
 
Un homme de 38 ans, détenu dans le cadre d'une affaire de vols, a été jugé par le tribunal correctionnel, mardi, en l'absence de son ex-compagne qui était également poursuivie. Il leur était reproché d'avoir volé des chéquiers, ainsi qu'une pièce d'identité qu'ils avaient falsifiée. L'affaire avait éclaté durant la soirée du 23 janvier 2019 lorsque les gendarmes avaient dû intervenir pour des violences conjugales dans l'hôtel où le couple venait de passer deux nuits. Il était alors apparu que l'homme et la femme avaient payé les nuitées avec un chèque falsifié à l'appui d'une pièce d'identité, elle aussi falsifiée. 
 
L'enquête avait permis d'établir que les deux comparses avaient commis deux vols. Le 18 décembre 2019, ils avaient subtilisé le sac d'une femme dans sa voiture et avaient ainsi récupéré son chéquier et sa carte d'identité sur laquelle ils avaient apposé la photo de la prévenue. Un mois plus tard, ils avaient cette fois volé le chéquier d'un employé de magasin qui l'avait laissé sur son bureau. Avec ces chèques, le couple avait, tel que l'a relevé le président du tribunal correctionnel mardi, décidé de se “payer du bon temps”. L'homme et la femme avaient en effet passé plusieurs nuits dans les hôtels les plus luxueux que l'on puisse trouver à Tahiti. Ils s'étaient également acheté du matériel audiovisuel dans une grande surface, des vêtements ainsi que de la nourriture. 
 
Multirécidiviste
 
Seul à comparaître devant le tribunal mardi puisque son ex-compagne – placée sous contrôle judiciaire – ne s'est pas présentée à sa convocation, le prévenu a reconnu les faits en toute simplicité. Déjà condamné à 13 reprises pour des vols, des violences, une escroquerie, des blessures involontaires ainsi qu'une extorsion sur fond de trafic de stupéfiants, le trentenaire visiblement habitué des tribunaux a concédé que ce qu'il avait fait n'était “pas bien” et qu'il faudrait peut-être qu'il “arrête”. Lorsque que le président du tribunal lui a fait remarquer qu'il commettait des actes de délinquance depuis une vingtaine d'années, le prévenu a répondu qu'il pensait “aller à l'église” et “demander pardon” aux victimes. Alors qu'il était également poursuivi pour avoir battu son ex-compagne à deux reprises, il a tenté de minimiser les faits en expliquant notamment qu'elle s'était “frappée” toute seule. 
 
Après avoir rappelé que les faits ont été reconnus par le prévenu dès le début de l'enquête, le procureur de la République a évoqué une “délinquance astucieuse” destinée à “alimenter un certain train de vie”. Concernant le prévenu, il a ensuite assuré que ce dernier, bien qu'“averti depuis très longtemps sur les risques pénaux encourus”, avait “poursuivi dans la même voie”. Au regard de “l'ampleur du préjudice”, des “multiples infractions commises” et des “multiples victimes”, il a requis deux ans de prison ferme assortis d'un mandat de dépôt à l'encontre du trentenaire. Six mois de prison avec sursis ont été requis contre son ex-compagne. 

Un suivi nécessaire
 
Face au profil judiciaire plutôt négatif de son client, Me Sylvain Fromaigeat a dénoncé le fait que ce dernier n'avait jamais, lors de ses dernières condamnations, bénéficié de “mesures de suivi”. Il a ainsi conclu qu'il était “indispensable” que le multirécidiviste, qui souhaite suivre une formation de brancardier, soit accompagné et dispose d'un “cadre” lorsqu'il sortira de prison. 
 
Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a condamné l'intéressé à 18 mois de prison dont six avec sursis. Une peine assortie d'un mandat de dépôt. Son ex-concubine a quant à elle écopé de six mois de prison avec sursis tel que requis par le parquet. 

 
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 13 Septembre 2023 à 07:00 | Lu 5428 fois