Des végétaux tissés pour remplacer le plastique


Grâce à cette machine, Jean-Baptiste Tavanae souhaite expérimenter une nouvelle technique de paillage naturel (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 9 octobre 2024 – Agriculteur bio à Papeari, Jean-Baptiste Tavanae a acquis un nouvel outil avec lequel il compte réaliser ses propres rouleaux de paillage en vétiver, plante aux multiples vertus. “Quand on sait le volume de déchets que les films en plastique génèrent, il faut changer les pratiques”, encourage le jeune entrepreneur. Une initiative parmi d’autres à découvrir lors des journées portes ouvertes des fa’a’apu bio, du 19 au 20 octobre, à Tahiti.

 
Jean-Baptiste Tavanae cultive des produits vivriers et maraîchers en agriculture biologique sur 16 hectares, à Papeari. À 36 ans, il multiplie les initiatives pour développer sa production tout en veillant au respect de l’environnement.
 
S’il fabrique son propre compost depuis deux ans, il s’est récemment mis en quête d’une alternative aux films en plastique, utilisés pour couvrir les sols. “Quand on sait le volume de déchets que ça génère, il faut changer les pratiques. Et en tant qu’agriculteur bio, il faut montrer l’exemple”, estime Jean-Baptiste Tavanae. “J’ai commencé par planter des haies de vétiver pour fixer l’azote dans le sol, et aussi protéger les cultures du vent et des nuisibles, comme les mouches blanches et les limaces. Puis je me suis mis à utiliser les tiges en paillage direct. Le souci, c’est que ça s’éparpille avec le vent.”
 
Contre toute attente, c’est en se tournant vers l’artisanat que l’agriculteur a trouvé sa solution. “Ma belle-sœur cherchait une machine pour tisser des paniers, et en regardant des vidéos sur internet, on est tombé sur une machine professionnelle agricole qui permet de tisser des végétaux”, s’amuse Jean-Baptiste Tavanae, qui s’est renseigné auprès de son fournisseur pour acquérir l’outil en question.
 

Une haie de vétiver entre deux rangées de tomates et de courgettes.

Expérimentation en cours


Importé du Japon, cette machine aux allures de métier à tisser rustique fonctionne à l’électricité. À terme, le projet serait de l’alimenter par des panneaux solaires. Mais dans l’immédiat, il s’agit surtout de la prendre en main. “C’est simple à utiliser : il faut juste faire le bon réglage au niveau de l’épaisseur, selon les besoins des cultures. On prépare le sol, puis on déroule le paillage sur toute la longueur. Quand on plante, il se perce facilement pour laisser passer la plante”, explique l’agriculteur.
 
À la différence des palmes de cocotier ou des feuilles de bananier, la croissance rapide du vétiver en fait un allié idéal pour débuter l’expérimentation, associé à des cordes biodégradables. Préserver l’humidité dans le sol et empêcher la pousse de mauvaises herbes, tels sont les objectifs du paillage. Lorsqu’il est naturel, il a un atout en plus : il alimente le sol grâce à la matière en décomposition. En sachant que les rouleaux sont réutilisables pour les cultures de courte durée.
 
Si Jean-Baptiste Tavanae espère inspirer d’autres agriculteurs, il est aussi prêt à partager avec le grand public. Fidèle au rendez-vous des journées portes ouvertes du SPG Bio Fetia, il présentera prochainement sa machine à tisser et d’autres techniques sur son exploitation, à l’image de plusieurs producteurs de Tahiti et des îles.
 

Infos pratiques

Journées portes ouvertes des fa’a’apu bio, samedi 19 et dimanche 20 octobre à Tahiti, samedi 26 et dimanche 27 octobre à Raiatea, et samedi 9 et dimanche 10 novembre à Taha’a. Plus d’infos sur la page Facebook “SPG Bio Fetia”.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 9 Octobre 2024 à 19:05 | Lu 3340 fois