Des traces de pollution autour du navire chinois échoué à Arutua


L'équipe du Pays dépêchée sur l'atoll a notamment constaté une zone du récif noircie longue de plusieurs dizaines de mètres.
Tahiti, le 22 avril 2020 - Selon une enquête menée par le Pays, des fuites d'hydrocarbures ont été constatées autour du navire de pêche chinois qui s'est échoué le 21 mars sur le récif de Arutua.

Depuis le 21 mars le Shen Gang Shun 1, navire de pêche chinois, est échoué sur le récif ouest de l'atoll de Arutua aux Tuamotu, avec à son bord 250 tonnes de carburants et plus de 70 tonnes de poissons, prises et appâts compris. Jean-Christophe Bouissou, ministre en charge des Transports interinsulaires, et Heremoana Maamaatuaiahutapu, ministre de l'Environnement, ont fait un point mercredi sur la situation du navire. 

Devant le manque d'information, le Pays a diligenté une mission d’expertise, avec une équipe qui s’est rendue sur place le 18 avril dernier avec six personnes : un agent de la direction de l’environnement (Diren) équipé d’un drone, deux plongeurs, un ingénieur et un technicien spécialisé d’une société privée ainsi qu’un expert d’une autre société privée mandatée –et qui agit déjà sur le démantèlement du thonier échoué à Marutea Nord.

L’équipe a ainsi pu constater que le navire est stable, totalement posé sur le récif entre deux failles. Le talon du navire est posé sur le récif et une fissure a été constatée. Du carburant s’en est très vraisemblablement échappé. Une forte odeur de carburant se fait sentir à 150 mètres autour du bateau. Cinq prélèvements d’eau de mer ont été effectués à différents endroits autour du navire, et doivent à présent être analysés.

Une zone du récif noircie

Le drone a par ailleurs permis de constater qu’il y a une zone du récif noircie longue de plusieurs dizaines de mètres. "Il n’est pas possible en l’état de dire si ces constatations résultent de l’échouement et sont un effet direct d’une pollution ou de la prolifération d’algues brunes sur le platier sous l’effet du choc", a expliqué Jean-Christophe Bouissou. 

Désormais, la priorité pour le Pays est de limiter la pollution de la zone, en dépêchant le plus rapidement possible sur place les moyens nécessaires pour le pompage des cuves du navires. “La première étape serait la mise en place d’un barrage filtrant pour limiter la pollution du lagon. Cette première étape, sous réserve de la disponibilité des barrages flottants, pourrait être installée en deux jours et nécessiterait 48 à 72 heures de préparation”, a indiqué le ministre des Transports interinsulaires. 

La deuxième étape consistera ensuite à l’extraction de la cargaison de poissons en putréfaction ainsi que les matières dangereuses et polluantes (bonbonnes de fréon, piles, batteries et peinture). Les experts estiment entre trois et quatre semaines le délai nécessaire pour monter l’opération et la déployer sur place. Une fois opérationnelle, ils estiment qu’il faudra entre trois et quatre semaines pour extraire la cargaison. Et la troisième étape portera sur l’extraction des 250 tonnes carburant. 

A noter que le Pays a engagé des procédures en justice contre la société qui exploite le navire. Une plainte a notamment été déposée le 16 avril pour pollution des eaux territoriales et également pour détention d'espèces protégées. La présence de chair et d’ailerons de requin a notamment été constatée dans la cargaison. 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Désiré Teivao le Mercredi 22 Avril 2020 à 17:31 | Lu 10917 fois